Violence à l'école : Darcos "s'énerve un peu"
« Je suis venu exprimer à la fois ma sympathie mais aussi ma détermination vis à vis des problèmes de violence à l’école », a déclaré Darcos en visite au lycée de Grenoble où un proviseur a été agressé. Pour ce qui est de la détermination du ministre, on n’aura pas l’insolence de le renvoyer aux mâles propos du ministre délégué à l’enseignement scolaire qui, déjà, en 2002, affirmait vouloir « faire baisser la violence de moitié en cinq ans ». Le ministre en question s’appelait Darcos, mais ce n’est peut-être qu’une homonymie.
Plus préoccupant – Darcos n’est pas à une contradiction près et, après tout, l’opinion publique a la mémoire courte – la suite de son intervention où il ne craint pas de dénoncer le « zèle » de certains à « mettre en garde à vue » des profs quand « ils s’énervent un peu. » « Certains » juges apprécieront la mise en garde. Autrement dit, Darcos exige l’application de la loi quand les élèves sont en cause mais pas lorsque les profs le sont. Le ministre avait déjà donné un aperçu de sa curieuse philosophie de la loi et du droit lors de l’affaire de Berlaimont, en regrettant que l’élève tabassé par un prof « n’ait pas été suffisamment puni », avant d’être désavoué par la Justice (ou par un « certain » juge) qui avait finalement condamné l’enseignant, reconnaissant par là sa faute. Que, face aux problèmes de violence à l’école, un ministre chargé de l’Education n’ait rien d’autre à suggérer aux profs que de « s’énerver un peu », c’est-à-dire de cogner, montre à quelle impasse mène le discours punitif. Le prochain incident est pour quand ?