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Journal d'école
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10 décembre 2008

Des terroristes à l'école ?

Il est scandalisé, le recteur de l’académie de Montpellier, devant le refus de Bastien Cazals, directeur de maternelle de mettre en œuvre le soutien Darcos dans son école. Sous le prétexte que « quand on ne fait pas son travail, on n’est pas payé », il vient de lui retirer cinq journées de salaire. Il faut croire que la hiérarchie commence à s’inquiéter de ce début de désobéissance civile dans l’EN, pour sanctionner aussi brutalement un prof dont le seul tort est de dire à voix haute tout le mal qu’il pense de son ministre de tutelle, un prof dont on peut penser que, non seulement il fait bien son travail mais sans doute beaucoup plus consciencieusement que nombre de ses collègues qui se précipitent sur les heures sup défiscalisées, non pas  - du moins pour certains – dans le but d’aider les élèves mais plus banalement, pour arrondir leur fin de mois. Car s’il y a scandale, occulté pour l’instant, c’est bien dans cette grossière mystification qui consiste à faire croire qu’on s’occupe des élèves en difficulté parce qu’on met en leur présence un prof qui très souvent ne les connaît même pas, se contentant, dans certains cas, de faire acte de présence, de n’assurer en fin de compte rien d’autre qu’une heure de surveillance et de toucher le pactole en fin de mois. La retenue sur salaire d’un enseignant honnête et courageux reste en travers de la gorge ; c’est un délit d’opinion qu’on sanctionne et rien d’autre. Le même recteur, très en verve et manifestement très en cour n’est pas gêné d’ajouter : «  je n’imagine pas que la nation puisse rémunérer quelqu’un qui refuse d’aider les élèves en difficulté. » Mais que la nation puisse rémunérer quelqu’un qui fait semblant d’aider les élèves en difficulté ne semble pas tourmenter notre haut fonctionnaire.

Dans ce mouvement naissant de désobéissance, Darcos voit la main de « l’ultra gauche » (le Monde, 10/12/2008). Encore un peu et  il y verra des « terroristes » ; ce sera alors l’occasion pour Alliot-Marie de se couvrir de gloire comme elle l’a fait avec les planteurs de carottes de Corrèze... Curieuses, ces étiquettes d’ « ultra gauche », d’ « autonome », accolées à tort et à travers à un mouvement d’opinion qui prend des formes nouvelles, alors qu’on ne s’est jamais inquiété de l’imprégnation manifestement « d’extrême droite » des contempteurs de la pédagogie.

A part cela, c’était cet après-midi à Bordeaux, un lycéen condamné en comparution immédiate à trois mois de prison ferme. Les hermines à la botte des puissants sont quand même plus conciliantes avec les casseurs des manifs agricoles.

