Les dessous de la jupe
Des « élèves impossibles, suppôts d’imams, serial violeurs, barbares ... [des profs] collabos, (...) pactiseurs de barbarie, ...qui viennent au lycée culotte baissée, ... qui se trimballent avec le Coran dans le cartable, qui le connaissent mieux que leurs élèves même – et qui s’en vantent (...) » De qui, ces lignes hideuses qui puent le racisme, qui relèvent du délit d’incitation à la haine raciale ? Pas de Le Pen, trop occupé au Parlement européen avec sa nouvelle sortie sur la Shoah mais plus simplement de Brighelli sur son blog à propos de la « Journée de la jupe ». On ne s’étendra pas sur ce film caricatural et abject, encensé par l’extrême-droite et qui fait davantage pour la diffusion des clichés racistes que toute la propagande du Front national. Le machisme, n’est-ce pas, la violence et l’intolérance, ça ne se voit que dans des collèges de banlieue, avec des élèves issus de l’immigration, jamais dans les lycées huppés, dans les collèges de la France profonde où l’on chercherait vainement un élève à la peau sombre. Le sexisme, comme on le sait, c’est le truc des Arabes mais pas des bons Français. Les violences conjugales, on n’en a jamais vues chez les braves gens bien de chez nous. Pourquoi faut-il qu’en France la dénonciation de la violence et de la bêtise cible en priorité les Arabes et les Noirs ? Parce qu’ils y seraient génétiquement ou culturellement enclins ? On ne peut croire à l’honnêteté d’un film qui repose sur de tels sous-entendus. Ce genre d’entreprise n’est jamais innocent.
Avec ces fantasmes sordides portés à l’écran, Brighelli retrouve ses combats de toujours. Il est ici chez lui, toujours prêt à la ratonnade, fulminant sa haine des élèves, « des tarés-frustrés-péteux incapables de séduire ». On retrouve ici les douteuses obsessions de l’auteur de Fin de récré (p.122), adversaire de la mixité, partisan de l’uniforme, qui voit dans le pantalon une « contrainte » imposée aux femmes, et qui se permet de juger « obscènes » et « vulgaires » les marques d’une féminité qu’il est trop vieux pour comprendre, comme il ne comprend rien au monde d’aujourd’hui. Vieux et ridicule, Brighelli.
Dans une interview, Lilienfeld, le réalisateur du film, affirme qu’il est urgent de « remettre le professeur au centre de l’école, pas l’élève », formule éculée et bien connue, qui vient à point nommé nous rappeler qu’en matière éducative, la nostalgie des bonnes vieilles méthodes est indissociable des délires politiques les plus inquiétants.