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Journal d'école
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5 juin 2006

Choisir entre l'école et sa carrière politique

Pour Royal, la solution aux désordres dans les établissements scolaires a le mérite de la simplicité : il suffit a-t-elle annoncé à Bondy, de « retirer des collèges les gamins qui y font la loi et qui pourrissent la totalité d’un établissement scolaire ». C’est simple, effectivement et ça risque de plaire à certains électeurs mais pour ce qui est de l’efficacité d’une telle mesure, c’est une autre histoire. Les enseignants savent bien que le problème essentiel auquel ils sont confrontés – au-delà des clichés sur les « incivilités » véhiculés par les médias – réside d’abord dans l’inattention des élèves, inattention qui peut dégénérer, suivant les circonstances et les moments de la journée, en bavardages, chahut, désordre. Cette inattention, on en connaît les raisons : une journée de travail ridiculement longue – les élèves français ont la plus longue journée de travail dans toute l’Europe – un calendrier scolaire déséquilibré (par exemple, cette année, dans la zone A, un premier trimestre de 15 semaines, un dernier trimestre de 7 à 8 semaines, entrecoupées de ponts), des programmes scolaires et des méthodes d’enseignement qu’on se refuse à remettre en cause et qui débouchent le plus souvent sur l’ennui. Rester assis à sa place sans bouger ni ouvrir la bouche pendant de longues heures, ramener du travail le soir à la maison alors qu’on est levé  depuis tôt le matin, devoir organiser son travail personnel en fonction de l’emploi du temps ou des convenances personnelles des profs, se faire rabrouer à tout propos, parce que, finalement, on ne sait plus comment s'en sortir, jamais les adultes n’accepteraient de subir la vie quotidienne qui est celle d’un collégien d’aujourd’hui. Les solutions sont connues depuis longtemps : la question des rythmes scolaires est débattue depuis plus d’un demi-siècle, celle de la formation des maîtres, inadaptée face au public scolaire d’aujourd’hui, également. Oui, mais pour mettre en œuvre les réformes indispensables, il faudrait avoir le courage de s’opposer aux différents lobbies qui règnent en maîtres autour de l’Education nationale : lobby du tourisme qui impose un calendrier scolaire contraire aux intérêts des enfants, lobby des différentes disciplines, s’arcboutant sur des programmes obsolètes, opposition virulente de certains syndicats (je ne dis pas tous les syndicats, je sais encore distinguer entre le Sgen et le Snes...) à toute remise en cause de leur façon de travailler, campagne de presse éhontée de toute une mouvance ultra-conservatrice (suivez mon regard...)crispée sur le passé. L’ennui, c’est que ces lobbies votent : aucun politique, jusqu’à ce jour, n’a eu le courage de risquer sa carrière en affrontant ouvertement des intérêts aussi puissants et redoutés. On préfère s’en prendre, assez lâchement, à vrai dire, à ces « gamins qui pourrissent un établissement scolaire » et les menacer d’enfermement. C’est plus facile, effectivement, ça peut rapporter gros en bulletins de vote mais ce n’est pas avec ce genre de pusillanimité qu’on résoudra les problèmes de l’école. C’est même tout le contraire : si l’on s’accorde à reconnaître que l’internat peut être efficace sous certaines conditions, lorsqu’il est choisi de plein gré par un jeune et sa famille, dans le cas contraire, il tourne rapidement à la catastrophe. La question scolaire n’est pas soluble dans le clientélisme.

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Commentaires
B
Allez donc déjà voir le livre de Pierre Merle : "l'élève humilié" pour une première approche.<br /> Et puis la maltraitance je la vois tous les jours ou presque (j'exagère car il y a aussi des enseignants respectueux de leurs élèves , qui ne les considèrent pas comme des lampes de chevet ou des objets).<br /> Elle est rarement physique(quoique!)elle est bien plus perfide et méprisante : nul , tu ne comprends vraiment rien , tu es là pour obéir et te taire , tu me feras 200 lignes , tu ne sortiras pas tant que tu n'auras pas fini , recommence tu n'as rien compris , on se demande ce que font de tels élèves à l'école...<br /> <br /> NB ; propos dits et entendus de mes propres yeux (!!)et le plus grave sans aucune retenue tant ils ont l'air de faire consensus chez la gent (l'agent) enseignante.<br /> J'apparais alors vraiment comme l'emmerdeur qui dérange mais qui ne connait pas ou plus la réalité des élèves et des classes et qui peut bien causer, on en a rien à foutre et que je ferai bien ce que veux quand tu seras parti et etc etc...
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L
M. peut-il (elle) préciser sa question ?
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M
Question à l'aimable attention de BP et Lubin :<br /> quels actes qualiferiez-vous de maltraitance à l'école? Est-il possible de hiérarchiser les maltraitances ?
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L
Il y a un réel problème qui touche au fonctionnement même de la démocratie : le thème de l'insécurité, du moins sous sa version policière, est pour une grande part, une création médiatique ; il en va de même de Sarkozy, qui, sans les médias, ne serait pas grand chose. Avec Royal, on suit le même chemin : elle n'a pu présenter son scandaleux projet l'autre jour à Bondy que parce qu'une partie de l'opinion - et, ce n'est pas une surprise, la plus âgée, la moins au courant des réalités scolaires - y a été préparée par un battage médiatique donnant de l'école une image fausse. Royal elle-même est une création médiatique, publicitaire, mise sur le marché comme une nouvelle lessive ou un nouveau déodorant. Son auto-proclamation à la candidature n'est possible que grâce à son omniprésence sur les télés, les radios etc. Les campagnes publicitaires remplacent le débat d'idées. L'ennui, c'est que Royal est tout bonnement en train de nous préparer un retour à la France de Vichy, ce qui ne serait sans doute pas pour déplaire à une société de retraités. Avec Royal, c'est le principe même d'éducation qui est en cause - peut être même davantage qu'avec Sarkozy qui me semble etre plus un opportuniste qu'un réel dogmatique, mais je peux me tromper - remettre en cause l'éducabilité d'un individu est le propre d'une idéologie fasciste et je cois, très sincèrement que Royal l'est. A partir de là, que doit-on faire, que peut-on faire ? BP évoque à juste titre la nécessité de résister ; dans le monde d'aujourd'hui, sauf à vouloir prendre les armes - ce n'est pas un pacifiste qui s'y lancera... - la désobéissance civile offre des perspectives ; elle est difficile à mettre en oeuvre dans les établissements scolaires parce que les enseignants, majoritairement, n'y sont pas culturellement préparés. On constate cependant que quelques courageux du RESF ont réussi à faire plier Sarkozy ; les apprenti(e)s -dictateur(trice)s ont ceci de remarquable qu'ils se dégonflent rapidement au premier obstacle venu. La menace sur l'école, c'est aussi une menace sur la démocratie, sur une société de liberté : et jamais la menace n'a été aussi forte qu'aujourd'hui.
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I
Un article ayant (peut-être) un rapport avec vos propos :<br /> http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3224,36-778972,0.html
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