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Journal d'école
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26 juin 2006

L'éducation nationale prépare les collégiens à la guerre

C’est à une bien  curieuse leçon de civisme qu’ont été soumis les collégiens de l’académie de Nantes, qui, aujourd’hui, passaient l’épreuve d’histoire-géo-éducation civique du Diplôme national du brevet. Sous le titre « la défense nationale et ses missions », plusieurs documents de propagande, émanant du ministère de la Défense, sont présentés aux élèves, sans que ces derniers puissent  échapper à l’idéologie qu’ils sous-tendent. « Quand la défense avance, la paix progresse », assène une affiche placardée un temps sur les murs et livrée sans distanciation, comme vérité indiscutable, sans possibilité de critique, à des jeunes de 14-15 ans. Est-on sûr que la paix progresse vraiment quand les parlementaires votent un budget militaire de 43 milliards  d’euros, alors que tant de besoins, tellement plus évidents, ne sont pas assurés ? Quand la France, second exportateur mondial d’armements, vend sa sinistre quincaillerie partout dans le monde, aux régimes les plus corrompus comme aux pays les plus pauvres, pour le seul intérêt du puissant lobby des marchands de missiles ? Quand elle continue d’entretenir et de développer une arme atomique qui prend en otage les populations innocentes ? Ou quand l’armée intervient brutalement contre des mouvements sociaux comme on vient de le voir dernièrement en Nouvelle-Calédonie ? Toutes ces interrogations, légitimes en démocratie, se voient interdire l’accès des établissements scolaires où, sur le sujet de la guerre, seule l’armée est autorisée à faire entendre sa voix. Le bourrage de crâne tient alors lieu de débat, la réflexion disparaît derrière la manipulation. Le rectorat d’académie, organisateur de cette épreuve semble ignorer, ou, à vrai dire, méprise superbement, les convictions, les sensibilités de familles qui cherchent à éduquer leurs enfants sur des valeurs de non-violence, de tolérance et de pacifisme. Les candidats au brevet seraient donc sanctionnés, punis pour avoir exprimé des opinions, une morale qui ne sont pas celles de l’administration académique ? Qu’est-ce donc que cette épreuve d’examen qui respecte aussi peu la plus élémentaire des libertés de conscience ?  On croyait, innocemment sans doute, que l’éducation civique avait pour fonction de former des citoyens éclairés, de développer le regard critique, d’aider à la construction d’un monde meilleur d’où la guerre et la violence seraient bannies. On se trompait : l’éducation civique en collège, ça sert, d’abord, à faire accepter sans réagir les guerres, celles d’aujourd’hui et de demain.

Je suis moi-même convoqué à la correction de cette épreuve le mercredi 28 juin. Je compte demander aux responsables un aménagement du barème qui tienne compte de la diversité des sensibilités sur le sujet : évoquer la guerre devant des collégiens, oui, mais à condition d’en débattre, ce que le libellé du sujet ne permet pas. En cas de refus, je n’accepterai pas de corriger cette épreuve. Des collègues d'histoire-géo sont-ils intéressés ?

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Commentaires
F
""J'ai un peu envie de te dire : la Marseillaise, on aime ou on aime pas, mais en tant que fonctionnaire de la République, on fait avec sinon on bosse ailleurs..." <br /> Ne raisonnez-vous pas un peu comme Eichmannn là ? ;)<br /> Posté par Niko, 29 juin 2006 à 10:37"<br /> <br /> Deuxième fil où je vous vois intervenir, et je vous trouve assez répugnant (malgré le "souriard" que vous croyez bon ajouter, ignorant probable que vous êtes que la langue française permet de faire passer l'ironie d'un texte sans ces petits symboles).<br /> <br /> Mais la vraie innovation des conversations électroniques est bien le point Godwin, que vous avez suffisamment mérité pour que l'on vous oublie derechef.<br /> http://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_de_Godwin<br /> <br /> Mais vous avez affirmé que vous n'étiez pas enseignant, j'espère...
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L
A toute époque, la France a dépensé des sommes considérables pour son armée, en pure perte. De Trafalgar au Rainbow Warrior, en passant par la ligne Maginot, on ne voit pas trop à quoi ça lui a servi. Les dépenses militaires mondiales, ponctionnement colossal sur la richesse, sont en elles-mêmes un facteur de tension entre les continents : 1118 milliards de dollars pour la seule année 2005, c'est autant de pris sur le bien-être des populations, sur le développement harmonieux de la planète.<br /> <br /> De toutes manières, la question posée par l'épreuve du brevet n'est pas de savoir qui a tort ou raison mais si oui ou non on peut en discuter en classe de 3e. La réponse est non : sur la paix et la guerre, seule l'armée est autorisée à communiquer avec les collégiens, son point de vue est le seul à avoir droit de cité dans les établissements scolaires.
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D
« Quand la défense avance, la paix progresse »<br /> <br /> Ben... ce n'est pas tout à fait faux. <br /> <br /> Les Suisses n'emmerdent personnent, mais il ne vaut mieux pas venir les emmerder chez eux. <br /> <br /> Leur défense était tellement redoutable que même Hitler n'a pas osé les intégrer, comme l'aurait voulu Karl Haushofer, dans le Raum.
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N
"En dehors de la Marseillaise, il reste quand même beaucoup de choses, dans l'histoire des hommes, qu'on peut enseigner aux élèves..." Il me semble légitime et important d'enseigner par qui cette chanson a été écrite, pourquoi et dans quel contexte. Il est légitime d'enseigner par qui elle a été chantée au travers de l'histoire - le sens qu'on lui donnait alors et celui que les gens lui accordent aujourd'hui (y compris dans une approche critique).<br /> <br /> Alors les enfants lui donneront le sens qu'ils voudront bien lui donner - lorsqu'ils seront en possession des éléments pour le faire.<br /> <br /> A+<br /> Niko
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N
"J'ai un peu envie de te dire : la Marseillaise, on aime ou on aime pas, mais en tant que fonctionnaire de la République, on fait avec sinon on bosse ailleurs..." Ne raisonnez-vous pas un peu comme Eichmannn là ? ;)<br /> <br /> "Ensuite, et c'est toujours le prof d'histoire qui parle, la Marseillaise tend à prendre une unicité de sens qui est dommageable." La faute à qui ?
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