Sauver les lettres, sauver Le Pen
« Il appartient à l’état d’instruire ses enfants (...) il faut dénoncer les ravages du pédagogisme et de l’égalitarisme (...) les enfants doivent retrouver la valeur des savoirs fondamentaux (...) il faut établir des exigences de passage et réévaluer la valeur des examens comme le brevet des collèges (...) les IUFM, centres de déstructuration et d’endoctrinement, doivent être remplacés par des centres pédagogiques régionaux ». Ce n’est pas une nouvelle livraison de « Sauver les lettres » ou de Brighelli mais c’est tout comme : il s’agit tout simplement du projet éducatif du FN, que le parti vient de rendre public. Il faut également, pour l’apprentissage de la lecture « revenir à la méthode syllabique ». Là, il est un peu en retard, Jean-Marie, Gilles est déjà passé par là.
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-823448,36-875548@51-823442,0.html
Cette nouvelle, parue dans Le Monde d’aujourd’hui, n’en est évidemment pas une : cela fait déjà bien longtemps que l’analogie entre les conceptions éducatives de l’extrême-droite et celle des mouvements réactionnaires qui sévissent dans l’éducation, a été établie, en particulier – j’avais de l’avance – sur Journal d’école avec un message du 10/09/2005, « Quand l’école de la république fait le lit de l’extrême-droite ».
http://journaldecole.canalblog.com/archives/2005/09/10/index.html
La question n’est plus présentement de savoir qui a inspiré l’autre – la nostalgie d’un âge d’or fantasmé est une constante de l’idéologie d’extrême-droite – mais de bien se rendre compte à quel point la prose brighellienne, largement popularisée par les médias grand public a pu donner légitimité au Front national : pourquoi refuser ses suffrages à un parti politique, à une idéologie, qui, finalement, dans le domaine éducatif, se situent dans la lignée des défenseurs d’une certaine école républicaine, en réalité d’une école du passé, d’une école dépassée ? Quand Le Pen se désigne comme un homme « de centre droit », il ne fait que donner corps à cette évidence, à savoir que sur bien des sujets, tout spécialement le sécuritaire, l’éducation, il s’est trouvé dépassé sur sa droite. Pour être juste, il faut également reconnaître que les élucubrations lepénistes en matière éducative semblent largement partagées, plus ou moins ouvertement par nombre de prétendants à la présidentielle. Je n’ai pas dit par tous mais certain(e)s candidats devraient quand même être un peu plus clairs sur l’éducation.