Darcos et son cabinet de l'ombre
On apprend par la presse (Le Monde, 23/02/2009, Nouvel Obs, id) que Sarkozy a déjeuné avec 11 enseignants du primaire et du secondaire chargés d’éclairer sa lanterne sur les questions éducatives. Selon Darcos, ces enseignants ont été sélectionnés pour leur « notoriété publique ». Effectivement...Dans la liste – que je n’ai pas pu consulter intégralement, on relève les noms de Rachel Boutonnet, l’égérie des bonnes vieilles méthodes et des coups de règle sur les doigts ou de Sébastien Clerc, responsable autoproclamé de la formation des profs et créateur de ces inénénarrables stages de « tenue » de classe où l’on apprend aux jeunes profs à afficher une mine « relativement inquiétante » (sic) devant les élèves ou à « théâtraliser leur cours » (Journal d’école, 24/01/2009).
Avec cette rencontre, on retrouve ce mélange d’amateurisme, de copinage et de provocation caractéristiques de la politique éducative du gouvernement, avec toujours, cette volonté de contourner non seulement les syndicats mais aussi les mouvements pédagogiques et l’ensemble des organisations professionnelles au profit d’une consultation de façade, caricaturale, avec des partenaires choisis dans l’ombre, ne représentant qu’eux-mêmes et dénués de toute représentativité. « Ils cherchent d’autres interlocuteurs que les syndicats », confesse benoîtement Boutonnet, amalgamant dans une même entité - « les syndicats » - les opinions et les propositions les plus diverses. Si le gouvernement cherche effectivement « d’autres interlocuteurs que les syndicats », il pourrait également se tourner vers la myriade de professionnels, enseignants, éducateurs, pédagogues, chercheurs, parents qui tous, à des titres divers, réfléchissent et travaillent à l’avenir de l’école et qu’il persiste avec obstination à ignorer. A l’issue de cette journée, Darcos a tenu à préciser qu'il comptait poursuivre ces rencontres avec ce même groupe pour "faire la synthèse de ce qu'ils disent et en tenir compte". Malgré les récentes reculades du gouvernement devant les enseignants-chercheurs, on voit bien que le gouvernement n’arrive pas à se défaire d’un mépris viscéral pour les acteurs de l’éducation et, plus largement, pour l’ensemble du corps social et de ses représentants.