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Journal d'école
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18 janvier 2006

Les hussards noirs de Sarkozy

Dans Libé (18/01/06), Emmanuel Davidenkoff déroule l’impressionnant catalogue des mesures décidées par de Robien depuis quelques semaines : apprentissage à 14 ans, policiers dans les établissements scolaires, note d’obéissance pour les collégiens, retour à des méthodes de lecture éculées, bivalence des profs, suppression des postes d’enseignants etc, mesures dont on a déjà dit ici où elles prenaient leur source d’inspiration (« Quand l’école fait le lit de l’extrême-droite », Journal d’école, 05/01/06 ). Décidées dans le secret de son cabinet, sans concertation avec qui que ce soit, avant d’être présentées sur les plateaux de télés. Déni de démocratie. Faut-il seulement rappeler qu’il y a deux ans à peine, un million d’intervenants participaient au débat sur l’avenir de l’école, qui s’était conclu par la remise d’un rapport (le rapport Thélot), censé poser les bases du système scolaire pour une bonne dizaine d’années, rapport superbement ignoré par les ministres successifs, comme sont ignorées des tonnes de rapports sur l’apprentissage de la lecture, la violence à l’école etc, dont de Robien prend comme à plaisir le contrepied. En parfait démago, de Robien (Libé, du même jour) ironise sur la nécessité de « commander un nouveau rapport, puis un rapport sur le rapport ». Et si, simplement, en tant que ministre responsable, il se contentait de lire les rapports déjà existants et de respecter leurs auteurs ?

Ce n’est pas un hasard si le mimétisme entre la méthode de Robien et la méthode Sarkozy est flagrant (« De Robien à l’école de Sarkozy », Journal d’école, 05/01/06) : dans les deux cas, du vent, de l’agitation, de l’esbroufe, des mouvements du menton, tout cela à l’intention du JT de 20 heures avec comme objectif, non pas de trouver des solutions à tel ou tel problème scolaire mais d’amener l’électeur à bien voter. Comme les gesticulations policières de Sarkozy auraient réduit la délinquance et ramené l’ordre, les gesticulations de de Robien permettraient d’en finir avec l’échec scolaire. Et tant pis si à l’arrivée, on constate que la délinquance a augmenté sous Sarkozy, comme on constatera que l’échec scolaire s’est agravé parce qu’on ne s’est pas attaqué à ses racines.

Le plus affligeant en l’affaire reste quand même la formidable complicité d’une majorité d’enseignants face à une politique de mystification, les protestations s’exprimant à la marge, par l’intermédiaire le plus souvent des mouvements pédagogiques ou de quelques isolés (« L’imagination en grève », Journal d’école, 26/11/05). Nombre d’enseignants, au fond d’eux-mêmes, sans l’avouer ouvertement, véritables faux culs-laïques, ne sont pas mécontents de voir un ministre les débarrasser de ces « gêneurs », de ces « fainéants », de tous ceux qui « ne sont pas faits pour l’école » et de leur permettre de ronronner jsuqu’à la retraite devant des classes passives et soumises. Et comme les flics ont été depuis bientôt quatre ans les premiers agents électoraux de Sarkozy, on peut dire que les enseignants viennent juste après... Les hussards noirs de Sarkozy, en quelque sorte.

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