Mourir à 16 ans
Nabil, 16 ans, s’est donc pendu à la prison de Metz. Mourir à 16 ans en prison. Comme si cette mort honteuse ne suffisait pas, il a fallu que les matons en rajoutent une couche, affirmant que le jeune homme était mort « par jeu » (Libé.fr, 09/10/2008)et Dati, la matonne en chef, s’est montrée à la hauteur de sa monstruosité pathologique, convoquant la presse pour annoncer les mesures qui s’imposent : désormais, lors de leur incarcération, les mineurs feront l’objet d’une « grille d’évaluation des risques suicidaires » (le Monde.fr, 09/10/2008). Les mots manquent pour dire toute la colère que l’on ressent devant un tel cynisme. Depuis des années, les mineurs sont la cible préférée du sarkozisme : « la sanction avant la prévention » (formule officielle) est devenue la règle et, dans le budget de 2009, les crédits de la Prévention judiciaire de la jeunesse sont en chute libre. Il y a eu successivement les centres éducatifs fermés, puis les EPM mais aussi l’incarcération massive des mineurs dans les prisons d’adultes comme c’est le cas pour Nabil. Une prison « modèle » comme n’a pas craint d’affirmer Dati, une prison modèle où quatre détenus se sont suicidés au cours des cinq derniers mois. Mais on n’en a pas fini avec l’acharnement de Dati contre les mineurs et la justice censée les protéger, l’ordonnance de 1945 étant jugée comme responsable de tous les maux de la planète : c’est au retour des maisons de correction qu’on travaille, ce qui parachèvera l’œuvre titanesque de Sarkozy (avec la prospérité économique...) La prison comme seul horizon : le Code pénal s’est alourdi de plusieurs centaines de délits nouveaux, tous passibles de prison. 42000 détenus dans les prisons françaises en 2002, 65000 aujourd’hui : qui osera prétendre qu’on est plus en sécurité pour cela ? Bien sûr, Dati et Sarkozy ne sont pas les seuls reponsables de la mort de Nabil, puisque l’opinion publique, majoritairement, suit et réclame toujours plus. Dans ces conditions, la mort d’un jeune de 16 ans en prison ce n’est pas une fatalité, ce n’est pas un « jeu », cela ressemble plutôt à un suicide assisté ou à un homicide. Mais bien sûr, les responsables ne seront jamais inquiétés.