La Marseillaise sert à tout
C’est donc à Vichy que s’est tenue la conférence européenne sur l’immigration. Face à une Europe qui se replie brutalement sur elle-même, on est prié de ne voir dans le choix de cette ville aucun symbole particulier. Et d’ailleurs, comme l’a dit avec sa délicatesse habituelle l’organisateur Hortefeux, « on en a ras le bol de cette histoire de passé ... » Il ne faudrait sans doute pas trop le pousser, ce ministre de l’immigration et des valeurs nationales, pour l’entendre reprendre à son compte le célèbre « point de détail » de Le Pen. Sarkozy qui, un temps, voulait faire porter la mémoire de la Shoah aux écoliers de CM2 est resté muet sur les déclarations de son ministre préféré, de même que Darcos qui regrettait les faibles connaissances des lycéens sur cette période de l’histoire. Période, que, d’ailleurs, Hortefeux aimerait voir débaptisée : il ne s’agirait plus du « régime de Vichy » mais du « régime de Pétain » (Libé, 04/11/2008). Foin de repentance : tout ça serait donc de la faute d'un vieux militaire qui n'avait plus toute sa tête. C’en est fini de la Collaboration et des collaborateurs, de Papon, du Vel’d’Hiv’ ou de Beaune-la-Rolande. Voilà Darcos rassuré : nul besoin des parlementaires pour écrire les programmes d’histoire, le gouvernement se débrouille très bien tout seul.
Dans la foulée, Hortefeux voudrait imposer aux nouveaux immigrants toutes sortes d’obligations, comme apprendre la langue et les « valeurs » du pays. Ainsi, un Malien débarquant à Morlaix devra donc parler breton...Pour ce qui est des « valeurs », Hortefeux n’a évidemment pas manqué d’évoquer les symboles nationaux comme la Marseillaise, dont, a-t-il regretté (France info, aujourd’hui,) « on connait la mélodie mais pas la pédagogie ». La « pédagogie » de la Marseillaise ? Chacun appréciera comme il l’entend l’emploi de ce mot dans la bouche du ministre des rafles et des camps, un ministre qui pourchasse parents et enfants jusque dans les écoles.