Brutalisation
Un chef d’établissement ou plutôt un shérif, cette principale (puisqu’il paraît que c’est une femme...) du collège de Vendres (Hérault) qui, lundi matin, a organisé cette pitoyable descente de gendarmes à l’entrée des élèves ? De tout jeunes élèves plaqués au mur comme des délinquants, flairés et fouillés par chiens et gendarmes à la recherche de drogue. « Franc succès » pour la principale, « on a bien travaillé », plastronnent les flics. Pour un résultat effectivement stupéfiant : ils n’ont rien trouvé ! Envers qui d’autre que des enfants se permettrait-on ce genre de turpitude ? Comment une principale dont on croyait que la fonction était d’abord éducative peut-elle se laisser ainsi aller à des méthodes de basse police ? Est-ce par conviction ? Mais dans ce cas, elle s’est trompée de métier ; c’est le concours de recrutement de la police qu’il lui fallait passer. Est-ce par carriérisme, dans l’attente d’une promotion ou d’une prime de fin d’année ? Une fois de plus, on n’a pas entendu la réaction des profs ; un silence qui vaut consentement. Car si c’est la trouille de l’autorité qui les fait se taire, ce sont de bien piètres modèles qu’ils donnent à la jeunesse, avec une triste image de leur métier. Et si c’est par conviction, on a tout à craindre d’une idéologie qui ferait de la peur et de l’humiliation les fondements de l’éducation.
Il y a quelques jours (Journal d’école, 03/12/2008), à propos de faits similaires dans le Gers, avec un procureur se félicitant de créer de « la bonne insécurité » chez les élèves, je faisais observer que ce genre d’opérations n’avait rien d’exceptionnel. Malgré la reculade de Darcos sur les lycées, force est de constater que le sarkozisme a gangrené en profondeur enseignants et chefs d’établissement. Ce soir, on serait presque tenté de dire qu’au regard de la brutalisation de l’éducation que révèle ce nouvel épisode, l’avenir de Darcos et de sa réforme des lycées paraîtrait presque insignifiant.
C’est au chanteur Daniel Guichard qui passait par là au même moment que l’on doit cette photo (le Midi Libre, 16/12/2008) ainsi qu’un salutaire coup de gueule.