Qui sont les barbares ?
Avant les matchs de foot internationaux, la tradition veut que l’on chante la Marseillaise. Et d’ailleurs, on a intérêt à bien se tenir : conspuer l’hymne national est un délit passible de 6 mois de prison et de 50 000 euros d’amende. L’autre soir, au Parc des princes, à l’occasion du match entre le PSG et l’équipe de Tel Aviv, les bons Français de la tribune de Boulogne ont chanté avec cœur la Marseillaise, avec refrain, couplets et prolongements : « Bleu, Blanc, Rouge, la France aux Français ! », avant de se lancer, en hordes déchaînées, assoiffées de sang impur, contre tout ce qui ressemblait de près ou de loin, indistinctement, à du Noir, de l’Arabe ou du Juif. Il y a eu mort d’homme. Pour une fois – et si l’on se fie au récit donné dans Libé du 25/11 – on ne jettera pas la pierre au policier, manifestement courageux, qui s’est servi de son arme pour protéger un jeune Israëlien coursé par nos braves patriotes. Si, jeudi soir, les choses ont mal tourné, ce n’est pourtant pas le hasard qu’il faut incriminer : les débordements racistes sont la norme au Parc des princes et dans les stades de foot, sans que les autorités s’en émeuvent particulièrement. Il faut dire que nos politiciens ont l’émotion sélective : on se souvient qu’il y a quelques années, après que la Marseillaise eût été sifflée lors d’un match France-Algérie, les parlementaires, toutes tendances confondues, indignés par un tel blasphème, avaient en urgence, voté une loi créant le délit d’outrage à symboles nationaux. L’urgence de Sarkozy, aujourd’hui, a été de recevoir en son ministère les clubs de supportueurs du PSG. Même excité par la haine raciale, on n’en reste pas moins un Français respectable. Puisqu’on chante la Marseillaise.