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Journal d'école
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21 novembre 2005

Brûler pour brûlés

Brûler une voiture, c’est grave n’est-ce pas, c’est un délit qui vous conduit en prison pour plusieurs mois.  Laisser brûler un être humain, ce n’est pas grave, ce n’est pas un délit, c’est juste le résultat du refus de certains élus d’appliquer la loi du 13 décembre 2000 imposant aux communes de plus de 3500 habitants un seuil de 20% de logements locatifs sociaux sous peine de sanctions financières. Si la loi était appliquée, 900 000 personnes trouveraient à se loger convenablement (La Croix, 16/11/2005) et les dizaines de personnes – majoritairement des enfants – disparues dans l’incendie de leur taudis parisien au cours des derniers mois seraient toujours en vie. Plusieurs dizaines de morts à cause d’élus davantage soucieux de leur carrière politique que de l’intérêt général.

Dans la liste des « 15 villes cancres du logement social » publiée par la Vie avec la Fondation Abbé-Pierre, on trouve dix municipalités UMP, une UDF, deux divers droite : Neuilly (c’est la ville de qui, déjà ?), avec 1,34% de logements sociaux, Le Raincy, 3,91%. Le Raincy, la ville de Raoult, bouffissure à écharpe tricolore, qui se déchaîne sans retenue devant micros et caméras contre les hors-la-loi qui brûlent les voitures, sans doute pour mieux faire oublier sa responsabilité et celle de ses copains dans la mort de tous les pauvres gens qui n’ont pas trouvé à se loger dignement. Six mois de prison pour une voiture incendiée, quatre ans pour un magasin parti en fumée, à ce tarif, c’est perpète qu’ils méritent, eux, ces irresponsables politiques, pour tous les brûlés vifs, les asphyxiés – brûlés vifs, asphyxiés, parce qu’on ne voulait pas d’eux au Raincy, à Neuilly ou ailleurs. Et même, pendant qu'on y est, la peine de mort pour Raoult qui en est un fervent partisan, au point d'avoir déposé devant l'Assemblée nationale une proposition de loi visant à la rétablir.

On n’épiloguera pas sur l’opinion publique, ou ce qu’on désigne communément comme telle, dont on nous dit qu’elle approuve très majoritairement la politique qui permet de pareils errements, une opinion publique qui accorde davantage de prix à une bagnole qu’à la vie d’un homme ou d’un enfant. Il est vrai que cet homme, cet enfant, ont presque toujours la peau noire ; ils n’avaient qu’à rester chez eux aussi.

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