Quand les journalistes abusent de la fumette
C’est le dernier sujet à la une : « Le cannabis se répand chez les collégiens » s’alarme le Nouvel Obs (06/03/2008), qui n’hésite pas à affirmer que « 300 000 collégiens de 12 à 15 ans ont déjà fumé un joint » , précisant même que « beaucoup d’entre eux s’approvisionnent directement au sein de l’établissement ». L’ennui est que le Nouvel Obs ne fait guère que reprendre là l’ « enquête » du Parisien (05/03/2008), « enquête » qui, elle-même, se réduit à un résumé de quelques lignes d’un bouquin signé Gilbert Lagrue, tabacologue, un bouquin dont le titre (« Stop au tabac et au cannabis ») est aussi gros que le contenu est creux. Car on chercherait en vain dans ces articles alarmistes la moindre statistique un peu sérieuse étayant la consommation de cannabis chez les enfants de 12 ans, alors que, par exemple, la dernière enquête de l’Institut de veille sanitaire (2005) parlait d’une consommation débutant à 15 ans. Pour ce qui est du solide et de la cohérence de ces infos, on aura du mal à les trouver par exemple au Nouvel Obs : alors que – si l’on en croit le gros titre de l’hebdo - 300 000 collégiens de 12 à 15 ans sont donc censés avoir fumé un joint, le même journaliste n’éprouve aucun ridicule à affirmer quelques lignes plus bas que « la première consommation de cannabis arrive à ...14 ans ( !) ». Il aura sans doute oublié de se relire.
Pourquoi se priver d’une recette qui marche si bien ? Avec ces publications, l’important n’est pas d’informer les parents mais d’effaroucher les braves gens. Et le cannabis à 12 ans, c’ est bien commode pour faire oublier le Prozac prescrit aux enfants de 8 ans en toute légalité. On le voit : malgré un léger reflux électoral, le sarkozisme reste bien vivace dans les têtes. Là où il fait le plus de dégâts.