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Journal d'école
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14 mai 2005

Le bac, puis la prison

A L***, la justice ne juge pas, elle cogne.

Le tribunal correctionnel de L*** vient de condamner en comparution immédiate – la justice d’abattage – un lycéen et un jeune apprenti à 12 mois de prison, dont, respectivement 8 mois et 6 mois avec sursis, pour « trafic de stupéfiant » ; comprenez qu’ils ont vendu et acheté un peu de cannabis. Le sursis leur a été partiellement accordé « pour leur permettre de passer leurs examens de fin d’année » (Ouest-France, 12/05/05), après quoi ils seront jetés en prison. Plus cynique que cette décision, on ne trouvera pas.

Deux jeunes vont se retrouver pour de longs mois dans une sinistre maison d’arrêt – celle de L***, où aujourd’hui, plus de 160 détenus s’entassent dans des conditions inhumaines sur 80 places – au contact de délinquants endurcis. Ils en ressortiront durablement et peut-être définitivement brisés ; ils ne sont pas des délinquants, ils risquent fort de le devenir. Est-ce ainsi qu’on éduque ? Croit-on que ces jeunes, qui n’ont pas commis d’autre crime que de se tromper de drogue – s’ils avaient choisi l’alcool, comme des dizaines de millions de bons Français, ils ne seraient jamais passés devant le tribunal... – puissent préparer sérieusement l’avenir dans un milieu aussi déstructurant, aussi désespérant que la prison ?

La société, le « peuple français », puisque c’est – paraît-il – en son nom qu’on rend la justice, se sentent-ils réellement plus en sécurité parce qu’un tribunal a fait du fumeur de joint sa cible favorite ?

Plus fondamentalement, il est inadmissible que, sur un thème touchant aussi étroitement à l’éducation, on n’entende plus aujourd’hui la voix des psychologues, des médecins, des travailleurs sociaux, des éducateurs et des enseignants mais, quasi exclusivement, celle des policiers, des gendarmes, des gardiens de prison et des magistrats...et aussi, semble-t-il, celle des hommes politiques au pouvoir, qui ont trouvé là une occasion facile de complaire à certains électeurs. Il suffit de voir le battage grotesque et surréaliste auquel ces politiciens se livrent depuis quelques années sur ce thème, alors que dans le même temps, ils font carpette devant le lobby de l’alcool, pour se rendre compte que le cannabis, c’est tout ce qui reste à l’UMP pour espérer remporter les prochaines élections. Ca risque quand même d’être un peu juste.

Policiers et magistrats, tristes pantins qui se sont mués, par inconscience ou complaisance,  en agents électoraux d’un parti politique, ne sont plus au service de la société – on rigole : l’ont-ils déjà été ? – , ils ont perdu toute légitimité.

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