Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Journal d'école
Publicité
Archives
2 juillet 2007

L'école est finie...

L’école est finie, les élections sont finies et finie la comédie. On a reçu les profs à l’Elysée, les étudiants à Matignon, les lycéens rue de Grenelle, on a reculé ou fait semblant sur l’Université mais aujourd’hui, maintenant que tout le monde est en vacances, on abat les cartes. Disparition plus ou moins programmée de la carte scolaire, 10 000 profs en moins en 2008 et Darcos, tranquille pour deux mois, qui retrouve les accents de campagne de Sarkozy. Dans un entretien au Figaro Magazine¸il se lance dans la description nostalgique du bon vieux temps où, paysans comme bourgeois, dans un « même consensus social ...respectaient une même vision du savoir scolaire ». C’est bien connu : autrefois, il n’y avait ni grèves, ni violences, ni révoltes, ni révolutions. En ces temps bénis, « la cohérence du savoir ne se discutait pas ». C’était l’époque où les fils de paysans devenaient instituteurs, puis, plus tard, énarques, polytechniciens, normaliens. Tiens, curieux, Darcos ne parle pas des filles, ni des fils de paysans qui restaient paysans ni des fils d’ouvriers qui restaient ouvriers. Bon, me direz-vous, on n’est pas au Figaro Magazine pour argumenter, après tout. Et qui a mis fin à cette belle harmonie, à ce consensus qui « faisait autorité à l’école » ? Bien sûr, c’est mai 68, « l’illusion de mai 68 qui considère la liberté comme un point de départ ». Alors que, pour Darcozy, on n’est libre que si on le mérite : « je crois à l’école de la verticalité, à l’école de la transmission ». Transmettre, oui mais comment ? On n’aura pas l’insolence de poser la question au ministre. Pour Darcos, il y a trop de grèves, trop de militantisme, trop de « débats sociaux dans l’enceinte de l’école ». « L’école – écrit-il – devient une sorte de forum agité par trop de d’activisme et pas assez de citoyenneté authentique ». C’est vrai que lorsque la police rentre dans une école pour y rafler des petits sans-papiers, la « citoyenneté authentique » ne consiste-t-elle pas à aider nos braves policiers au lieu de leur compliquer la tâche ? La conclusion de Darcos est à la mesure de ce qui précède : « il faut rétablir l’éducation civique ». Le ministre de l’Education nationale n’est pas censé savoir que l’éducation civique a toujours fait partie intégrante des programmes scolaires, que depuis 20 ans, elle fait même l’objet d’une épreuve écrite au DNB, où, curieusement, d’ailleurs, pour reprendre la phraséologie du ministre, le civisme se fait par « transmission verticale », comme on vient encore de le voir il y a quelques jours, lors de la dernière édition du brevet (1). Des élèves déclinant sans sourciller les bienfaits de l’armée française, que veut-il de plus Darcos ? Des élèves au garde-à-vous, des élèves en uniforme ? Patience : ces parlementaires qui viennent de faire leur rentrée, on sait de quoi ils sont capables quand tout le monde est en vacances. Leur première préoccupation , dans quelques jours, sera d’abaisser la majorité pénale et d’étendre encore un peu plus le champ de la prison. C’est la première urgence, un signal fort adressé à la société. Ils semblent mus par une phobie profonde, lourde, pour tout ce qui a moins de dix-huit ans et Darcos, dans leur jeu, est sans doute une pièce maîtresse. Du moins jusqu’en septembre, parce qu’après, on ne sait plus trop.

(1) http://journaldecole.canalblog.com/archives/2007/06/25/5420582.html

http://www.lefigaro.fr/magazine/20070629.MAG000000402_xavier_darcos_ministre_de_l_education_nationale.html

Publicité
Publicité
Commentaires
J
Et moi je dirais au contraire (d'après ce que j'ai lu de votre blog, où je viens pour la première fois) que c'est des gens comme vous, Lubin, qui sauvent l'école. Merci les instits et les profs ouverts d'esprit, critiques et sachant transmettre un esprit critique aux enfants. Merci les profs qui tentent des choses nouvelles et inculquent aux enfants la solidarité plutôt que la hiérarchie et le par coeur.<br /> Je n'avais pas lu cet article du Figaro sur Darcos mais réflexion faite, ce n'est pas très étonnant que le gouvernement actuel soit aussi réac en matière d'éducation... Mais c'est aussi parce que l'opinion publique aime la "rupture", "la valeur travail", les "peines plancher" et ce genre de choses naïves. <br /> Votre blog est passionnant. Merci.
Répondre
Z
que des gens comme vous sont certaiment la cause du rejet de l'école, et pour ce qui me concerne, la raison pour laquelle je la vomis.
Répondre
Z
Tout ce qui est annoncé comme un camouflet contre les promesses d'après vous est annoncé depuis la campagne. Le président a même été élu sur ces sujets de campagne, rappelez-vous... Ça m'inquiète pour un prof d'histoire.... même celle de 2 mois vous échappe !<br /> Ensuite vos réflexions sur le rôle de l'école... Si vous aviez eu raison une fois dans votre vie sur ce point, vous pourriez discuter. Non seulement les poliques défendues par les syndicats, les socialites, les apôtres de l'épanouissement auto-dirigé de l'enfant, et tous les corrolaires qui entrent dans la même ligne sont responsables des échecs, et faute de trouver mieux, la seule critique de rejet reste votre arme.<br /> L'école est trop politisée, et des gens comme vous en sont responsables.<br /> Vous continuez de jouer l'amalgame, et pas l'intelligence. C'est dommage...
Répondre
V
Darcos en grand croquemitaine, c'est assez comique au vu de la continuité dans les mesures. Lofi est d'ailleurs contraint de lui rendre cet "hommage", il ne fait ni mieux ni pire que ses prédécesseurs libéraux : dégraissage du mammouth, distribution d'heures sup (ce que Ségolène aurait entrepris avec ses 35h au collège), célébration d'un bac "difficile",hommage aux pédagogistes qu'il conchiait durant la campagne, etc. Comment pourrait-il en être autrement quand il faut honorer la parole donnée par Chirac-Jospin <br /> à Lisbonne ?<br /> Alors restent les déclarations tonitruantes, les provocations de bacs à sable, les pirouettes du batteur d'estrade, bref un futur Allègre...
Répondre
L
Darcos a cette faculté de tenir le discours que veut entendre son interlocuteur, ou le journal qui l'accueille. Quand il est au figaro, il parle de transmission verticale des savoirs, de retour au bon vieux temps et fait forcément le l'anti soixante huitard primaire. Qusnd il dialogue aves Ph. Meirieu, il ne nie pas l'importance de la pédagogie, quand il reçoit les syndicats, il dit tout le bien qu'il pense de leurs forces de propositions ... un grand politique, quoi !
Répondre
Publicité