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Journal d'école
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9 avril 2008

"Le jeu est le travail des enfants"

« Pour les petits, il ne saurait être question de lecture, parce qu’il n’est pas admissible qu’on enseigne à lire à un enfant qui ne sait pas parler. Ce fait invraisemblable existe cependant, il existe partout. Je sais que les directrices des écoles maternelles ont fort à faire pour contenter à la fois les personnes ayant qualité pour leur donner une direction pédagogique, et les parents de leurs petits élèves qui, manquant de notions justes sur l’hygiène intellectuelle, se figurent que leurs enfants n’apprennent rien et perdent leur temps s’ils n’apprennent pas à lire (...)

Le résultat est, d’ailleurs, tout opposé à l’impatience des parents quant à la lecture (...) Depuis six ans, je note avec soin le nombre d’enfants de six à sept ans sachant lire dans les écoles maternelles et je puis affirmer que je n’en ai pas encore rencontré cinq sur cent lisant couramment et avec intelligence (...) et que je n’en ai pas noté dix sur cent – toujours de six à sept ans – lisant matériellement.

D’où je conclus que les enfants des écoles maternelles perdent une moyenne de trois ans sur leurs tableaux et leurs livres ; et malheureusement ce temps perdu pour la lecture n’est gagné ni au point de vue physique, ni au point de vue intellectuel, ni au point de vue moral.

On ne pèche pas impunément contre la logique ; or il est absolument contraire à la logique de forcer l’intelligence à accepter une nourriture qu’elle ne peut s’assimiler ; il est absolument contraire à la logique d’apprendre à lire à des enfants qui ne savent pas parler. L’école maternelle n’est pas une école : c’est un établissement d’éducation et non d’instruction. Qu’est-ce qui élèvera à la dignité d’éducatrices, de mamans, des directrices qui s’obstinent à rester maîtresses d’école ? Je ne vois qu’une force capable d’opérer cette transformation. Cette force, c’est l’amour. L’amour pour l’enfant, l’amour intelligent, actif, expansif, dévoué, l’amour enthousiaste, mêlé de respect pour cet être à la fois si frêle et si exquis : c’est là le fondement de la pédagogie à l’école maternelle, le fondement, le corps de l’édifice et la charpente. »

Pauline KERGOMARD, L’éducation maternelle dans l’école, tome 1, Paris, Hachette, 1886.

1886 : si ce n’était la date, nul doute que Pauline Kergomard passerait aux yeux de certains pour une dangereuse soixante-huitarde. Inspectrice générale des écoles maternelles à la fin du 19e siècle, elle considérait comme primordiale la liberté des enfants, leur activité. « Le jeu – disait-elle – est le travail des enfants » et reprenait à son compte le mot de Félix Pécaut : « l’enfant, avant six ans, n’est pas matière scolaire ». C’était en 1886, donc. On voit à quelle époque nous ramènent les leçons de mots et autres fantasmes de Bentolila à qui je dédie ce message. Si, bien sûr, il vient me rendre visite pour de vrai...

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Commentaires
C
Gare aux poètes qui risquent de se brûler la rétine à force de regarder les scandinaves comme on regarderait le soleil à son zénith.<br /> Pas de génies? bah allons allons ce n'est pas très grave. Nous n'avons pas besoin de surmédiatiser des noms de personnes concrètes qui font avancer le monde, car ce sont plutôt des noms de centres de recherches (institut pasteur, cnrs) qu'il faut connaître, des grandes entreprises qui font avancer les choses (areva, alsthom, sanofi-aventis), bref tout cela est un peu biaisé comme approche...Au fait qui a identifié le virus du sida et est leader dans cette recherche? Qui a inventé la carte à puces? <br /> Bah stop pas de listes ennuyeuses.
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M
Oui, c'est bien du point de vue de Samuel que je parlais. Je ne suis pas partisan des jeux de mots sur les noms, y compris sur les pseudonymes, mais il est certain au moins que le vôtre a l'insigne avantage de pas être grossier.
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T
Meles, je crois que c'est Samuel, qui du haut de sa tour d'ivoire suédo-danoise, jette sur le pauvre monde son mépris de classe.<br /> <br /> mais c'est Théo qui insulte, et montre là que les adeptes de la tolérance, du progrès, du "neuf", du moderne, du cool, tolèrent tout sauf la critique...<br /> <br /> avouez que mon jeu de mots sur son pseudo est bien plus spirituel, prouvant par là que si l'on est vraiment intelligent, on est réactionnaire, et inversement !<br /> <br /> Mais c vrai que pour les pédago, l'esprit, l'intelligence, la culture, l'exigence, ce sont des vielles lunes traumatisantes pour ceux qui en sont dépourvus.
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M
"tartemfion"<br /> Quelle classe dans les commentaires, ce Théo. Et après, ça vient donner des leçons de civilités? Je ne sais s'il faut croire l'amer portrait que Théo dresse des Français, mais si c'est le cas, on peut tous être rassurés: vous en êtes bien un.
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L
Juste un rapide commentaire pour signaler la naissance d'un nouveau blog consacré à la maltraitance des enfants. A visiter. <br /> http://maltraitances.blogspot.com/
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