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Journal d'école
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6 février 2009

La dictée et après ?

Une fois n’est pas coutume, je vais dire quelques mots de mes élèves, les petits 6e plus précisément, qui ont fait il y a quelques jours une évaluation de géographie sur l’homme dans les régions chaudes. « La nature n’est rien sans le travail des hommes ; les hommes ne seraient rien sans la nature » : sur ce thème, en utilisant les connaissances acquises pendant les cours, ils devaient rédiger un petit texte montrant qu’ils avaient compris l’interaction entre les activités humaines et le milieu naturel. Ils s’en sont ma foi plutôt bien sortis, sur un sujet qui nécessitait en plus des savoirs, de la réflexion et des capacités d’expression écrite. Ce sont ces dernières qui, d’ailleurs, ont posé le plus de problèmes avec en particulier, non pas tant des fautes d’orthographe que, chez les plus faibles, des difficultés à verbaliser. Cette évaluation est intervenue alors que tombaient avec la dernière étude de la DEP et la nouvelle croisade de Sauvez les lettres, sponsorisée par le Figaro, les sempiternelles lamentations sur « la baisse de niveau », censée confirmée par le nombre de fautes dans une dictée. Et pourtant...

Si les fautes de français dans le travail de mes élèves sont assez nombreuses – souvent d’ailleurs, causées par l’inattention puisque les élèves sont en mesure de les corriger d’eux-mêmes dans un second temps, détail d’ailleurs curieusement négligé par les statisticiens de la dictée dont la grande préoccupation se limite à comptabiliser le nombre de fautes – il est mal venu de dénoncer pour ce seul fait une baisse de niveau alors que les capacités qu’ils ont développées dans l’exercice sont au contraire le signe d’aptitudes certaines et d’un « niveau » - pour reprendre le poncif favori des déclinologues – bien supérieur à celui des décennies écoulées. Aujourd’hui des élèves de 11-12 ans ne sont nullement déroutés par une réflexion sur l’homme et la nature quand les compétences requises chez des écoliers de leur âge – et même de plus âgés, le certificat d’études se passant à 13-14 ans - sous la IIIe République consistait à énumérer la liste des sous-préfectures ou des fleuves. A bien y regarder, qui parmi les adultes si prompts à s’inventer après coup une scolarité de rêve, serait en mesure de rédiger une quinzaine de lignes bien pensées sur les relations entre l’homme et la nature dans le milieu tropical ?

En matière éducative, la grande réussite – et la grande supercherie - des traditionalistes aura finalement consisté à faire passer la dictée pour la référence absolue du niveau scolaire. Consécration pourtant frauduleuse pour une épreuve qui ne dit pas grand chose d’un élève, de ses difficultés ni des remédiations possibles. A l’époque de Jules Ferry, des inspecteurs dénonçaient l’abus de dictée et la paresseuse tendance de certains maîtres à se reposer sur un exercice dont l’utilité ne leur paraissait pas si évidente que cela. Paresseuse, parce qu’effectivement, la dictée ne demande pas de gros efforts de la part de l’enseignant comme de la part des élèves. Pour l’école de notre époque, il est urgent de rechercher d’autres critères d’évaluation, d’autres références qu’un exercice finalement peu exigeant, historiquement daté, peu représentatif des compétences réelles d’un élève et encore moins susceptible de l’aider à progresser.

Avec les vacances de la zone A, Journal d’école prend ses quartiers d’hiver et quelques jours de vacances. Oui, je sais, cinq semaines entre les congés de Noël et ceux de février, c’est montrer bien peu de respect pour le rythme des élèves mais dans ce domaine comme dans tous les autres, c’est toujours le ministre qui décide. Bonnes vacances pour ceux qui en prennent. A bientôt.

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Commentaires
M
"les petits racistes du net, qui comparent les noirs à des singes, qui coulent l'antisémitisme dans l'intégrisme catho, je leur explique ma façon de pensée très brut de décoffrage, en effet"<br /> Le rapport avec ce fil?<br /> "de visu c'est plus physique"<br /> Des menaces, maintenant?<br /> "quand un outil est obsolète, on en change<br /> il FAUT réformer l'orthographe"<br /> Cela peut se discuter; on voit mal en revanche pourquoi ce serait un impératif catégorique. (Et ce n'est pas en répétant une formule ad nauseam qu'elle devient une évidence). Cela dit, pour l'instant l'orthographe n'est pas "réformée": donc "c'est considéré l'outil comme un objet à part entière", c'est bien mal considéreR l'infinitif...
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E
les petits racistes du net, qui comparent les noirs à des singes, qui coulent l'antisémitisme dans l'intégrisme catho, je leur explique ma façon de pensée très brut de décoffrage, en effet<br /> de visu c'est plus physique<br /> "la cause", méfès, c'est l'éducation, pas le dressage<br /> instaurer la défense de l'orthographe absolue en dogme, comme on a pu le voir hier soir au JT de la deux, est irresponsable et stupide : c'est considéré l'outil comme un objet à part entière<br /> on a vu le valet de la propagande affirmer "les élèves de collège écrivent comme des cm2"... mince... en CM2 ils connaissent l'orthographe, mais plus en 4ème... et on enchaîne sur deux leniveauquibaissistes... un linguiste pour en causer? que nenni<br /> tant que des courts du neurones idéologiques considèreront l'orthographe comme une science, alors que ce n'est qu'une norme sociale datant du 19ème siècle, tant que ces contempteurs du passé le plus rance professeront leur idéologie élitiste, oui, l'orthographe sera un frein à l'éducation<br /> quand un outil est obsolète, on en change<br /> il FAUT réformer l'orthographe
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M
"Si je reconnais qu'ElDuendeLoco va plus vite dans le propos vulgaire, je considère que l'insulte et la provocation sont très partagés."<br /> Non. Dans l'insulte, El Duende est le champion incontestable; cela fait des années qu'il s'entraîne, notamment sur le forum France 2. Que les esprits s'échauffent, cela n'est pas bien grave. Mais qu'un commentateur se permette, comme El Duende, l'invective systématique (et je ne m'étendrai même pas sur l'allusion proprement SCANDALEUSE aux "protocoles des Sages de Sion", en date du 9 février, qui va très, très loin, au-delà de la "provocation") en lieu et place de la moindre argumentation, je regrette, mais c'est honteux, quel que puisse être le "point de vue". <br /> Mais curieusement, El Duende peut jouer à ce petit jeu sur à peu près tous les sites pédagos, JUSTEMENT parce qu'il défend la "Cause".
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J
@Tartempion<br /> <br /> Parce qu'à votre avis, quand je fustige le comportement "café du commerce" et buveurs de bière, je fustige le peuple.<br /> Il faut arrêter les images d'Epinal.
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J
Meles, je ne vois pas en quoi vous considérez qu'il y a plainte. Je faisais juste un constat,sans stigmatiser car je crois qu'il y a effectivement responsabilité collective. Je vais donc stigmatiser :<br /> <br /> Pour les buveurs de bière, je mettais au moins 4 personnes dans le lot. ElDuendeLoco, Tartempion, Meles et moi-même qui, je le sais, ne suis pas toujours très fin.<br /> <br /> Si je reconnais qu'ElDuendeLoco va plus vite dans le propos vulgaire, je considère que l'insulte et la provocation sont très partagés. Mais il s'agit là de points de vue qui n'ont pas nécessairement vocation à être partagés.
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