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Journal d'école
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6 février 2008

Lettre ouverte à Madame la défenseure des enfants

J’ai fait parvenir à Dominique Versini, défenseure des enfants, le courrier ci-dessous.

Madame,

au-delà de l’impact médiatique outrancier auquel l’épisode a donné lieu, la gifle lancée par un enseignant à un élève éclaire d’un jour particulier le peu de cas qu’on semble faire en France, tout spécialement dans les établissements scolaires, de la Convention internationale des droits de l’enfant, pourtant signée par la France, mais aussi, plus simplement, du respect le plus élémentaire pour sa personne. Dans son article 19, la convention stipule en effet que « les Etats parties prennent toutes les mesures législatives, administratives, sociales et éducatives appropriées pour protéger l’enfant contre toute forme de violence, d’atteinte ou de brutalités physiques ou mentales (...), de mauvais traitements ou d’exploitation, pendant qu’il est sous la garde de ses parents (...) ou de toute autre personne à qui il est confié ». Bien que le texte de la Convention soit affiché depuis peu dans toutes les salles de classe, le respecte-t-on pour autant ?  Pour une gifle dont le retentissement traverse pour une fois les murs de l’école, combien de brutalités « physiques et mentales », de coups, de vexations, d’humiliations sont le lot quotidien d’élèves qui préfèrent se taire, encaisser sans broncher, parce qu’ils ont peur ou parce qu’ils savent bien que, de toutes manières, leur parole ne sera pas entendue. Cet enfant de 11 ans, maltraité, rudoyé, humilié devant toute la classe, comment devait-il réagir ? L’injure sortie de sa bouche n’est pas venue de rien, elle est la réponse, certes maladroite, à un adulte sorti de son rôle. Dans ses conditions, et même si la gifle qui a suivi peut être imputée à un réflexe impulsif, il est inadmissible que les plus hautes autorités de l’état, derrière le Premier ministre et le ministre de l’Education nationale, aient pu, en apportant leur soutien à l’enseignant fautif, légitimer cette  forme de violence et sembler couvrir à l’avance tous les dérapages dont les adultes se rendraient coupables à l’intérieur d’un établissement scolaire. Alors que ces mêmes autorités n’ont pas de mots assez forts pour dénoncer la violence lorsqu’elle vient des élèves, que la ministre de la Justice réclamait il y a peu « pour les mineurs, une réponse pénale à chaque infraction », on peut quand même s’étonner de la complaisance ainsi manifestée pour la violence lorsqu’elle vient des détenteurs de l’autorité.

Faut-il croire, comme on le soutenait encore il n’y a pas très longtemps, que les coups feraient grandir ou qu’un enfant n’en souffrirait pas ? La campagne lancée dans l’opinion publique suite à cet événement, où, malheureusement, les enseignants ne sont pas les moins virulents, est le signe d’une formidable régression dans le débat éducatif, régression déjà à l’œuvre depuis plusieurs années, par exemple dans les domaines de la pédagogie ou de la justice des mineurs : des pétitions initiées par des syndicats bien mal inspirés, ont ouvert les vannes à un flot furieux de paroles haineuses qui dépassent de beaucoup les deux protagonistes à l’origine de l’histoire. Il ne s’agit plus de défendre un enseignant mais d’en appeler, avec une brutalité invraisemblable, au retour des « bonnes vieilles méthodes », celles d’une époque où l’on pouvait frapper les enfants en toute bonne conscience, en toute impunité. Avec les conséquences que l’on pressent : vous êtes mieux placée que quiconque, Madame, pour constater les dégâts de la violence exercée sur les enfants, à l’école comme à la maison. Et lorsque des enfants meurent sous les coups, lorsque d’autres sont détruits pour la vie, c’est toujours parce qu’au départ il y a eu ces mots criminels : « c’est pour ton bien ! » (1). Votre fonction de défenseure des enfants vous impose, Madame, d’intervenir dans les médias, auprès de l’opinion publique, des autorités, pour faire cesser ce déferlement irresponsable, pour faire en sorte que, dans les établissements scolaires, la Convention des droits de l’enfant soit autre chose qu’une simple affiche placardée sur un mur, pour que l’on comprenne que les coups portés aux enfants ne sont jamais légitimes, que l’adulte n’a pas toujours raison, que l’enseignant peut aussi avoir des comptes à rendre. Il est plus que temps que, dans les écoles « le droit de l’enfant au respect » (Janusz Korczak) soit réellement pris en considération.