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Commentaires
E
Le chanteur Daniel Guichard donne de la voix après une descente de gendarmerie au collège<br /> <br /> C’est un cri du cœur, un cri qui vient de l’intérieur. Daniel Guichard, le tendre et rassurant crooner des années 1970 s’est élevé contre l'opération menée lundi matin à 7h30 devant le collège de Vendres (Hérault) par les gendarmes de la brigade de Valras, sur réquisition du procureur de la République de Béziers.<br /> <br /> Alors qu’il emmène ses enfants à l’école (dans son camping-car mythique?), Daniel Guichard voit des élèves alignés devant l’établissement. «Voir les enfants des cars de ramassage scolaire attendre leur tour pour descendre et se mettre face au mur, afin de permettre aux chiens de renifler leur cartable pour y découvrir d'éventuels stupéfiants, pour moi, c'est un spectacle affligeant qui m'a choqué», explique le chanteur au «Midi Libre». <br /> <br /> Il en tremble d’émotion, Daniel, comme quand il interprétait «Mon Vieux» en 1975 à la mémoire de son défunt père. Il immortalise la scène à l'aide de son téléphone portable, et s’oppose assez vivement à un gendarme. Dans la foulée, il contacte son quotidien local, qui titrera finement «Le contrôle devant le collège de Vendres met en pétard Daniel Guichard». <br /> <br /> «Mais ça, nos intellectuels n'y ont pas pensé»<br /> <br /> Il s’en va ensuite rédiger un courrier adressé à Michèle Alliot-Marie, ministre de l'Intérieur, où il exprime sa «colère» et son «dégoût». Il est outré: «Avec ce type d'action, les petits cracks, s'il y en a, vont devenir de vraies vedettes mais ça, nos intellectuels n'y ont pas pensé!»<br /> <br /> Prudente, surtout depuis la descente de gendarmerie musclée menée au collège de Marcias (Gers) le 19 novembre dernier, la direction de l'établissement explique que l'opération a été fructueuse et s'est déroulée dans d'excellentes conditions: «La majorité des parents présents a d'ailleurs approuvé l'initiative et le déroulement de cette intervention.»<br /> <br /> Pour calmer Guichard rebelle comme un gitan d’antan, le colonel Agostini, commandant du groupement de l'Hérault, s’est expliqué au «Midi Libre», dans un souci de transparence qui tranche avec nombre de brigades gendarmerie: «Cette recherche de stupéfiants s'est faite dans un cadre judiciaire clair, avec l'aide du Groupe d'intervention cynophile de Montpellier. On a bien travaillé en amont avec la principale. Et tout s'est parfaitement déroulé. Au vu de cette polémique, je crains qu'il y ait un décalage entre des positions idéologiques de certaines personnes et ma réalité de terrain.»
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L
Mon ultime commentaire sur le "niveau" des élèves (parce qu'il y a quand même plus intéressant comme débat et que, de toutes façons dans 1000 ou 2000 ans, il se trouvera toujours des gens pour poser la même question dans les mêmes termes):<br /> - je ne sais vraiment pas comment on pourrait comparer les compétences, les savoirs des individus à un siècle de distance. Si les élèves faisaient moins de fautes dans une dictée (et encore pas tous, on n'a conservé que les meilleures), l'éducation peut-elle se ramener à l'orthographe, discipline dont, au passage, on ne voit pas pourquoi elle resterait figée sur une époque donnée, ce qui n'a jamais été le cas jusque là. Existe-t-il un autre domaine que l'éducation où l'on s'interdirait de faire autrement qu'il y a un siècle ?<br /> - le problème de notre époque n'est pas le primaire mais le secondaire, pour lequel, là encore, le passé n'a aucune leçon à donner puisque le secondaire fut pendant longtemps réservé à une élite financière. <br /> <br /> Mais Victor est tout à fait libre de nous déposer encore "des milliers de preuves" (des preuves de quoi au juste ?) ou des criailleries d'universitaires (mais, ils criaient déjà il y a un siècle même davantage sur le déclin de l'instruction). <br /> <br /> Pour Brighelli et ses comparses, les pédagogues sont des khmers rouges ; Christophe les assimile à son tour à des Staliniens. C'est fou comme l'échange d'idées est intéressant... A ma connaissance, l'administration centrale de l'EN n'a jamais été un repaire de pédagogues et l'on doute qu' un ministre qui a le pouvoir de supprimer des dizaines de milliers de postes dans son ministère n'ait vraiment aucun pouvoir sur son administration.
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C
Une chose qui vous a échappé, Victor, Lubin a aussi écrit:<br /> "Au cours du demi-siècle écoulé, la France a connu très majoritairement des régimes politiques conservateurs et l'école a presque toujours fonctionné par référence au passé".<br /> Mais ça devait être du second degré... Sur l'état actuel de l'EN, où le critère pertinent est la continuité de l'action de l'administration centrale, bien plus que la valse des ministres (de droite ou de gauche), la comparaison qui s'impose est en effet bien plutôt celle du Gosplan soviétique, avec les objectifs quinquennaux délirants, chaque fois dépassés grâce au stakhanovisme des élites prolétariennes: n'est-ce pas ce que nous avons, avec des objectifs chiffrés (80% au Bac, 14 de moyenne obligatoire dans telle matière...etc), et la satisfaction, pour le ministère, garant des intérêts du Peuple, de voir que, chaque année, les objectifs glorieux de l'année précédente sont encore dépassés -même les années où, malgré un mois de grève passé hors des salles de classe, les élèves pulvérisent le record jusqu'alors inégalé du millésime 1968?<br /> Si regard vers le passé il y a, cher Lubin, ce n'est pas vers celui, conservateur, de l'école rêvée à la Brighelli, c'est vers celui du socialisme progressiste, lumineuse espérance du genre humain... Lorsqu'on sait ce qu'il a pu donner par ailleurs, on ne peut que souhaiter, au contraire, un conservatisme de bon aloi qui, à défaut de visées pédagogiques géniales, commettrait moins de dégâts.
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V
"Et c'est une plaisanterie que d'affirmer que les bacheliers d'aujourd'hui auraient un niveau inférieur à celui des écoliers du début du siècle, surtout quand on n'a pas le moyen de le prouver."<br /> <br /> ?????????????????????????<br /> <br /> Un professeur de terminale ou d'université peut vous en offrir la démonstration quotidiennement. Je tiens à votre disposition des milliers de preuves, hélas ! Mais vous en avez sûrement plein votre propre cartable...
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C
Effectivement comparaison n'est pas raison. Les compétences actuelles en informatique ne peuvent être mises en regard des compétences en orthographe début XXe. Pas plus d'ailleurs que les rapports d'inspection des années 20 ne sauraient être lus sans distanciation: s'en autoriser pour défendre les "avancées" du pédagogisme serait malhonnête; car les inspecteurs en question auraient été, à n'en pas douter, les premiers à hurler aux meirieuseries.<br /> Si je m'en tiens à un critère "objectif" qui est celui de la capacité à formuler librement sa pensée, à développer une argumentation, bref à exercer sa citoyenneté, objectif dont on nous rabâche les oreilles comme devant être celui de l'école, je constate que les élèves que j'ai en "phase terminale" en sont loin, et probablement nettement plus loin que nous ne pouvions l'être à leur âge, tout simplement parce que le français est leur véritable LV1. On pourra arguer que la massification brouille le phénomène, et que le niveau constatable il y a 20 ans au bac concernait 40 ou 50% de la population d'une classe d'âge, contre 80% aujourd'hui. L'argument est valable mais alors il dissimule une critique possible: fallait-il, au nom d'objectifs quantitatifs, renoncer à une transmission réelle des savoirs et céder sur les exigences? Ma comparaison à moi, c'est l'alpinisme: faites grimper un 8000 à tout le monde, vous laisserez 90% en cours de route, mais au moins tout le monde aura été au bout de ses possibilités et aura progressé; proposez de grimper les alpes mancelles (400 m) -c'est le système actuel-, tout le monde y arrive, c'est super, même les handicapés peuvent le faire sans assistance, mais au moins on est sûr d'une chose: aucun risque d'avoir appris quoi que ce soit pour réaliser cet "objectif".
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