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Journal d'école
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24 septembre 2005

Le mauvais élève et le gentil docteur

Parents, attention ! Votre enfant a séché un cours l’année dernière ? Votre enfant a encore fait cinq fautes à sa dictée ? Votre enfant ne connaît pas ses tables de multiplication ?  Votre enfant est timide ? Ou, au contraire, il s’est mis en colère ? Tremblez, parents, votre enfant est un futur délinquant. La solution : le dépistage dès l’âge de trois ans par le corps médical qui, à l’aide d’une petite piqure ou de la pilule bien choisie, saura remettre le futur criminel dans le droit chemin. En attendant – au rythme où nous allons, ça viendra – le dépistage in utero du gène de l'orthographe ou du calcul mental, de l’école buissonnière, de la timidité ou de la colère. Voilà, en gros, les conclusions du dernier rapport de l’Inserm, consacré à cette nouvelle maladie infantile : le « trouble de conduite ».

On pourrait rigoler devant l’incompétence ou l’inanité des prétendus « experts » qui ont pondu ce rapport, si derrière l’énormité des propos ne se cachait en réalité un travail de sape mené depuis plusieurs années, à des échelons divers,  non seulement contre le système scolaire mais surtout contre toute pensée éducative. C’est à vrai dire bien pratique : lorsqu’un enfant de 7 ans, incapable de se tenir assis sans bouger de 8h 30 le matin à 16h 30 le soir, manifeste son impatience ou son énervement, un diagnostic d’hyperactivité et le petit comprimé ad hoc dispenseront le ministère de l’Education nationale – et les profs... – de réfléchir à une remise en cause des rythmes scolaires ou des méthodes pédagogiques. Derrière ce rapport, on retrouve toute une école de pensée nord-américaine, celle qui influence le gouvernement Bush, hostile à la psychologie et qui vise à dépister dès la naissance des populations considérées comme « à risques », niant par la même le rôle du contexte social comme élément explicatif de la déviance. On voit d’ici tous les profits que l’industrie pharmaceutique peut espérer retirer de cette façon de voir la vie en société.

En France, cette médicalisation des questions éducatives surfe sur la même logique que celle qu’on a vue à l’œuvre dans le rapport Bénisti : vous vous souvenez de ce brave parlementaire qui, il y a quelques mois, prétendait également traquer le futur délinquant dès le berceau, surtout dans les milieux où la mère parle un « patois arabe » ?

La médecine au service d’une idéologie politique, ce n’est pas nouveau, me direz-vous : depuis la classification des races humaines jusqu’aux psychiatres de l’ère Brejnev, en  passant par le Dr Mengele sans oublier tous les jours sous nos yeux, les stérilisations forcées en Asie, la pensée dite « scientifique » n’a jamais été à court d’idées, encore moins de scrupules, pour se mettre au service d’une idéologie totalitaire.

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