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Journal d'école
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20 juillet 2007

Une très longue journée scolaire

Rallonger de deux heures la journée des élèves, comme vient de le suggérer Darcos ? Alors que la journée scolaire est déjà excessivement longue, cette proposition vise surtout à évacuer toute remise en cause de la sacro-sainte heure de cours. En novembre dernier, au cours de la campagne électorale, j’avais posté ce message sur Journal d’école (15/11/2006). Il me semble toujours d’actualité.

On en a pris l’habitude mais ce n’est pas une raison pour l’accepter ni pour s’en réjouir : la campagne électorale et les ambitions politiciennes non seulement dénaturent en profondeur le débat éducatif mais, à terme, par les crispations qu’elles génèrent, rendent impossible ou compliquent toute évolution du système scolaire. Ainsi en est-il de la question du temps de travail des enseignants, posée de façon caricaturale par Royal  et beaucoup d’autres : avec un minimum de sérieux et d’honnêteté, on se rendrait compte que ce n’est pas tant le temps de travail des profs qui fait problème que celui des élèves. Il est quand même curieux de constater qu’alors que les élèves français ont déjà, en Europe, la plus longue journée de classe, on affirme de partout que cette journée n’est pas suffisamment mise à profit pour une bonne assimilation des connaissances et des compétences attendues et qu’il faudrait donc multiplier par deux le temps de présence des enseignants à leurs côtés. Et donc multiplier par deux la journée de travail des élèves ? Si l’heure traditionnelle de « cours » génère un tel échec qu’il faut la faire suivre d’un temps plus ou moins long de « soutien », d’ « études dirigées », de « devoirs du soir », n’est-ce pas alors le principe même de l’heure de « cours » qu’il faut remettre en question ? Tout le monde semble se satisfaire de cette situation ubuesque : une fois que le prof a terminé son « cours », commence alors le temps de travail des élèves, c’est-à-dire le temps d’assimilation, de compréhension. Généralement, le prof, pendant son « cours » a beaucoup parlé, les élèves se contentant d’écouter un peu ou pas du tout. Un peu schématique, dira-t-on mais le fait est que l’heure de cours traditionnelle, en grand groupe, a conservé bien des restes du cours magistral où le prof est au centre de la scène, les élèves se contentant d’observer, de s’ennuyer ferme, ou de chahuter. Ils sont en tout cas bien peu actifs et rarement en position d’apprentissage. On voit bien que les heures de soutien ne sont là que pour tenter de remédier aux lacunes, aux faiblesses, à l’inefficacité du cours traditionnel. Remédiation toute aléatoire : les élèves qui y sont soumis n’en retirent souvent qu’un maigre profit, accompagné d’un dégoût encore plus marqué pour l’école. Si les 18 heures de cours hebdomadaires d’un prof de collège génèrent autant d’embarras, s’avèrent d’aussi peu de profit pour les élèves, si l’on apprend aussi peu pendant une heure de cours, peut-être n’est-il pas saugrenu d’imaginer, de concevoir une autre forme d’enseignement qui tienne compte de la diversité des élèves comme de leurs capacités personnelles. Les solutions existent depuis longtemps : le travail individualisé, le travail de groupe, la pédagogie différenciée, autant de manières de faire « cours » dont l’efficacité n’est plus à démontrer.

Oui  mais voilà : cette remédiation n’est pas dans l’air du temps et l’on sait comment les politiciens savent humer l’air du temps, incarné par les sondages d’opinion. Notre époque qui a inventé le néologisme de « pédagogisme » comme une injure pour dénigrer toute réflexion sur les mécanismes d’apprentissage, qui considère que mettre « l’élève au centre » équivaut pour un adulte à s’agenouiller devant les enfants, cette époque, donc, n’est sans doute pas disposée à entendre certaines vérités, comme celle-ci : à savoir que le découpage des savoirs en disciplines scolaires et des apprentissages en heures de cours, hérité d’un autre âge, historiquement daté, n’est pas en mesure de répondre aux objectifs que s’assigne l’école [...]

