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Journal d'école
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1 octobre 2008

Lynchage

Un que la chose réjouit, c’est bien Darcos. Cette histoire d’enfant de CM1 qui aurait frappé une enseignante est du pain béni pour faire oublier, au moins un temps, la gestion calamiteuse de son ministère. D’autant que les médias, en faisant leur une de l’histoire (pauvre Libé qu’on va finir par ne plus se distinguer du Figaro), lui sont d’un sérieux secours. Des médias, une fois de plus incapables de faire la distinction entre ce qui ressort du fait divers et fait de société, confondant dans le même amalgame geste individuel et responsabilité collective de l’école ou de la société. Les violences d’élèves sur les adultes restent rarissimes à l’école primaire – c’est ce que montraient les enquêtes Signa avant leur suppression  - et l’école du passé n’en était pas non plus protégée. Aussi est-il consternant de voir ressurgir, à quelques mois  d’intervalle, les mêmes inepties bêtes et méchantes qu’on avait vues à l’œuvre à propos de Berlaimont, où se révèlent l’ignorance et la hargne des braves gens, tous nostalgiques du bon vieux temps, des maisons de correction, des bonnes paires de gifles voire du poing dans la figure comme méthode éducative. Cet enfant de 11 ans, avec deux ans de retard à l’école, dont on peut soupçonner les souffrances et la vie difficile, de quel droit le colle-t-on ainsi au pilori ? Ces adultes bien pensants dont l’argumentaire se limite au lynchage des gamins, devraient peut-être commencer par s’interroger sur eux-mêmes, par rechercher d’où leur vient cette hargne, cette violence même pas dissimulée qui les fait jouir quand on frappe un enfant.

Bien sûr, tout fait divers de ce genre est exploité par le pouvoir politique dans un sens toujours plus répressif. Dati sait à merveille les utiliser pour exiger la suppression de la justice des mineurs et, en menant au commissariat un enfant de 11 ans, les policiers réalisent leurs vieux fantasmes. Il faudrait pourtant se rendre compte que prendre prétexte de la moindre déviance pour punir toujours plus conduit inévitablement à l’impasse et que grossir le Code pénal de plusieurs milliers d’articles n’est pas de nature à rendre la société plus harmonieuse.

Cet enfant était suivi par un éducateur spécialisé. L’an prochain, plusieurs milliers de postes d’enseignants spécialisés disparaitront des écoles. Mais les contraintes budgétaires ne sont pas pour tout le monde : le budget de la Justice – comprenez les prisons - est en augmentation de près de 3%. Ce petit de CM1 a ainsi son avenir tout tracé : la prison. C’est ça, aussi, la politique Darcos. C’est ça, aussi, le sens de cette indignation des braves gens, qui dégouline des médias depuis hier et qui sent franchement mauvais.

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Commentaires
M
"...aujourd'hui, le mot "école" est employé dans un sens générique englobant aussi bien l'école primaire que le lycée." Et alors? On parle d'escolier ici, pas d'école...<br /> "Ma référence à 1759 s'adressait simplement à ceux qui s'imaginent que la violence "à l'école" remonte à Mai 68 et pas avant. Je croyais que tout le monde l'avait compris." On donne donc encore le fouet dans les "écoles" de France? Première nouvelle. Je maintiens: la comparaison est foireuse et ne "prouve" strictement rien.
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L
...aujourd'hui, le mot "école" est employé dans un sens générique englobant aussi bien l'école primaire que le lycée.<br /> Ma référence à 1759 s'adressait simplement à ceux qui s'imaginent que la violence "à l'école" remonte à Mai 68 et pas avant. Je croyais que tout le monde l'avait compris.
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M
... à l'époque, "escolier" signifiait "étudiant" et que "collège" au sens actuel ne prend ce sens qu'en 1848. (Robert dixit) Comparaison donc nulle et non avenue.
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L
"Jeudy dernier, un escolier du collège deffonça à coup de coutteau le ventre du quistre qui voulait lui donner le fouet par ordre du principal du collège de Paris", lettre adressée au chapitre de Saint-Pierre de Saumur, 5 août 1759 (Archives départementales de Maine-et-Loire, G 2519)
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V
Le 24 septembre, écrit le quotidien, la directrice de la section d'enseignement général et professionnel adapté (Segpa) du collège Elsa-Triolet, dans 13e arrondissement de Paris, a été violemment frappée par une élève à qui elle avait demandé d'aller en permanence à la suite d'un retard. "Apparemment calmée, la jeune fille de 15 ans attendait l'enseignante devant son bureau. Elle l'a frappée d'un coup de poing au visage, lui cassant le nez", raconte le journal, qui précise que les pompiers ont dû intrevenir pour calmer l'élève.<br /> <br /> Une incapacité de travail de quinze jours a été prescrite à la directrice, qui a décidé de porter plainte. Vendredi, alors qu'elle était en train de se faire opérer pour ses blessures, ses collègues ont arrêté le travail entre 10 heures et midi pour alerter sur la situation des Segpa, des établissements spécialisés dans l'accueil de jeunes en grande difficulté scolaire. L'hypothèse d'une grève est aussi envisagée, indique Le Parisien.<br /> <br /> L'agresseuse, qui avait déjà été exclue de deux établissements pour violences, sera exclue du collège jeudi, en attendant d'éventuelles poursuites.<br /> <br /> Le Monde.fr
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