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Journal d'école
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30 octobre 2006

La chasse aux enfants

France 3 rediffusait hier soir le film de Bertrand Tavernier, « De l’autre côté du périph’ », tourné en ...1997, presque 10 ans déjà. Tous les problèmes s’y trouvaient posés : chômage, échec scolaire, urbanisme, ségrégation sociale, brutalités policières, mépris, méfiance et arrogance des dominants pour tous ceux qui ne vivent pas du bon côté du périph’. Ce qui a changé depuis ? Rien. C’est même dans ces années, on s’en souvient, qu’a commencé à se développer le concept de « tolérance zéro » ; le policier remplacerait désormais l’éducateur. Avec les résultats que l’on sait. Pense-t-on que les événements de ces derniers mois, de ces derniers jours, à Marseille ou ailleurs, allaient ouvrir les yeux ? Que l’échec patent d’une politique exclusivement sécuritaire pouvait permettre de poser les problèmes autrement ? C’est même pire que ça : pour les politiciens, unanimes, de la gauche à l’extrême-droite, l’incendie d’un bus à Marseille n’est pas le signe qu’on s’est trompé dans l’analyse de la situation et la politique à mettre en œuvre, non, bien au contraire, cela signifie qu’on n’a pas été assez dur avec les jeunes : les juges sont laxistes (et pourtant les prisons sont pleines à craquer), les policiers n’ont pas les moyens de faire leur travail (et pourtant les lois sarkoziennes leur ont donné tous les droits) et l’école succombe sous les coups des barbares. La plus brutale – mais l’on n’est pas surpris – fut encore Royal s’emportant contre ces « enfants de 9-12 ans qui mènent des guérillas urbaines » (sur Europe 1, hier soir). On l’a bien entendue : alors qu’on n’a toujours pas arrêté les responsables de l’incendie du bus de Marseille, pas davantage que des enfants de 9 à 12 ans ailleurs en France, elle, Royal, a trouvé les coupables : les enfants de 9-12 ans. Il faut dire que ces événements viennent à point nommé pour conforter la popularité d’une candidate qui fait sa popularité dans l’opinion publique, exclusivement sur la dénonciation d’un bouc émissaire : les ados et les enfants (même en maternelle). Il y a quelques jours, de Villiers réclamait qu’on impose un couvre-feu aux mineurs pour la durée des vacances scolaires. Avec les jurys populaires de Royal, ces « enfants de 9-12 ans qui mènent des guérillas urbaines », on pourra enfin les envoyer au bagne à Belle-Ile, à Mettray, à Aniane ou ailleurs. Car finalement, la grande erreur, l’impardonnable erreur de l’après-guerre, ce fut bien celle-ci : celle qui, sous l’influence néfaste de la croyance en l’éducabilité de l’enfant, a conduit le législateur à fermer les bagnes d’enfants. On se sent tellement plus en sécurité lorsque des enfants de 9-12 ans sont enfermés derrière les barreaux...

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Commentaires
B
Bonjour,<br /> <br /> Je lis ce blog depuis quelques temps maintenant. Je n'avais jamais penser réagir, mais je me lance. Je ne ferai la morale à personne. Juste une anecdote.<br /> <br /> Je suis depuis son DEUG un étudiant vraiment brillant. Le jeune homme en question est d'origine algérienne. Il est entré en licence d'histoire cette année et je suis toujours très heureux de discuter avec lui. Nous avons profité qu'il soit venu assister à un de mes cours de licence pour aller boire un café ensuite.<br /> <br /> Quand la discussion s'est orientée sur la "situation en banlieue", que nous connaissons tous les deux de l'intérieur pour y avoir été élevé, il m'a fait cette remarque pleine de bon sens (que je recopie ici de mémoire sans peur de la trahir) :<br /> <br /> Je suis pour un durcissement de la législation sur les incivilités. Un vrai durcissement. Pourquoi ? Parce que cela me permettra de ne plus être dévisagé comme 99% de mes amis à cause d'un pourcent contre qui on ne fait rien.<br /> Aujourd'hu, quand t'as une tête d'arabe t'es un incapable objet de pitié dans l'esprit de l'homme de gauche parce que ton milieu d'origine provoque la pitié. Il pense à ta place et essaie de se mettre "à ton niveau" comme à l'école de mon quartier où on n'étudiait pas les classiques mais des chansons pendant qu'à Paris ils bossaient sur Racine. Dans la tête du droitier, t'es un délinquant en puissance.<br /> Franchement, il faut sortir de cette alternative. Je ne suis pas une catégorie sociale quand même !<br /> <br /> C'est un peu le problème ici. Pour certains, le "jeune de banlieue" est un pauvre type qu'il faut aider. Autre penchant, il faut punir, punir, punir encore. Mais pas plus d'arguments sur l'accompagnement éducatif ou social.<br /> <br /> Je ne méprise pas assez mes anciens voisins de pallier, mes amis et mes étudiants qui ont des parents dans un HLM comme les miens pour les étiqueté dans une boite ou dans une autre et les exonérer leurs fautes en leur déniant tout libre arbitre. <br /> <br /> A bientôt
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M
"C'est sûr : la délinquance n'existe que depuis 1976 (depuis 30 ans donc...)"<br /> Comme d'habitude, vous déformez le propos de votre interlocuteur, qui vous parle du DISCOURS tenu sur la violence (et j'imagine, d'autre part, que trente ans, c'est pour donner un ordre de grandeur: alors Pailleron, en 73, peut bien rentrer dans cette catégorie-là).
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L
C'est sûr : la délinquance n'existe que depuis 1976 (depuis 30 ans donc...)<br /> Question subsidiaire à notre interlocuteur : L'incendie du collège Pailleron, c'était quand déjà ?
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D
Depuis 30 ans une certaine gauche sociologique a d'abord excusé le vol de disques, puis le vol de mobylettes, puis le vol de voitures, puis l'incendie de voitures, puis l'incendie d'école, puis l'incendie de bus. Chaque fois ce n'était jamais la faute du délinquant mais toujours la faute de la société. Pourtant, dans les banlieues pauvres, il y a sans doute 80% des gens qui malgré la pauvreté ne deviennent pas délinquants et 99,9% qui ne deviennent pas meurtriers. Et d'ailleurs les plus pauvres, c'est à dire les sdf, ont autre chose à faire que de brûler des bus.<br /> <br /> Et maintenant cette gauche sociologique en est à excuser des assassins. Tout va bien, ne changeons rien à l'éducation des enfants
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