Faut-il avoir peur de l'armée ?
Lourdes peines de prison pour les incendiaires des mosquées d’Annecy, le 5 mars 2004 (Libé, 09/12/2006). On ne leur jettera pas la pierre, d’abord parce qu’on ne se sent pas une mentalité de procureur, ensuite parce que la plupart des accusés ont vécu une enfance de misère qui est bien pour quelque chose dans leur dérive. Au cours de leur procès devant la cour d’assises de Haute-Savoie, deux d’entre eux, anciens militaires du 27e bataillon de chasseurs alpins ont montré comment ils avaient appris le racisme à l’armée (Le Monde, 07/12/2006) : l’un raconte comment, à l’armée, il a subi un véritable conditionnement, « un bourrage de crâne patriotique ». « La France, la France et encore la France », comme on le lui a martelé. Une France « où il n’y a pas de place pour l’Islam ». Envoyé en Côte d’Ivoire, il découvre les passages à tabac de rebelles auxquels se livrent les militaires français : « Quand on en arrêtait un, on le ligotait. Le sergent lui mettait un coup de poing dans la gueule et c’était chacun son tour ». « Avez-vous refusé les coups ? », demande un avocat. « Oui, on m’a traité de pédé ».
Ce n’est peut-être pas inutile de rappeler ce genre d’histoires, qui, d’ailleurs, n’est pas isolée, à un moment où nos politiciens rêvent de faire rééduquer les jeunes par l’armée. « Je ne vois pas pourquoi le mot armée ferait peur », affirmait Royal il y a quelques mois. Au 27e bataillon de chasseurs alpins, on pourrait peut-être lui expliquer à Royal.