Des terroristes à l'école ?
Il est scandalisé, le recteur de l’académie de Montpellier, devant le refus de Bastien Cazals, directeur de maternelle de mettre en œuvre le soutien Darcos dans son école. Sous le prétexte que « quand on ne fait pas son travail, on n’est pas payé », il vient de lui retirer cinq journées de salaire. Il faut croire que la hiérarchie commence à s’inquiéter de ce début de désobéissance civile dans l’EN, pour sanctionner aussi brutalement un prof dont le seul tort est de dire à voix haute tout le mal qu’il pense de son ministre de tutelle, un prof dont on peut penser que, non seulement il fait bien son travail mais sans doute beaucoup plus consciencieusement que nombre de ses collègues qui se précipitent sur les heures sup défiscalisées, non pas - du moins pour certains – dans le but d’aider les élèves mais plus banalement, pour arrondir leur fin de mois. Car s’il y a scandale, occulté pour l’instant, c’est bien dans cette grossière mystification qui consiste à faire croire qu’on s’occupe des élèves en difficulté parce qu’on met en leur présence un prof qui très souvent ne les connaît même pas, se contentant, dans certains cas, de faire acte de présence, de n’assurer en fin de compte rien d’autre qu’une heure de surveillance et de toucher le pactole en fin de mois. La retenue sur salaire d’un enseignant honnête et courageux reste en travers de la gorge ; c’est un délit d’opinion qu’on sanctionne et rien d’autre. Le même recteur, très en verve et manifestement très en cour n’est pas gêné d’ajouter : « je n’imagine pas que la nation puisse rémunérer quelqu’un qui refuse d’aider les élèves en difficulté. » Mais que la nation puisse rémunérer quelqu’un qui fait semblant d’aider les élèves en difficulté ne semble pas tourmenter notre haut fonctionnaire.
Dans ce mouvement naissant de désobéissance, Darcos voit la main de « l’ultra gauche » (le Monde, 10/12/2008). Encore un peu et il y verra des « terroristes » ; ce sera alors l’occasion pour Alliot-Marie de se couvrir de gloire comme elle l’a fait avec les planteurs de carottes de Corrèze... Curieuses, ces étiquettes d’ « ultra gauche », d’ « autonome », accolées à tort et à travers à un mouvement d’opinion qui prend des formes nouvelles, alors qu’on ne s’est jamais inquiété de l’imprégnation manifestement « d’extrême droite » des contempteurs de la pédagogie.
A part cela, c’était cet après-midi à Bordeaux, un lycéen condamné en comparution immédiate à trois mois de prison ferme. Les hermines à la botte des puissants sont quand même plus conciliantes avec les casseurs des manifs agricoles.