Il n'y a plus d'enfants
Malgré le désaveu de Fillon sur la prison à 12 ans – mais que vaut la parole du Pemier ministre ? – le rapport Varinard risque de faire des dégâts. Non seulement par ce qu’il préconise mais aussi par le climat qu’il entretient et les principes qui le sous-tendent. Tout au long de ses 230 pages, on cherche en vain une référence à quelque chose qui ressemblerait à de la prévention. Lorsqu’un enfant est à la dérive, cela se voit, le premier fait délictuel n’arrive pas de rien, comme par hasard. Mais le rapport, par dogmatisme, s’interdit de regarder en amont et d’agir avant le passage à l’acte. Les travailleurs sociaux, les éducateurs sont superbement ignorés mais dès la première défaillance, on enverra la police et la justice ne fera pas de cadeau. L’enfant n’est plus reconnu comme éducable, il n’est même plus reconnu comme enfant, le rapport suggèrant un changement d’appellation, la justice des enfants devenant la justice des mineurs. La simultanéité entre la publication du rapport Varinard et la dernière sortie du porte-parole de l’UMP sur le dépistage de la délinquance dès l’âge de 3 ans ne résulte pas d’une coïncidence fortuite : puisque l’on naît délinquant, puisque la criminalité serait quasi génétique, il n’est donc plus nécessaire d’éduquer. Il suffit de dépister, de surveiller et de punir. La société qui résulterait de telles illusions n’est pas difficile à imaginer.
Mercredi soir, pour la première fois depuis la création de ce blog, j’ai été contraint d’en fermer momentanément les commentaires. Dans mon post du 1/12/2008 (« Comment dire » ?) je pensais pourtant avoir dit clairement les choses. Je n’ai rien à y rajouter ; a vie est trop courte pour la perdre en futilités.