Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Journal d'école
Publicité
Archives
30 septembre 2005

La pédagogie plutôt que l'armée

L'actualité étant ce qu'elle est on fait remonter ici un texte déjà posté dans "Journal d'école" le 22 juillet dernier.

Dernière lubie du pouvoir pour tenter de remédier au chômage des jeunes : le service militaire adapté (SMA). Des volontaires de 18 à 21 ans recevraient donc dans des casernes désaffectées une formation débouchant sur un emploi. On rêve !

Tout cela serait assuré par d’anciens militaires rémunérés (leur retraite ne leur suffit pas ?) mais aussi par des enseignants détachés de l’Education nationale : l’Education nationale, qui supprime à la rentrée 3000 postes d’enseignants dans le secondaire, trouve néanmoins le moyen de refiler des profs à l’armée. Le montant de ce projet s’élève à 480 millions d’euros par an, un « stagiaire » à lui tout seul coûtant 24 000 euros au contribuable ! Rien de moins. Il faut dire que l’armée, elle, ne manque pas de moyens : plus de 43 milliards d’euros pour la présente année, un budget en hausse constante depuis plusieurs années, alors que dans le même temps, tous les autres secteurs doivent se serrer la ceinture.

Au-delà de la prétention de l’armée d’assurer une fonction socio-éducative pour laquelle elle n’a ni compétence ni légitimité – éduquer un jeune, ce n’est quand même pas la même chose que lancer des missiles – il y a tout lieu de s’inquiéter de cette orientation qui se développe aujourd’hui, pour laquelle la remédiation à l’échec solaire ne pourrait se faire qu’en dehors de l’école, dans des structures, des institutions de type plus ou moins coercitif, voire carcéral (cf les centres « éducatifs » fermés ou ces mystérieux « internats urbains » qui font tant saliver Sarkozy), en feignant d’ignorer la dimension pédagogique de l’éducation. Lorsqu’on arrive à 18 ans, l’échec scolaire et social remonte à loin en arrière ; bien qu’il soit détecté le plus souvent dès l’école primaire, on constate que le système scolaire ne se donne par les moyens de le traiter à la source. Et pourtant, les solutions sont connues depuis longtemps : une pédagogie adaptée à l’élève, des contenus, des programmes scolaires renouvelés, un climat d’établissement fondé sur la confiance et la responsabilisation des jeunes sont les garants d’une scolarisation réussie.

La loi Fillon s’est refusée à une rénovation pédagogique dont l’Education nationale a pourtant grand besoin. L’intervention de l’armée comme ultime recours aux problèmes de la jeunesse relève de la supercherie la plus grossière. Les enseignants qui, massivement, semblent avoir cautionné l’immobilisme du ministre, se contentant de protester à la marge sur des questions mineures, devraient quand même se méfier : si un jour, dans ce pays, les jeunes devaient être mis au pas, le tour des profs viendrait sans doute peu après, comme pour le reste de la société.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité