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Journal d'école
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13 octobre 2005

Les ânes et les sept hélicos

Plusieurs dizaines de milliers de morts, on ne sait trop combien – mais on ne va quand même pas chipoter sur des détails – dans le dernier séisme au Pakistan. Et d’ailleurs, l’opinion publique a déjà tourné la page ; il faut dire qu’entre les tsunamis, les cyclones, les tremblements de terre, les famines, les guerres, elle ne sait plus où donner de la tête, l’opinion publique et, pour parler franc, elle s’en fout un peu. Tant que ça se passe aussi loin, n’est-ce pas, à quoi bon s’inquiéter ? Nous autres, en France, nous vivons en sécurité ; enfin, disons que la police est omniprésente et que Sarkozy continue à plastronner devant les télés. On a bien eu un peu peur, ces derniers jours, à la vue de ces hordes de sauvages déferlant sur l’Europe par le détroit de Gibraltar mais les Marocains ont su tenir le rôle que l’on attendait d’eux : des Arabes massacrant des Noirs pour protéger l’Europe des Blancs, c’est à ce genre de situation que l’on voit que le colonialisme est toujours bien vivace dans les têtes.

Pour revenir au Pakistan, Libération (12/10) raconte comment les sauveteurs doivent avoir recours à des ânes pour tenter d’acheminer du secours vers les montagnes sinistrées. Seulement sept hélicoptères sont sur les lieux et encore ne peuvent-ils pas voler la nuit. Sept hélicoptères alors que l’armée pakistanaise en possède plusieurs centaines, plusieurs centaines d’avions militaires également ainsi que des milliers d’engins de transport terrestre, sans compter 600 000 soldats, sans compter, non plus les 6% du PIB dévorés par le budget militaire. Mais où sont-ils donc passés ces hélicos, ces engins, ces soldats ? Pas bien loin, à vrai dire, postés au Cachemire pour protéger la frontière de l’ennemi indien. Car, comme le dit à Libé ce brigadier responsable des opérations de secours : « la priorité, c’est le Cachemire ». Des dizaines de milliers de morts, des dizaines de milliers de blessés, des millions de sans-abris, mais la priorité, n’est-ce pas, c’est la frontière du Cachemire. Une frontière, comme chacun sait, c'est sacré.

Entre la guerre et la vie, il faut choisir : tant que le monde continuera de gaspiller mille milliards de dollars chaque année en dépenses militaires, les séismes, les tsunamis, les cyclones, les famines auront encore de beaux jours devant eux. Dans ces conditions, verser une larme sur les victimes, ça fait franchement faux-cul.

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