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Journal d'école
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24 septembre 2008

A qui la faute ?

Le suicide d’un prof dans l’Aisne est sorti de la sphère privée pour tomber dans le débat public. Alors, juste quelques observations personnelles.

La garde à vue d’un prof est-elle justifiée ? L’est-elle moins que les 500 000 gardes à vue comptabilisées  en 2007 ? Pas moins d’un demi-million d’individus – parmi lesquels combien de délinquants avérés ? – retenus ainsi par le bon vouloir des gendarmes et policiers, avec une bonne dose d’arbitraire, sans qu’on s’en émeuve particulièrement. La France est-elle un état policier ? Ce chiffre a quand même de quoi inquiéter.

Les plaintes déposées par les parents contre des profs sont-elles en augmentation ? J’avoue ne pas disposer de chiffres sur le sujet mais si tel était le cas, serait-ce surprenant ? Pour comprendre, on peut remonter à la loi dite de « sécurité intérieure » du 9 septembre 2002, une des premières lois sécuritaires du sarkozisme naissant (il y en aura beaucoup d’autres, et des pires, les années suivantes). Au détour d’un alinéa, les parlementaires avaient créé cet inénarrable délit d’ « outrage à enseignant », passible de 6 mois d’emprisonnement et de 7500 euros d’amende. Pas moins. Précédent dangereux : même si, à ma connaissance, la loi n’a été que peu utilisée, tout élève s’opposant à un prof peut se voir considéré comme délinquant. Cette loi de 2002 marque le début d’une judiciarisation des relations à l’intérieur des établissements scolaires : plutôt que de régler les problèmes en interne, par la parole, la discussion, la prise en considération du point de vue des uns et des autres, ce qui, me semble –t-il,  constitue l’un des fondements de l’éducation, on préfère en appeler à la justice dont ce n’est pas le rôle. Certes, jusque là, c’est l’élève qui était visé lorsqu’il sortait de son rôle. Mais pourquoi faudrait-il que le recours au tribunal se fasse à sens unique, lorsque l’élève est dans son tort et jamais lorsque l’enseignant peut l’être ? Si l’élève qui frappe un prof est sanctionnable, la réciproque ne l’est pas moins, comme par exemple, l’a montré la décision du tribunal dans l’affaire de Berlaimont. Le recours à la justice et les dérives qu’il engendre risquent fort de se généraliser, puisque par dogmatisme, en privilégiant encore et toujours l’effet d’affichage, le gouvernement s’enferme dans une voie qu’on sait sans issue. Il y a quelques mois, lors de la signature d’un énième protocole Education/Justice, Dati plastronnait devant un Darccos bombant le torse : « pour les mineurs, j’ai posé un principe clair : une infraction, une réponse pénale. » Pour les mineurs seulement ? Et lorsque les adultes sont en infraction ?

La rigidité, la raideur des relations profs/élèves sont caractéristiques du système éducatif français, souvent remarquées par des élèves étrangers ou qui ont fait une partie de leur scolarité à l’étranger. Pour une bonne part, la raison en est à rechercher dans la faiblesse de la formation des enseignants pour tout ce qui touche à la psychologie de l’élève comme à la gestion des groupes. Le projet Darcos sur la masterisation des profs n’est pas de nature à améliorer les choses. Sans être grand clerc, on peut prédire que ce sont les élèves mais aussi les profs qui feront les frais du manque de courage et de lucidité des décideurs.

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Commentaires
T
sur les insultes de profs, zavez des chiffres, des articles, quelque chose ? du vécu ? un témoignage ? toutes choses que vous réclamez la main sur le coeur à vos interlocuteurs...<br /> <br /> parlez nous un peu de votre bahut !
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T
"Pour ce qui est des insultes et des écarts de langage, il me semble qu'ils sont bien plus fréquents du côté des enseignants que du côté des élèves ;"<br /> <br /> Lubin, vous avez trop lu et vu "entre les murs", où le prof finit effectivement par traiter une élève de "pétasse". C'est d'ailleurs pour cela que le livre et le film ont été critiqués par bon nombre d'enseignants : si Bégaudeau, prof défroqué depuis, traite de pétasse, ca ne veut pas dire que tous les profs insultent leurs élèves. Bégaudeau donne une image calamiteuse de la profession, qui n'en a vraiment pas besoin... Et vous tombez dans le panneau bien évidemment. Faut dire qu'il ne faut pas trop vous pousser pour détester vos collègues hein ?
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M
"Pour ce qui est des insultes et des écarts de langage, il me semble qu'ils sont bien plus fréquents du côté des enseignants que du côté des élèves ; on peut bien se cacher derrière son petit doigt, mais on n'avancera pas tant qu'on ne voudra pas voir ce problème en face."<br /> Dans le genre allégation balancée sans le moindre soupçon de preuve, on ne fait guère mieux. Vous êtes de quel côté, au juste, Lubin?
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L
Je ne vois pas bien ce que Mai 68 vient faire dans le débat et je ne connais pas d'école, avant ou après Mai 68, où il ait été "interdit d'interdire". La première règlementation interdisant les châtiments corporels dans les collèges remonte à ...1769 (il s'agit des collèges d'Ancien Régime) et pour les écoles primaires, c'est un règlement du 19 janvier 1887 qui précise qu'"il est absolument interdit d'infliger aucun châtiment corporel". Même si ces interdictions ont largement été transgressées jusqu'à nos jours. <br /> Pour ce qui est des insultes et des écarts de langage, il me semble qu'ils sont bien plus fréquents du côté des enseignants que du côté des élèves ; on peut bien se cacher derrière son petit doigt, mais on n'avancera pas tant qu'on ne voudra pas voir ce problème en face.
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C
1957 pour la France ; 1968 il est interdit d'interdire, que devient l'autorité parentale quand s'insinue dans la famille "la démocratie", nous sommes très loin du temps des romains qui avaient le droit de vie ou de mort sur leur progéniture, je pense que nous sommes victimes d'un humanisme utopique qui conduit la société à se marcher sur la tête. Je pose une question :<br /> <br /> mettons en scène une situation ( qui évidemment n'existe pas dans la réalité ) un élève de 14 ans dit à son professeur " Je nique ta mère, ta race espèce de pédale, fout moi la paix, enculé de fromage blanc". Le pauvre professeur doit se retenir te tirer les oreilles, de donner une fessée ou de prendre une mesure humiliante pour l'élève, il faudra au contraire qu'il fasse un rapport pour organiser un future conseil de discipline où auront l'honneur de siéger un collège de professeur, directeur , parent d'élève où sera répété l'injure pour la décortiquer dans tous les sens comprendre ou se trouve le malaise éducatif.<br /> <br /> je comprend que la frustration puisse mener les professeurs les plus exposés au suicide.<br /> <br /> procureurs , juges et la loi ne sont-ils pas les premiers responsables ?
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