Philippe Meirieu dans Libé
Dans Libé d’aujourd’hui, une très belle « Lettre à un jeune Maghrébin » de Philippe Meirieu.
« Il souffle sur la France un vent mauvais (...) Vous faites peur et rien n’est pire que cette peur. Elle justifie les propositions politiques les plus extravagantes sur lesquelles beaucoup de nos compatriotes perdent tout esprit critique : étiquetage précoce des enfants qu’on condamne ainsi à devenir ce qu’on voudrait éviter ; sanction des parents les plus fragiles au prétexte qu’ils seraient démissionnaires ; punition réduite à l’emprisonnement criminogène ; confusion entre fermeté envers les coupables et humiliation des vaincus ; glissement subreptice des règles nécessaires au fonctionnement des institutions de la république à la totémisation des bonnes manières qui font « le charme discret de la bourgeoisie »...Et je crains que ce ne soit qu’un début ! (...) je crains qu’il soit assez stérile et dangereux pour vous de continuer à vous poser systématiquement en victime. C’est que les Français (...) entretiennent aujourd’hui une véritable aversion pour les victimes : ils considèrent leur existence même comme un reproche insupportable... Et d’ailleurs ils transforment systématiquement les victimes en coupables : on ne lutte plus contre l’échec scolaire, mais contre les élèves en échec ; l’ennemi, ce n’est plus le chômage, ce sont les chômeurs (...) Craignez de faire les frais de ce renversement ! Malgré les ricanements, je crois en effet que vous faites partie des victimes de notre système de développement sélectif. Mais je vous veux, en même temps, responsable (...) Mais je suis convaincu aussi que, si nous faisons alliance avec vous pour le meilleur et pas pour le pire, vous êtes en mesure de nous aider à faire face à nos tentations de repli mortifère. Nous avons besoin de vous. »
A lire dans son intégralité avant qu’il ne soit trop tard.
http://www.liberation.fr/opinions/rebonds/217374.FR.php