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Journal d'école
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16 décembre 2006

Ubu enseignant : la note de vie scolaire est arrivée

14,2/20, 16,4/20, 17,1/20... Ca y est, elles sont arrivées, les notes de vie scolaire. Grâce à de Robien, chaque collégien est maintenant en mesure d’apprécier, à la décimale près, son comportement citoyen, de juger de ses efforts, de ses faiblesses et de ce qui lui reste à faire. Dans mon collège, c’est le cas, par exemple, de ce petit 6e, bon élève, bon camarade, gentil comme tout, qui se voit récompensé d’un 19,8/20 ; en redoublant d’efforts, peut-être arrivera-t-il à 19,9/20 au trimestre prochain. Hugo, élève de 5e, lui, va se poser des questions sur son 14,4/20 et surtout se demander pourquoi diable sa note est à 3 points au-dessous de la moyenne de la classe. Qu’a-t-il bien pu faire, le malheureux, pour mériter pareille infamie ? Il n’en saura probablement rien et d’ailleurs, il n’aura pas la possibilité d’en demander la raison aux profs : dans mon collège, on ne s’est même pas donné la peine de porter une appréciation sur le bulletin en regard de la note de vie scolaire.  C’est comme ça et pas autrement. Il faut dire que les profs auraient sans doute bien du mal à justifier leur notation : entre ceux qui ont cherché à noter un comportement, ceux qui ont apprécié la tenue des cahiers ou le nombre de fois où l’élève a levé la main, ceux qui ont réglé leurs comptes avec l’élève (si si, ça existe !), ceux qui n’aiment pas les jeans taille basse, sans oublier ceux – c’est mon cas – qui ont boycotté la note de vie scolaire en attribuant 20/20 à tout le monde, on aura vraiment du mal à s’y retrouver. Mais cet arbitraire risque de lui donner des idées à Hugo, s’il compare son 14,4/20 avec la note, identique, d’un autre élève qui se signale régulièrement par un comportement brutal sur la cour mais dont les brutalités sont comme effacées par une attitude correcte en classe. 14,4 dans les deux cas. Je sais, dira-t-on : Hugo n’écrit pas très bien et ne lève pas la main en classe. Nul doute que sa note l’incitera à se ressaisir comme on dit dans les salles de prof. Mais si, au second trimestre, par pur mauvais esprit, Hugo choisissait de se laisser aller en frappant ses petits copains mais en levant la main en classe, ce ne serait après tout que la réponse du berger à la bergère, de l’élève trompé aux profs trompeurs, de l’enfant manipulé aux adultes manipulateurs.

Dans mon collège, comme c’est souvent le cas à la fin du 1er trimestre, l’ambiance s’est dégradée. On a beaucoup puni ; en pure perte. Les effets positifs de la note de vie scolaire risquent de se faire attendre encore longtemps. Ce qui n’a pas empêché de Robien de se féliciter du dispositif : dans son style inimitable, arrogant et simplet, il n’a pas craint d’affirmer que « dans la France entière, les établissements se sont mis au travail. Pour l’instant, il n’y a que des retours positifs... » Là, il fait franchement rire, le ministre.

[Sur Journal d’école (22/11/2006), voir « Boycotter la note de vie scolaire »,

http://journaldecole.canalblog.com/archives/2006/11/index.html]

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Commentaires
M
Cette "digression" est de facto une comparaison, vous la présentez ainsi (après, c'est facile de lui donner un "sens" autre). Et ce n'est pas une comparaison qui tient la route, c'était tout ce que je voulais dire. Mon propos n'est pas de dire que c'est pire aujourd'hui, mais que le deux faits n'étaient PAS comparables. Sur cette différence, qui corrompt totalement votre "digression", vous ne dites -mais c'est une habitude- rien.
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L
Prouvez-nous simplement que c'est pire aujourd'hui, études à l'appui. C'était le sens de cette petite digression historique.
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M
""Jeudy dernier, un escolier du collège deffonça à coup de coutteau le ventre du quistre, qui vouloit lui donner le fouet par ordre du principal du collège de Paris". Ce genre de violences juvéniles, les archives du passé en regorgent."<br /> Non. Votre exemple même le montre: là, il y a violence motivée.(ce qui ne l'excuse d'ailleurs pas forcément, mais de toute façon, je pense qu'on peut dire qu'il y a prescription). La violence gratuite, celle dont il est question là, est de toute évidence d'une autre nature, moderne jusque dans les conditions de sa réalisation. Mais vous, toujours si prompts à voir le fachisme dans l'oeil du voisin, n'y voyez visiblement pas grand chose à redire et prenez le passé (qui n'en peut mais, et n'a de toutes façons pas de leçons à donner - curieuse conception, pour un prof d'histoire) à témoin pour nous prouver une nouvelle fois que, décidément, c'était -toujours- bien pire avant.
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A
Bel exemple de citoyenneté que ces notes de comportement. Cela me parraît très propice à la formation de petits délateurs, dans le sens où favoriser une concurrence dans ce domaine est véritablement dangereux et digne de régime nom républicain. Et puis sur quels critères se base t'on pour apprécier ces comportements? autant de critères que de professeurs...?
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L
On peut lire dans les archives capitulaires de Saint-Pierre de Saumur (Maine-et-Loire) à la date de juillet 1759, l'anecdote suivante :<br /> "Jeudy dernier, un escolier du collège deffonça à coup de coutteau le ventre du quistre, qui vouloit lui donner le fouet par ordre du principal du collège de Paris". Ce genre de violences juvéniles, les archives du passé en regorgent. La faute à la méthode globale sans doute ? <br /> Aucune étude documentée, aucun travail d'historien ou de sociologue, ne montrent que la violence des jeunes est plus importante aujourd'hui qu'autrefois... encore moins qu'elle résulterait de méthodes pédagogiques.
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