Fichés à 13 ans
Le rapport Benisti, sur la détection de la délinquance des enfants, même si on l’a combattu, il y a bientôt quatre ans, on n’ y croyait pas tout à fait. Cela paraissait tellement monstrueux, un peu fou à vrai dire de prétendre traquer la délinquance à la maternelle. A la vérité, on y arrive. Ce gouvernement que plus rien ne semble arrêter, vient d’instituer un nouveau fichier qui pourra contenir des données sur les mineurs de 13 ans « susceptibles de porter atteinte à l’ordre public » (Libération, 02/07/2008). Comme avec la rétention de sûreté, il n’est pas nécessaire d’avoir commis un délit, mais d’être suspecté de pouvoir le faire. Pour justifier cette politique de brutes, Alliot-Marie, comme cela devient une manie dans ce gouvernement, n’hésite pas à manipuler les chiffres : 48% des vols avec violence et 25% des viols seraient le fait de mineurs (déclaration sur RTL aujourd’hui). La ministre de la police cherche ainsi, en entretenant la confusion sur les âges, à accréditer l’idée que la moitié des vols avec violence et le quart des viols seraient imputables aux enfants de 13 ans ! Ce gouvernement qui ne connaît que des échecs depuis un an qu’il est en place, se rattache à son obsession première, celle par laquelle il a remporté les élections : la désignation de boucs émissaires, essentiellement les jeunes et les immigrés. Si la CNIL, les mouvements de défense des droits de l’homme, les mouvements d’éducateurs, s’indignent, on constate une fois de plus l’assourdissant silence de la classe politique sur le sujet. Alors que la LDH dénonce : « le contrôle social tient lieu de politique sociale », la gauche, elle, très majoritairement, se tait.