Rafle du Vel' d'Hiv' : détournement de mémoire
63e anniversaire de la rafle du Vel’ d’Hiv'.
Aujourd’hui, de Villepin appelle – sans rire – au « devoir de mémoire ». Ma mémoire à moi me rappelle que la rafle de 1942 était le fait de la police française, des autorités françaises, sous le regard complaisant des populations françaises ; que cette rafle avait été préparée, de longue date, par le fichage systématique mené par les préfets de la république.
Aujourd’hui, la police française, les autorités françaises, les préfets de la république sont à l’œuvre contre les immigrés, les sans-papiers : fichage, harcèlement, rafles, camps d’internement, centres de rétention, expulsions brutales, injures racistes. Des milliers de gens traités comme des bêtes, sous les applaudissements du bon peuple de France, héritier des « héros » de la Résistance. Et, Sarkozy de surenchérir : la chasse aux immigrés comme argument électoral. Il peut être sûr de lui, Sarkozy, une large majorité de l’opinion étant d’avis qu’il y a trop d’étrangers en France, comme on pensait, autrefois, qu’il y avait trop de Juifs en France.
Certes, l’histoire ne se reproduit jamais deux fois à l’identique et, si Sarkozy n’est pas Hitler, on aurait tort d’oublier que la shoah n’est pas imputable au seul Hitler : il y eut le donneur d’ordres, les dociles artisans et des millions de braves gens qui avaient autre chose à penser, autre chose à voir, également. Un petit peu, quand même, comme aujourd’hui.
Certes, l’histoire ne se reproduit jamais deux fois mais moi, ce qui me dérange, c’est de voir un pays commémorer la rafle du Vel’ d’Hiv’ ou la fin du nazisme, alors que dans le même temps, ce pays s’acharne sur des individus dont le seul crime est d’être des étrangers. Il y a là comme un détournement de mémoire ; un peuple aussi prompt à commémorer doit avoir mauvaise conscience, ou quelque chose à cacher.