(1) Alice MILLER, C’est pour ton bien. Racines de la violence dans l’éducation de l’enfant, Aubier, 1984

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Commentaires
J
C'est vrai que ça fait facilement penser à des groupes autrefois connus pour leurs capacités à endoctriner autour des petites fleurs d'amour.
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T
mais je ne résiste pas. On se croirait dans un roman de Houellebecq.<br /> Je vois d'ici les colliers de barbe, les sandales, les "vanupieds buveurs de jus de fruit" que décrivait Orwell dans le "quai de wigan"<br /> <br /> http://www.unipaz-europe.org/activities/programme-RE-2008.htm<br /> <br /> Cuisine et présence... c'est très très bon !
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T
la question du pognon... <br /> <br /> http://www.unipaz-europe.org/activities/rencontres-2008.htm<br /> <br /> c'est très drôle, notamment "les ateliers et séminaires sont en choix libre avec participation en conscience, l'argent ne devant pas être un obstacle".<br /> <br /> franchement, Lubin, devriez nettoyer vos liens, ca dessert vos combats et positions.
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T
Autre perle rare, la présidente d'Unipaz-France, Roswitha Lanquetin, qui anime une conférence-atelier sur "les trois écologies de la paix: <br /> individuelle, sociale et de l'environnement". Bien. L'association se targue en outre d'avoir co-édité avec l'Unesco un ouvrage sur L'Art de Vivre en Paix. Très bien. Le souci est que dans les séminaires que propose un peu partout dans le monde cette association, ou du moins Unipaz-Europe, il y a un module (sur les 8 d'un stage complet) "L'art de vivre le passage" (qui <br /> dure deux jours). "Dans ce séminaire, on examinera la tradition tibétaine: le livre de la Vie et de la Mort. On s'occupera de l'existence de plusieurs interrègnes avant, durant et après le passage. Ces intervalles sont des grandes occasions de vivre notre vraie nature. Mieux ces faits sont connus et mieux nous serons préparés pour un passage du transitoire à l'éternel en <br /> paix et en plénitude." Nul besoin ici d'être un matérialiste forcené, ou un cartésien entêté, pour remarquer que cette invitation au voyage propose d'explorer "le passage" de la vie à la mort, et ses "interrègnes" est à proprement <br /> parler hallucinatoires... Du reste, l'association aurait pu se contenter de recourir aux Grecs, certes anciens mais plus proches que les moines <br /> tibétains, pour proposer un aller-retour avec Caron sur le Styx.<br /> Au-delà de l'ironie plus ou moins facile, le problème d'une telle mise côte à côte, par exemple de producteurs bio et de professeurs de pensée magique guère éloignés du charlatanisme, est que les uns entament le crédit des autres. A moins que l'on considère qu'une espèce de chamanisme occidentalisé et la défense de la décroissance ou du commerce équitable soient une seule et même chaîne qui va de l'humus à l'humain.<br /> <br /> <br /> http://www.frreader.com/msg/1105461.aspx
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T
http://www.unipaz-europe.org/activities/cycle-avv.htm<br /> <br /> "Le cycle de l'art de vivre la vie est composé de huit séminaires de 2 jours que nous proposons de suivre dans l'ordre indiqué car leur contenu et surtout leur vécu correspondent à un cheminement intérieur progressif qui permet à chaque participant de faire des prises de conscience qui lui permettront d'harmoniser sa vie en rapport avec ses propres valeurs et convictions philosophiques."<br /> <br /> Quand on vous dit que le programme pédago, c'est de CHANGER L'HOMME, c'est pas une blague. C'est même flippant ! bientôt le Mandarom directeur d'IUFM ?
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