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Journal d'école
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14 mai 2007

Du sang impur dans le bénitier

Pour une fois que la Marseillaise nous fait bien rire, on ne va pas s’en priver ni en priver le lecteur. On apprend dans Ouest France (14/05/07) que dans une petite commune de la Mayenne, des enfants d’une école conduits par leur adjudant – pardon, par leur instit – ont participé aux cérémonies commémoratives du 8 mai. Devant le monument aux tués par la France (c’est plus conforme à la réalité que « morts pour la France »), encadrés par les anciens d’Algérie, ils ont chanté la Marseillaise. Comme partout ailleurs, la récupération de la victoire sur le nazisme par les anciens d’Algérie ne semble pas beaucoup émouvoir les instits en question. Il est vrai qu’aujourd’hui, c’en est fini de la repentance : chacun sait que le 8 mai 45,  c’est un lâcher de ballons que l’armée française offrait aux habitants de Sétif, qu’en octobre 61, les policiers parisiens apprenaient gratuitement aux Arabes à nager dans la Seine, que la guerre d’Algérie n’a jamais existé – c’étaient de simples opérations de maintien de l’ordre – et que, de toutes manières, tout cela ne saurait autoriser à remettre en cause les aspects positifs de la colonisation. Chacun le sait, ou devrait le savoir, ou apprendra à le savoir, comme les enfants de cette riante bourgade de la Mayenne, si bien encadrés comme on l’a vu. Et d’ailleurs, comme l’a dit madame la maire : « Quand toutes les générations sont réunies, la cérémonie prend un sens beaucoup plus important ». Et c’est vrai que les anciens des guerres coloniales entourant les enfants des écoles au son du sang impur, tout cela n’en manque pas, de « sens ».

Pas de quoi rire, me direz-vous, sauf la fin de l’histoire comme je vous l’ai promis. A la fin de la cérémonie, madame la maire a affirmé vouloir renouveler l’expérience avec « peut-être – rapporte le journaliste – un passage à l’église pour une prière » (sic). Si vous voulez mon avis, avec les tares de la république plus les tares de l’Eglise, ils sont plutôt mal barrés les enfants de l’école.

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Commentaires
L
Il y avait en France en 1792 et dans les années suivantes, un parti de la guerre, prêt à faire s'entretuer les gens avec toutes sortes de bonnes raisons. De toutes manières, la question n'est pas aujourd'hui de connaître le contexte dans lequel est apparu la Marseillaise mais de savoir si un hymne national peut être constitutif de la vie en société. Pour moi, la réponse est non.
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C
"Va-t-en guerre" n'est-ce pas un peu fort? que fallait-il faire en 1792? dire au roi et aux monarques étrangers présents à nos frontières que depuis 1789 tout cela n'était qu'un bonne blague et qu'on en revenait au bon vieux ancien régime qui écrasait le tiers état d'impôts et les acculait à la faim? que l'arbritraire du pouvoir monarchique valait mieux? <br /> <br /> Il faut parfois en venir à la violence pour obtenir justice, c'est ce qu'il s'est passé en ce temps là.<br /> Votre pacifisme aveugle, je le prends tout de même comme une insulte à ces hommes et femmes qui se sont battus pour que des idéaux (liberté, égalité, fraternité, enfin si vous n'y voyez pas qu'un symbole suranné de la Nation) ne restent pas sur le papier.Personne n'a envie d'être traversé par une lame, une balle ou un obus pour le plaisir, et on ne peut pas toujours avoir la paix qu'avec des mots.<br /> <br /> Les résistants de la seconde guerre mondiale qui ont chanté la Marseillaise sur leur poteau d'exécution en guise de dernier camouflet aux allemands n'auraient-ils pas compris mieux que vous ce qu'elle représente et qui ne vous semble pas clair?<br /> <br /> Quand au front national, il se l'est approprié certes, mais ils n'en ont pas le monopole loin de là, et des personnes comme vous avez abandonné cet hymne au nom d'un pacifisme fort louable, mais que les événements forcent à remettre en question parfois.
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M
"Elle fut effectivement chantée par beaucoup de monde et avec beaucoup de ferveur par les militants du FN."<br /> Ben voyons... ça, c'est de l'argumentation! Si on va par là: sous l'occupation, on ne jouait plus la Marseillaise, remplacée par "Maréchal, nous voilà". Vous qui plaidez pour la suppression de l'hymne national, aimeriez-vous qu'on vous taxe de pétainiste? Dans le même ordre d'idée, que les nazis aient applaudi Furtwängler dirigeant la Neuvième ne suffit pas à reléguer Beethoven dans les oubliettes de l'histoire. Et sur ces histoires de FN récupérant tel ou tel chant ou chanson, je vous renvoie à ce qu'en disait Servat à une époque, à propos de la "Blanche Hermine". Si la Marseillaise était vraiment facho, d'ailleurs, y aurait-il vraiment "Liberté, liberté chérie" dans le texte?
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L
La Marseillaise n'est pas le chant de 1789 mais celui des va-t'en-guerre de 1792 et de la Terreur. Elle fut effectivement chantée par beaucoup de monde et avec beaucoup de ferveur par les militants du FN. Elle est donc le symbole de quoi ?
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C
Si le caractère violent de la Marseillaise est évident, il n'en reste pas moins que cet hymne fut et reste le chant des révolutionnaires de 1789, puis des républicains, donc des défenseurs de la Liberté contre toutes les formes d'oppression.<br /> A vous de faire comprendre aux élèves que pour autant, l'application fidèle de ce qu'elle raconte n'est plus de mise aujourd'hui que la Monarchie absolue, l'Empire (1 et 2), et Vichy font partie du passé, et que ce chant reste un symbole car elle fut chantée par tous les Libéraux européens du XIXème siècle en 1848.<br /> Vous, sous l'un de ces trois régimes, auriez-vous gagné la liberté dans votre salon avec des pâquerettes?
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