"A ma botte !"
Roland Goigoux vient donc d’être exclu de la formation des inspecteurs de l’éducation nationale. Sur décision de de Robien. Professeur d’Université en Sciences de l’Education à l’IUFM d’Auvergne, il assure depuis 10 ans la formation sur l’enseignement de la lecture des inspecteurs de l’EN au sein de l’Ecole supérieure de l’éducation nationale (ESEN). Spécialiste reconnu, il s’était fait remarquer par ses prises de position sur l’enseignement de la lecture, contraires à celles de de Robien, dans ses nombreux articles et publications (en particulier un récent « Apprendre à lire à l’école », éd. Retz) et à la rentrée dans un « Téléphone sonne » sur France Inter face au ministre en personne. De Robien, brutal et mesquin comme à son habitude, ne lui a pas pardonné. Le directeur de l’ESEN ne s’est même pas donné le mal de cacher le côté politique de la sanction, reprochant à Roland Goigoux de ne pas « faire preuve de plus grande loyauté envers le ministre », mais aussi d’avoir des « positions pas toujours favorables au ministre ». Pour faire carrière dans l’Education, il faut donc aujourd’hui se soumettre au ministre. Ce n’est après tout pas un hasard si cette nouvelle manifestation d’autoritarisme gouvernemental intervient au même moment que la tirade haineuse de Sarkozy contre la justice des mineurs et les juges en général. La fonction publique n’est plus au service des citoyens, elle est sommée de se plier aux considérations électoralistes des politiques.
On se souvient de la tragi-comédie montée au printemps dernier autour de l’éviction-minute de Brighelli du jury du CAPES et de sa réintégration quelques heures plus tard par de Robien soi-même. Dans le cas présent, on attend de « Sauver les lettres », une indignation à la mesure de la sanction. Autrement, on aurait tendance à penser que la liberté pédagogique dont ce groupuscule s’est fait le héraut ne doit être accordée qu’à ceux qui ont su gagner la confiance du ministre : Brighelli et ses copains.