Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Journal d'école
Publicité
Archives
22 mars 2009

Sarkozy console les profs

« Quand on lapide un gendarme ou un policier, quand on frappe un professeur, c’est à la République que l’on s’en prend » (le Monde, 18/03/2009). L’affirmation est, bien sûr, de Sarkozy mais il n’est nullement certain que les enseignants aient quoi que ce soit à gagner à ce rapprochement polémique et de pure convenance politicienne entre profs et policiers. Lorsque Sarkozy reçoit à l’Elysée le principal et quelques profs du collège de Garges, où une dizaine de jeunes se sont brutalement introduits, il est comme à son habitude dans la récupération médiatique. En se rendant à l’invitation (à la convocation ?) de Sarkozy, en acceptant de rentrer dans son jeu favori de la compassion pour les victimes, les enseignants et chefs d’établissement concernés donnent l’impression de cautionner une grossière manipulation qui, pourtant, ne devrait pas tromper grand monde. Il est difficile de croire à l’honnêteté d’un individu qui, il y a quelques semaines jugeait les enseignants « insupportables, infréquentables, haïssables » (le Canard enchaîné, 25/02/2009) et dont toute la politique confirme le mépris et l’aversion dans lesquels il tient l’école et ses acteurs. A ses yeux, ne sont dignes d’attention que les enseignants victimes de violences, parce que cela sert son intérêt.

Mais il y a plus grave : assimiler dans un même raccourci les violences dont sont victimes policiers et enseignants peut conduire un certain nombre d’élèves à ne plus faire de distinction entre les deux et à transférer sur les seconds, l’hostilité qu’ils vouent aux premiers. La profonde inimitié qu’une large fraction de la jeunesse – et pas seulement la jeunesse... – voue à la police résulte pour une bonne part du détournement de l’action policière mené par Sarkozy depuis bientôt sept ans, depuis son arrivée à l’Intérieur. La police n’est plus perçue comme un corps au service de la société, de la république, mais comme une sorte de milice au service du pouvoir. On voit trop bien comment l’exploitation politicienne des dernières violences en milieu scolaire et la répression accrue qui semble se préparer peuvent pousser un certain nombre d’élèves à reporter sur les profs l’inimitié parfaitement légitime qu’ils entretiennent pour Sarkozy. Les enseignants qui acceptent de se rendre à l’Elysée donnent l’impression de choisir un camp contre l’autre, ce qui n’est pas la meilleure façon de faire baisser les tensions. Un qui ne semble pas avoir d’état d’âme à ce sujet, est le principal du collège Guy-Môquet (pas de plaisanteries faciles, svp...) qui a déposé plainte pour « violences » contre un élève de 14 ans qui avait « refusé de se mettre en rang » (le Monde, 20/03/2009). Se trouvera-t-il un juge pour prendre au sérieux ce genre de plainte ? En attendant de le savoir, force est de constater qu’il ne manque pas à l’Education nationale de personnels prompts à privilégier leur statut de fonctionnaire par rapport à celui d’éducateur.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité