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Journal d'école
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28 mars 2006

Ces jeunes qui n'ont plus le "sens civique"

Le 25 janvier 2006, une trentaine de députés UMP ont déposé une proposition de loi visant à créer un service national obligatoire pour les jeunes. L’exposé des motifs met en avant la nécessité de lutter contre « la tentation des communautarismes » – on sait, depuis la loi sur le voile, que la menace ainsi nommée désigne quasi exclusivement les jeunes de confession musulmane – et d’éviter que les jeunes « ne s’abîment dans un quotidien dénué de sens civique ». La liste des signataires donne tout son poids à cette préoccupation « civique » : on y trouve par exemple les noms d’Olivier Dassault, rejeton d’une illustre famille qui depuis depuis plus d’un demi-siècle, réussit avec succès à faire passer son intérêt sonnant et trébuchant pour celui de la France, d’Eric Raoult, maire d’une commune qui se signale par son refus obstiné d’appliquer la loi sur le logement social, ou encore de Benisti, qu’on ne présente plus depuis son inénarrable rapport sur la délinquance dans les maternelles. Autant d’estimables individus bien placés, on en conviendra, pour déplorer la perte du « sens civique » chez les jeunes. Ajoutons, pour faire bonne mesure, la présence, parmi les signataires, de 11 députés qui, en avril 2004, avaient déposé une proposition de loi tendant à rétablir la peine de mort. On voit quelles bonnes fées se penchent sur le berceau du service national. Le PS, jamais en reste dès lors qu’il s’agit de mettre les jeunes au garde-à-vous, n’entend d’ailleurs pas se laisser devancer sur ce thème par la droite : lors des premiers états généraux consacrés le 25 mars, à Bondy à « la République pour tous » (on ne rit pas), Hollande s’est fait l’ardent défenseur d’un service obligatoire de six mois « essentiel pour créer de la solidarité » (Le Monde, 27/03/06). Autrement dit, si, depuis un an qu’ils descendent dans la rue, les jeunes se font assidument matraquer, gazer par les flics, tabasser par des loubards venus d’on ne sait trop où, c’est bien de leur faute, c’est qu’ils ne sont pas suffisamment « solidaires ».

Pauvres socialistes, qui s’étonneront encore dans un an qu’on préfère partir en week-end à la mer les jours d’élection.

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