Révisionnisme
Dans leur obsession à parer l’hymne national de toutes les vertus révolutionnaires, les thuriféraires de la Marseillaise n’hésitent pas à verser dans le révisionnisme. Dans Libé (27/03), on pouvait lire que Rouget de Lisle avait trouvé son inspiration – si tant est qu’on puisse utiliser ce mot pour la Marseillaise – dans la « déclaration de guerre de l’empereur d’Autriche à la France » en 1792. Grossier mensonge et qui n’est pas le premier, quand l’honneur national est en jeu : le 20 avril ce n’est pas l’Autriche qui déclare la guerre à la France mais le contraire, même si les dirigeants français, bien hypocritement, adressaient leur déclaration au « roi de Bohême et de Hongrie », feignant d’ignorer que, dans toute guerre, ce sont d’abord les peuples qui payent le prix fort. En 1792, la France se lançait avec la Marseillaise dans une longue période de guerre, toujours, bien sûr, avec sa bonne conscience indestructible et les meilleurs arguments du monde. La guerre, c’est toujours la faute de l’autre. Pourtant, l’histoire de France est celle d’un pays guerrier, belliciste et la Marseillaise, loin d’être un hymne révolutionnaire, est d’abord un chant guerrier. Le sang impur dont elle s'abreuve n'est pas une allégorie mais pour elle une nécessité vitale. Au cours des deux siècles qui nous précèdent, des millions de jeunes, bernés par la nation, seront immolés sur l’autel de la patrie. Il paraît d’ailleurs que c’est son titre de gloire.