http://journaldecole.canalblog.com/archives/2006/11/15/index.html

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Commentaires
K
Je n'ai jamais su recracher un cours. Je n'ai jamais appris mes cours. En fonction des années, de la méthode du prof, j'ai choisi d'aller ou pas en cours, faisant rager mes parents et l'administration, qui est allée jusqu'à me faire signer une paperasse qui disait clairement que si je n'étais pas présente dorénavant, je serait tout simplement virée. Beaucoup s'attendait a me voir me rétamée lamentablement quand arriverait ces fameux examens finals, ce fameux baccalauréat.<br /> <br /> Ce qui n'a pas eu lieu. J'ai eu mon bac sans ouvrir le moindre bouquin. <br /> <br /> Je ne suis pourtant pas spécialement intelligente.<br /> <br /> J'ai simplement eu la chance de croiser quelques profs qui ne suivaient pas les directives, et qui me faisait surtout travailler mon esprit d'analyse et mon esprit critique plutôt que de me faire engranger des connaissances dont je ne voyait pas l'intérêt. Ou était l'intérêt d'apprendre par coeur des théories de grands philosophes si ce n'était pour les discuter, les critiquer? Ou était l'intérêt de s'intéresser à l'histoire si ce n'était pour en tirer des débats passionnant ? Ou était l'intérêt d'apprendre par coeur les théories économiques si n'est pour comprendre le monde d'aujourd'hui, et le remettre en question? OU est l'intérêt d'apprendre des règles de grammaires d'un langue si ce n'est pour la parler???<br /> <br /> J'ai eu la chance d'avoir quelques profs qui avaient compris que les connaissances en elle même étaient inutiles si ce n'était pour s'en servir pour autre chose que les recracher bêtement sur une feuille de papier.<br /> <br /> J'ai eu la chance qu'ils m'encouragent dans cette voie, celle de refuser de me soumettre a un système éducatif qui formate plus qu'il ne développe l'individualité, la confrontation aux autres, et la remise en question.<br /> <br /> Le savoir, en lui même, ne sert à rien.<br /> <br /> <br /> PS: ça à peu de rapport avec l'article, mais bon, ça m'a fait penser à ça!
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P
votre honneur.<br /> Mossieu l'irresponsable...Grand bien vous fasse.
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L
"L'école est là pour transmettre un savoir..." : certes mais elle n'est pas là que pour ça (autrement elle n'aurait guère de sens) et il y a mille façons de transmettre le savoir, comme justement, le montre la pédagogie.<br /> "9 pour cent de fils d'ouvriers arrivent aux grandes écoles" : mais à qui la faute, sinon à un système éducatif traditionnel et ennuyeux qui justement provoque découragement, lassitude, échec scolaire.<br /> Pour ce qui est de la violence dans les établissements scolaires (est-elle d'ailleurs plus grande qu'autrefois, lorsque les télés n'en faisaient pas leur pain quotidien ?), ce serait donc la faute de la "pédagogie" ? Ben voyons. Je renvoie aux nombreux travaux sur le sujet, en particulier ceux d'E. Debarbieux, pour montrer le peu de sérieux de cette affirmation.<br /> Quant aux "batteries d'illettrés", là encore, on renvoie aux études sur le sujet, en particulier la récente enquête de l'Observatoire de la lecture (évoquée sur Journal d'école et ailleurs), montrant que les jeunes lisent globalement mieux que les plus âgés.
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P
par la violence qui peut règner dans les établissements scolaires : qui peut croire qu'un adolescent est aveugle au point de tomber dans le panneau de la pédagogie au forceps qui est prônée encore actuellement ? Vous pensez que les adolescents de banlieue ne savent pas faire la différence entre un sourire forcé, une clownerie d'iufm et un enseignement sérieux fondé sur la travail ?<br /> Je ne suis pas étonné que dès que cet aspect contraignant est abordé par ces "profs" un bon retour de bâton ne leur arrive en pleine figure.<br /> Les plus intelligents ont l'art de transmettre à leurs collègues de l'année suivante leurs batteries d'illétrés : ces gens sont peu estimés de leurs collègues mais fort prisés de leur hiérachie.<br /> Surtout ne pas faire de vagues...Et tant pis pour celui prend le tsunami...
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P
l'on puisse donner à un adolescent le goût pour des choses dont il n'a rien à faire ? <br /> Le cercle des poètes disparus a fait de gros ravages semble-t-il...<br /> L'école est là pour transmettre un savoir et non pour former des citoyens ou tout autre ânerie du genre...<br /> Cette formation là se fait bien en amont (sauf dans les systèmes totalitaires qui ont l'illusion de l'obéissance des masses).<br /> Alors qu'on en finisse avec cette exigence de simagrées, d'écoute et autres balivernes bonnes uniquement à masquer la bonne gouvernance actuelle qui fait que 9 pour cent seulement des fils d'ouvriers arrivent jusqu'aux grandes écoles.<br /> Des prétendus gens de gauche cautionnent à fond ce système plus qu'élitiste puisqu'il s'agit tout simplement d'un système de castes avec ses initiés, cadres et profs, et ses laissés pour compte à vie.<br /> Tout le reste est littérature, défendue à grand renfort de bave par des fonctionnaires de père en fils qui n'ont que leur sécurité de l'emploi pour sens de l'honneur.
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