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Journal d'école
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4 février 2007

Sarkozy achète les profs

La démocratie gangrénée par le clientélisme, ce n’est pas nouveau, dira-t-on. A défaut de projet politique cohérent, on achète telle ou telle catégorie d’électeur : les agriculteurs, pour avoir la paix des fourches, les Corses, pour la paix des bombes (là, ça ne marche pas à tous les coups) et beaucoup d’autres dont les politiciens s’attachent le bulletin de vote par de généreuses subventions. L’Union européenne et le contribuable sont bons princes. Sarkozy, lui, achète les profs. Dans un discours à Maisons-Alfort vendredi soir, il s’est engagé à apporter aux enseignants « une amélioration nette et indiscutable de leurs conditions de travail, de leur statut social et de leurs revenus ». Il n’a pas précisé comment il augmenterait le salaire des profs tout en baissant les impôts mais pour qu’on le prenne quand même au sérieux, il a confié sur ce sujet une mission de réflexion (sic) à Darcos, Darcos, oui, sous-ministre à l’Education il y a quelques années, obsédé par les fesses des filles au point de vouloir mettre tous les élèves en uniforme. L’éducation, à l’UMP, ça n’est pas rien.

Son modèle éducatif, Sarkozy ne s’en cache même pas : l’école d’il y a un siècle. « Il était bien rare de rencontrer jadis des enfants sortis de l’école vers le début du 20e siècle à l’âge de 12 ans qui ne savaient pas lire, écrire ou compter correctement... », a-t-il martelé, avant de s’en prendre aux « pédagogues » et à l’idéologie de Mai 68, responsables de la « faillite » de l’école. S’il est élu, non seulement les élèves « se lèveront quand le professeur entre en classe », mais l’école redeviendra « un lieu de transmission du savoir », qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être. Et les profs seront augmentés. Et tout ira pour le mieux dans le meilleur des mondes. On reste sans voix devant la fulgurance de l’analyse. Une analyse qui nous rappelle quand même quelque chose : il y a à peu près un an, Le Bris, chantre de « Sauver les lettres » et de l’école en blouse grise et sabots de bois, se faisait acclamer au congrès UMP en présentant un projet repris aujourd’hui intégralement par le chef de l’UMP. Curieux, non ?

Les échéances approchent et la boucle est presque bouclée. Le discours passéiste et nostalgique sur l’école est en train de trouver sa concrétisation politique, quelque part entre l’extrême-droite et la droite extrême. Face à cela, à gauche, on se tait : d’abord parce qu’il ne fait guère de doutes que les théories fumeuses et caricaturales de Sarkozy, trouvent un écho favorable dans toute une mouvance – chevènementiste et autre – attachée à un modèle scolaire prétendument « républicain », en réalité fantasmé et obsolète qui est celui de « Sauver les lettres » et consort, alors que dans le même temps, le reste de classe politique, tétanisée par la croisade ultra-conservatrice sur l’école, manque de courage pour y faire face et s’y opposer frontalement. Est-ce si difficile, pourtant, de dire aux citoyens dont on brigue les suffrages que ce n’est pas en regardant un siècle en arrière qu’on prépare le monde de demain ?

Les profs sont-ils à vendre ? On a des doutes sur leur réponse.

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Commentaires
M
Servus G2!<br /> C'est exactement cette idée qu'on ne se "sert plus" du PS que je récusais plus haut. Il me semble ahurissant de se servir d'un tel argument dans la perspective d'élèves s'orientant en masse vers des études longues. Ce n'est par ailleurs pas moi que je plains; c'est eux. D'autre part, si c'est d'allemand qu'on parle ici, vous seriez surprise du peu de maîtrise des verbes forts des élèves au début de leurs études. Mais c'est ça, c'est une question de par coeur pas assez travaillé en amont.
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G
Décidément Meles comme on se retrouve, <br /> J'aurais presque envie de pleurer quand je vous lis.<br /> Pauvre petit prof face à ses élèves imbéciles incapables d'apprendre et de maitriser quoi que ce soit.<br /> Y a pas que l'ego de sarko qui soit démesuré !<br /> On attend pas le collège pour enseigner le passé simple, ma fille de cm1 est en plein dedans et elle a même pas besoin de l'apprendre d'ailleurs ni de lire des romans du xixè.<br /> Y a un truc que je comprends pas, mes élèves apprennent à utiliser le passé simple, le subjonctif présent et le subjonctif imparfait sans aucun pb parcec que ds la LV que je leur enseigne ils sont omniprésents.<br /> Si les élèves ne maîtrisent pas ces temps en français (ce qui est à prouver du reste hormis peut être le subjonctif imparfait tombé en désuétude totale), c'est aprce qu'ils ne sot que très peu utilisé.<br /> Les élèves sont ils coupables de l'évolution d'une langue ???
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D
On savait que Nicolas Sarkozy avait un ego fort développé. Mais de là à faire dessiner une robe haute couture à son image pour rivaliser avec Ségolène Royal, on explose le baromètre du ridicule !..<br /> C'est sur le blog www.thedino.org dans le billet d'aujourd'hui intitulé : L'ego de Sarko
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M
Ce message constitue par sa clarté formelle et conceptuelle une belle mise en abyme de la discussion que nous poursuivons ici, me semble-t-il... On se croirait dans le tome 1 des aventures de Nikopol.
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P
Hier soir, ceux qui on vu N.Sarkozy au débat, n'hésiteront plus je pense, a penser...<br /> Quelle est la vraie image de France qu'incarne ?<br /> Séduire la jeunesse a réussir, mais en réduisant les postes des spécialistes!<br /> Plan de suppression de 15.000 postes en 2002 (licenciement de l’aides-éducateurs et non remplacement des départs à la retraite);<br /> Naturellement, la question sans réponse, reste a définir, qui seront les privilégies, et qui resterons en arrière, dans une lute inégal entre la langue du bois et les actes vécu que maintenant il faut oublier et dévaloriser, car on besoin tout le monde quand même les racailles, si ils sont le droit au vote!
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