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Journal d'école
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5 avril 2008

Brighelli l'imposteur

De temps en temps, parce qu’il le faut bien, Brighelli laisse au vestiaire ses habitudes de grossièreté, de vulgarité qui sont sa marque de fabrique, met une sourdine aux anathèmes et aux imprécations contre ceux qui ne pensent pas comme lui – ce qui ne l’empêche pas d’ouvrir son blog à des formules du genre « tuez les tous ! ». Dans Metro ( 02/04/2008), Brighelli joue les vierges effarouchées, se donne des airs de respectabilité. Il faut dire qu’il a un nouveau bouquin à vendre  - en réalite, sous un titre différent, car on aurait du mal à y trouver des idées nouvelles, une réédition des pamphlets plus anciens – ce qui implique un certain souci des convenances : il ne faut pas effrayer l’acheteur. Brighelli, c’est aussi un représentant de commerce, les convictions ne doivent pas porter préjudice au compte en banque. Donc, dans Metro, la main sur le cœur, Brighelli annonce qu’il n’est « ni de droite ni de gauche (...) je ne fais pas de politique ». On rappellera quand même à ses fidèles, qu’il y a moins d’un an, il soutenait avec chaleur le candidat Sarkozy et qu’il bénéficie d’un fort capital de sympathie à l’UMP, comme d’ailleurs, à l’extrême-droite. Ni de droite ni de gauche, ce qui ne l’empêche pas d’entretenir d’ « excellents rapports » avec le conseiller Education de Matignon. Quant à ses relations avec Darcos : « nous nous connaissons (...), mon livre est un recueil des idées auxquelles le ministre pense peut-être en se rasant le matin (...) S’il ne les met pas en œuvre, il le fera tôt ou tard (...) ». Faux-cul, donc, Brighelli, feignant d’ignorer que Darcos s’est inspiré exclusivement des thèses des chapelles réactionnaires pour rédiger ses programmes, manifestant un incommensurable mépris pour les acteurs de l’éducation. Des gens à tuer, il est vrai.

Avec son « ni droite ni gauche », Brighelli fait sienne la vieille rengaine des conservateurs – mais il existe en la matière des conservateurs de gauche, comme le dit Lofi – selon laquelle l’école ne ferait pas partie du champ de la politique, qu’elle serait à l’écart des débats de société, idéologiquement neutre. Le mythe de l’école-sanctuaire, à l’abri du monde, dans laquelle on entrerait comme en religion. Mais les programmes Darcos-Brighelli reflètent une idéologie forte. Derrière la revendication affichée d’un retour aux « fondamentaux », aux « bases », se cache, bien mal d’ailleurs, un véritable projet de société. Car en fait de bases ou de fondamentaux, ce ne sont qu’à des rudiments grossiers que seront astreints les élèves. Occupés à temps plein et souvent en pure perte sur des mécanismes essentiellement répétitifs, les élèves seront dorénavant privés de littérature, d’histoire, de géographie, de sciences, d’ouverture au monde. Dressés à rabâcher, ils arriveront en fin de primaire incapables de s’exprimer, de penser par eux-mêmes, de comprendre le monde dans lequel ils vivent. N’est-ce d’ailleurs pas là l’objectif de programmes visant à former des sujets obéissants et non des citoyens éclairés ? Mais on sait également que tous les élèves ne partent pas à égalité et que ceux qui bénéficient d’un milieu familial favorisé, et seulement ceux-là, seront en mesure d’échapper à cet appauvrissement sans précédent des missions de l’école. Quant aux autres, les enfants qui ne partent pas en vacances, qui n’ont pas internet à la maison, pas de livres, pas de revues, ceux qui ne bénéficient d’aucun éveil culturel, ceux-là sont condamnés à rester dans leur ignorance. Avec une école incapable de leur apporter sur temps scolaire la formation à laquelle ils ont droit, ils se verront astreints à retourner à l’école pendant les vacances, essayer de sécher leurs larmes sur des exercices de grammaire qui ne feront qu’aggraver leur échec. Avec cette stigmatisation des élèves les plus faibles, des élèves les plus pauvres, le système éducatif non seulement revient un siècle en arrière, quand les études et la culture secondaires étaient réservés aux enfants des milieux favorisés, mais aussi beaucoup plus loin dans le temps, à l’époque, où, dans les écoles, on séparait élèves « payants » et élèves « gratuits », les riches d’un côté, les pauvres de l’autre. L’école Darcos-Brighelli, c’est d'abord cela : une école de classe, une école d’apartheid. Mais, bien sûr, Brighelli n’est pas un homme de droite. De même que n’est pas de droite une politique qui sabre brutalement dans les dépenses d’éducation, de santé, de logement, une politique qui privilégie avant toutes choses l’intérêt des plus riches. Et puis, en ce moment, Brighelli a un bouquin à vendre...

Brighelli ou l’imposture médiatique.

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Commentaires
T
En collège, la plupart des profs n'ont jamais cessé de faire des activités de grammaire ou des dictées, souvent sous la forme la plus traditionnelle.<br /> <br /> vous avez des chiffres, des preuves sur cela ? Parce que dans le Collège ZEP de ma copine, les thèses meirieusiennes et lubinesques règnent en maître.
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L
"10 ans de pédagogisme..."<br /> <br /> C'est vrai que jusqu'en 1967, tout allait bien, mon brave monsieur. 100% d'une classe d'âge décrochait son bac avec la mention très bien. Et depuis 1968, c'est bien connu, tous les enseignants n'ont eu qu'une idée en tête : faire échouer les élèves. <br /> <br /> Cà, c'est de la rhétorique.
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L
A propos du brevet blanc de Victor.<br /> <br /> Le brevet blanc, c'est en fin de collège, comme d'ailleurs les enquêtes internationales de type Pisa. Les faiblesses qu'elles pointent montrent justement que c'est le collège qui fait problème, le collège qui est le maillon le plus conservateur du cursus éducatif (en gros, le collèe d'aujourd'hui, c'est le collège Chevènement) et qu'il est dans ces conditions ridicule de faire porter la responsabilité des difficultés au primaire et à la maternelle. En collège, la plupart des profs n'ont jamais cessé de faire des activités de grammaire ou des dictées, souvent sous la forme la plus traditionnelle. Dans ces conditions, on est au moins sûr d'une chose : les projets de Darcos et des traditionnalistes sont à côté de la plaque. non seulement l'échec scolaire ne sera pas résorbé, mais il va s'agraver.
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V
C'est peut-être juste que les "pédagos" ont commis une grave erreur : tolérer la présence et l'expression des conservateurs !<br /> <br /> Posté par Théo, 06 avril 2008 à 10:32<br /> <br /> Mais les réactionnaires-conservateurs sont ce que la fièvre est à la maladie. Inséparables. Quarante ans de pédagogisme ne pouvaient mener qu'à une saine réaction de l'organisme. Espérons seulement que l'issue en sera la guérison et pas la mort.
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T
Lubin va vou répandre que votratachment a lortograf est réactionnaire, bourgeois, que ca traumatise les enfants et que du coup il faut plus de psys scolaires et de procès car corriger des copies est une maltraitance...
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