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Journal d'école
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26 juillet 2005

Un tract contre la Marseillaise

Vallini, le député social-nationaliste de l’Isère, insiste : il vient d’écrire à de Robien pour exiger que l’on chante la Marseillaise tous les lundis matins dans les écoles primaires. Le texte ci-dessous est une réponse aux fantasmes de nos politiciens. On peut (on doit) l’imprimer, le photocopier, le polycopier, le distribuer autant qu’on peut, en visant tout spécialement les milieux éducatifs et les parents. S’il faut une signature, on peut très bien donner mon nom – Lubin, enseignant – et l’adresse du blog.

Marseillaise à l’école ? Non merci !

« Qu’un sang impur abreuve nos sillons (...). Quoi ! Ces cohortes étrangères feraient la loi dans nos foyers ! (...) Tout est soldat pour vous combattre. S’ils tombent, nos jeunes héros, la terre en produit de nouveaux (...). »

En incluant la Marseillaise dans les apprentissages obligatoires de l’école primaire, le gouvernement donne une vision plutôt inquiétante de la formation civique des jeunes, contraire à ce que l’on est en droit d’attendre de l’éducation.

Il ne tient pas compte des réticences, de l’hostilité de nombreux parents qui ne se reconnaissent pas dans la rhétorique brutale et guerrière de l’hymne national et qui, jusqu’à plus ample informé, restent les premiers responsables de l’éducation de leurs enfants.

La Marseillaise, par la violence et le fanatisme de ses paroles, est en parfaite opposition avec les valeurs de tolérance, de non-violence, de respect des autres, d’ esprit critique, valeurs qui demeurent les fondements de l’éducation et que les enseignants s’évertuent à transmettre à leurs élèves.

On ne peut accepter que, dans un monde où la guerre fait des ravages, chez nous, dans nos écoles, la guerre soit magnifiée par de tout jeunes enfants à qui les programmes scolaires feraient chanter « Aux armes, citoyens », oubliant ainsi les milliers d’enfants qui meurent à cause des armes.

On ne peut accepter, à une époque où le racisme, la xénophobie, le rejet de l’autre constituent une lourde menace pour la vie en société, que l’intégration d’un jeune ne puisse se réaliser que dans une entité nationale qui s’érige sur la distinction entre sang pur et « sang impur » et qui exigerait de ses enfants qu’ils apprennent à verser le « sang impur ». Le rôle de l’école est d’ouvrir sur le monde, non de dresser des barrières artificielles entre les individus.

On ne peut que déplorer que, sur un sujet qui touche au libre-arbitre, à la morale personnelle, le gouvernement ait choisi d’imposer à chacun par la force, de façon règlementaire, une croyance partisane, une sorte de  dogme révélé qu’on ne soumet jamais à la discussion, bafouant ainsi la plus élémentaire des libertés de conscience. Ce faisant, la Marseillaise est contraire au principe fondateur de la république. Son apprentissage obligatoire s’assimile à un bourrage de crâne.

En démocratie, lorsqu’une loi, un règlement heurtent aussi brutalement ceux à qui ils s’adressent, ils perdent toute légitimité. Il est même parfaitement légitime d’y désobéir.

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Commentaires
C
Je suis assistant social. Nous autres, fonctionnaires, on a le plus beau métier du monde : on nous file des directives, et on les applique pas.<br /> C'est quand même super.
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T
en une remarque vous avez résumé tout l'intérêt d'un VRAI COURS d'Histoire autour de la Marseillaise. Une fois n'est pas coutume j'applaudis des deux mains. (Au fait, c'est nouveau que Loffi prennent 2 F ?)<br /> <br /> voilà qui change du nihilisme démago de Lubin qui aurait sans doute préféré qu'il n'y eut pas de résistants dans le Vercors ou sur la place tien an men. <br /> Quant au "si tant est qu'un enfant de CE2 puisse comprendre quelque chose à un charabia pareil ("contre nous de la tyrannie, l'étendard sanglant est levé" !!!).", il est vrai que si le môme a appris à lire et à penser avec les méthodes de vos modèles, Lubin, le mot tyrannie est déjà trop compliqué qu'il ne voit même pas celle que l'ignorance encouragée exerce sur lui.<br /> <br /> Mais vous savez, pas sûr non plus qu'il comprenne certains textes contemporains écrits avec les genoux. Par exemple qu'il puisse comprendre dans la parole de NTM : "beaucoup plus bonne que la plus bonne de tes copines" que "bonne" signifie ici "belle" et qu'il n'est pas judicieux de remplacer "plus bonne" par "meilleure".
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L
...dipsosé à laissER faire...Je fatigue, je vais me coucher.
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L
La réaction d'A-C est parfaitement judicieuse : faire savoir qu'on n'est pas d'accord et désobéir. L'éducation morale est d'abord du ressort des parents ; si ce n'est plus le cas, c'est un autre type de société qui se profile.<br /> Conseil pratique : faites avoir à l'instit de votre fils que l'obligation de la Marseillaise telle qu'elle est libellée dans les programmes officiels n'implique pas de faire apprendre par coeur les paroles de la Marseillaise, encore moins de la faire chanter. Il peut simplement s'agir d'un simple cours d'histoire qui laisse place à une large critique...si tant est qu'un enfant de CE2 puisse comprendre quelque chose à un charabia pareil ("contre nous de la tyrannie, l'étendard sanglant est levé" !!!). Si l'instit insiste, c'est alors son choix personnel qu'il a l'obligation de justifier auprès des parents. N'hésitez pas à intervenir, sous forme d'un courrier, par exemple, auprès de l'inspection académique de votre département ; soyez certain que votre démarche ne passera pas inaperçue. Vous pouvez utiliser également le courrier des lecteurs de la presse locale. L'important est de faire du bruit, de montrer qu'on n'est pas disposé à laissé faire n'importe quoi. Vous pouvez également contacter d'autres parents : j'en connais plus d'un qui sont choqués d'entendre dans la bouche d'enfants de 8 ans :"qu'un sang impur abreuve nos sillons..."<br /> Merci pour votre intervention sur "Journal d'école". J'attends avec impatience le résultat de vos démarches.
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L
A-C<br /> On peut apprendre tout en ayant un regard critqiue sur ce qu'on apprend.<br /> <br /> Vous pouvez faire un exercice avec votre fils (je l'ai souvent fait avec mes élèves):<br /> lui faire repérer<br /> - les mots de la marseillaise à reler à l'idée de liberté <br /> - le vocabulaire au contraire guerrier.<br /> <br /> La discussion qui peut s'en suivre l'amènera à lui faire comprendre que c'est bien un chant de guerre à l'origine (d'où le débat que son choix comme hymne peut engendrer) mais aussi pourquoi il a souvent été perçu par la suite comme un symbole de liberté (chanté par les résistants pendant la 2ème GM, par les étudiants sur la place Tien an Men en 1989 ...)<br /> <br /> Il pourra ainsi faire son choix.<br /> pa se bourrage de crâne dans ce cas mais un apprentissage de l'esprit critique.<br /> <br /> Vous pouvez éventuellement le suggérer à son instituteur.
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