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Journal d'école
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25 janvier 2007

L'école primaire en victime expiatoire

On ne sait si, avec le calcul mental, Robien a parachevé son œuvre titanesque de rénovation de l’école. Après tout, le calendrier politique lui laisse encore le temps de rétablir la distribution des bons points aux écoliers méritants et la blouse grise. Sans oublier les travaux d’aiguille pour les filles et les exercices militaires pour les garçons. Il n’échappe à personne que la plus grosse partie des circulaires ministérielles et des interventions médiatiques qui les ont accompagnées aura touché en priorité l’école primaire. Pourtant, selon un avis assez général, entre le primaire, le collège et le lycée, c’est bien le collège qui fait problème, le collège qui, justement, semble avoir été superbement ignoré par le ministre. Pardon, je suis injuste, j’allais oublier la note de vie scolaire et l’apprentissage à 14 ans. L’incapacité du collège à se renouveler, à s’adapter à un public nouveau, l’obstination, au contraire, à vouloir plier tous les élèves à un cadre plus ou moins décalqué du lycée expliquent, pour une bonne part, que le collège soit un peu considéré comme le maillon faible du système éducatif. A l’opposé, il paraissait  – avant Robien, en tous cas – que l’école primaire avait plutôt bonne presse : lorsqu’il quitte le CM2 , non seulement l’élève a beaucoup appris, dans tous les domaines, mais il s’est aussi initié à la vie en société. A l’école, il grandit dans le bon sens du terme et semble même heureux de ce qu’il y vit ; en général – mais je ne nie pas que les difficultés existent – il aime son école et peut même y trouver du plaisir. On voit ici se lever la règle menaçante de la maîtresse Boutonnet : l’école n’est pas un lieu de plaisir, il ne faut pas craindre de faire pleurer les élèves. A l’opposé, combien de collégiens aiment-ils leur établissement ou trouvent intérêt à leur scolarité ? On ne remerciera pas un prof de collège d’avoir posé la question. Dans ces conditions, pourquoi donc cet acharnement robinesque à l’encontre de l’école primaire et la focalisation de l’opinion publique sur ce niveau ?

La réponse se trouve, au moins partiellement, dans les salles de profs de collèges, là où, à longueur de temps, se font entendre plaintes et récriminations sur ces petits 6e qui ne savent plus lire ni écrire ni compter ni rien faire, même s’il est manifeste qu’ils savent lire, écrire, compter et beaucoup d’autres choses. Seulement, pour les profs de collège, il est sans doute plus facile de se dédouaner de leur propre responsabilité et d’en faire porter la faute à ces instits du primaire – qu’au passage ils ignorent superbement quand ils ne les méprisent pas – dont on se demande ce qu’ils peuvent bien apprendre aux enfants. Robien, finalement, ne fait pas autrement : refusant de s’attaquer à une réforme de fond du collège et aux lobbies disciplinaires, il s’est lancé dans une campagne de communication, caricaturale et diffamatoire, bien plus que dans une réforme, visant l’école primaire. Les difficultés des collégiens ne tiennent pas à l’ennui profond que secrète le collège, avec ses méthodes rébarbatives et répétitives, sa discipline héritée d’un autre âge, mais aux « lacunes », à l’absence de « bases » des élèves au sortir du CM2. Et pour y remédier, on va donc faire descendre en primaire des façons de faire, ces « bonnes vieilles méthodes » qui, pourtant, échouent en collège : répéter, réciter, recopier, refaire. Avec les conséquences que l’on sait : ennui, découragement, crainte de mal faire, dégoût pour la chose scolaire. Pas de place ici pour le plaisir de la découverte.

On ne sait comment les circulaires de Robien seront appliquées sur le terrain ; bien des maîtres du primaire ont heureusement une capacité d’indépendance que n’ont pas leurs collègues du secondaire. Mais si les principes du ministre devaient finalement s’imposer, il ne faudrait pas s’étonner des dérives : lorsqu’une directrice de maternelle dénonce le stress de certains parents quand ils conduisent leurs enfants à l’école, le stress également des enfants, la peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas savoir reconnaître ses lettres dans le temps imparti, il y a matière à s’interroger : un enfant de 5 ans angoissé, nerveux, quel élève, au juste, va-t-il devenir ? Quand on fera le bilan de la politique de Robien, il faudra bien convenir que, non seulement il n’a résolu aucun des problèmes de l’école mais il en a créé là où ils n’existaient pas ; par dogmatisme et par opportunisme politique.

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Commentaires
F
Lubin n'a pas compris que je faisais une critique de la bêtise politiquement correcte. <br /> <br /> 1/ l'histoire traditionnelle parle d'invasions barbares vers 400 pour les huns, les alémans, les wisigoths... et nos ancêtres les francs. A d'autres dates, l'histoire parle aussi d'invasions et pillages des vikings et des sarrasins . Il s'agit de massacres du passé, dont tout le monde se fout et cela n'a absolument aucune connotation raciste d'en parler<br /> <br /> 2/ Certains bien-pensants politiquements corrects d'IUFM que j'ai pu côtoyer estiment que les invasions germaines sont en fait des "immigrations", que le mot barbare est pejoratif, et que l'histoire de charles martel stoppant les sarrasins pourrait humilier les gamins de banlieue.<br /> <br /> 3/ Je pense que la position 2/ est stupide
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M
...désormais...
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M
"Au fait, les Français eux, sont sans doute descendants des Gaulois, une race pure."<br /> Lubin, vous progressez: vous faites désomramis de la réduction ad Le Penum implicite!
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T
ca débatte sec<br /> <br /> de retour de vacances, pas le temps de tout lire...<br /> <br /> sur la scientificitude des Sciences de l'Education, disons simplement que comme la socio ou l'ethno, ce sont des sciences humaines, et donc soumises aux aléas des écoles de pensées, des auras des théoriciens-gourous (Meirieu, Bourdieu...) qui peuvent être détronés tôt ou tard par d'autres... etc etc.
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M
Je pense moi que l'intérêt des dates est de fixer les événements, mais le plus important c'est l'analyse que l'on peut en faire, l'histoire sert de leçon dans la vie, d'expérience et permet de ne pas recommencer dans les mêmes directions, pour éviter les guerres de quartiers, assimiler et<br /> comprendre les événements, offrir à nos jeunes un avenir dans notre pays, éviter la fuite des savants dans d'autres pays. L'école doit être fraternelle, ouverte à tous, et donner le sens des responsabilités vis à vis de soi vis à vis des autres, laïque et universelle. Il ne faut pas en vouloir aux enseignants qui ont obéi aux ordres du rectorat dans la manières d'apprendre à lire et à compter, mais il faut absolument revenir<br /> sur de nouvelles et anciennes méthodes dans l'apprentissage de l'écriture et de la lecture pour en retenir 'la substentifique moelle'
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