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Journal d'école
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13 avril 2009

Illusion identitaire

La fonction du ministre de l’Immigration et de l’Identité nationale ne se réduit pas seulement à rafler – son objectif pour 2009 s’élève à 27 000 expulsions, un score nettement supérieur à celui de son prédécesseur de sinistre mémoire – mais aussi, comme le lui demande Sarkozy dans sa lettre de mission du 7 avril « d’engager les actions permettant de valoriser les principes de la République et les valeurs fondamentales de notre communauté nationale (...), en renforçant la place des emblèmes et symboles de la République, des langues, de son drapeau, de son hymne, des valeurs contenues dans la devise « Liberté, égalité, fraternité » et de la Marianne qui les incarne, partout où cela s’avère nécessaire, dans les écoles et les lieux publics », bla bla, bla bla. On ne rit pas : liberté, égalité et fraternité sont bien les valeurs de la France sarkozienne...

Le Comité de vigilance face aux usages publics de l’histoire dénonce cette « surenchère qui s’apprête encore une fois à toucher nos écoles ».

Extraits :

(...) on soulignera pour commencer que l’école républicaine depuis Jules Ferry n’a pas échappé miraculeusement au moteur de l’histoire, et que la sociologie des publics scolaires, ainsi que les fondements de ce que l’on nomme communément l’ « identité nationale » n’ont pas non plus vocation à rester figés dans une sorte de glaciation qui en empêcherait toute redéfinition. Suffit-il d’apprendre à un enfant de 7 ans à se lever sur la Marseillaise, à saluer le drapeau, à se courber devant le buste de Marianne et à ressasser mécaniquement l’ « Ave respublica » pour lui fournir les outils de sa socialisation politique ? Dans notre société façonnée par de nombreux héritages culturels, dans nos écoles peuplées d’enfants aux multiples visages, il faut être bien naïfs pour prétendre encore fabriquer de l’adhésion aveugle à une vulgate dont les principes assénés sont quotidiennement bafoués par les instigateurs même de cette réforme. Peu d’écoles en France ont en effet échappé à la logique de rendement du ministère de l’identité nationale qui (re)conduit des enfants vers un « chez eux » dont ils n’ont, pour beaucoup, jamais vu la moindre parcelle de paysage (...).

Si l’une des missions de l’école consiste à tisser de l’appartenance, il serait donc temps d’en finir avec cette vision prométhéenne d’un enseignement fondé sur l’illusion d’un conditionnement opérant de l’allégeance policée à des symboles. Il serait plus urgent et judicieux de travailler à l’acquisition d’une conscience critique préalable à toute citoyenneté véritablement libérée d’un code de bonne conduite identitaire imposé par une politique d’intégration discriminatoire qui ne dit pas son nom. Si tant est que le « communautarisme » existe autrement que comme une simple réaction momentanée à la stigmatisation que subissent régulièrement les « minorités visibles » de notre société ; si tant est que ce « communautarisme » ne soit pas qu’un épouvantail agité par simple volonté de légitimer une politique de crispation nationalo-identitaire, alors son désamorçage devra procéder d’une pédagogie de l’altérité qui viserait à rendre naturelle la co-présence des héritiers de multiples histoires, et non à vouloir naturaliser l’allogène. Osons donc enfin politiser réellement la question de l’école, interroger l’Universel républicain à l’aune du principe de réalité d’aujourd’hui, et faire de cette micro-société le laboratoire d’invention de la citoyenneté de demain (...) »

A lire intégralement sur le site du CVUH.

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Commentaires
J
Tartempion, vous n'avez pas dû tout saisir. Il n'est pas question d'appliquer des méthodes spécialisées à des enfants ordinaires. Il s'agit d 'organiser le temps et l' espace afin que chacun puisse rencontrer l'autre, selon les<br /> opportunités éducatives.<br /> <br /> Pourquoi garder dans sa classe un enfant handicapé lorsqu'on peut lui faire acquérir certaines notions dans une classe ordinaire. C'est un service à la carte pour les enfants différents , mais la carte, elle est classique.<br /> Evidemment, cela nécessite une excellente connaissance des compétences des enfants en difficulté sur des points précis. La difficulté n'est donc pas dans une pédagogie particulière mais bien dans le regard et la connaissance qu'on a de l'enfant.<br /> <br /> Pour ma part, je n'ai jamais utilisé la méthode globale, me contentant d'essayer de déterminer ce qui ne fonctionne pas avec la minorité et d'adapter d'autres méthodes selon les difficultés rencontrées.<br /> <br /> Il n'y a pas de bonne méthode qui fonctionne pour toutes et tous. Il n'y a que la convergence entre un enseignant, des élèves et différentes entrées plus ou moins adaptées aux aptitudes de chacun.<br /> <br /> Fustiger une méthode ou faire l'apologie d'une autre n'est que l'expression d'une méconnaissance de la diversité humaine.
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T
mais pourquoi appliquer des méthodes faites pour les enfants avec handicap aux enfants "standard" ?<br /> <br /> j'oubliai : déjà la méthode globale de lecture était avant tout employée pour apprendre le français à des non-francophones... c'est la spécialité des pédago : utiliser des "techniques de pointe" faites pour des cas particuliers en les généralisant à l'ensemble. Afin que tout le monde, sans doute, devienne soi-même un peu "handicapé" quelque part. Pas une tête qui dépasse ! Raus !
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M
"Chacun trouve sa place au sein des autres."<br /> <br /> C'est du propre! ;-)
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J
Dans le contexte que j'ai décrit précédemment, les mots liberté, fraternité et égalité prennent un sens réel et non alphabétique. Et la notion de nation se vit par l'aptitude à vivre avec les autres sur des valeurs communes.
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J
@Tartempion,<br /> <br /> Ca veut dire tout simplement que des enfants qui se comportent très différemment des autres (autistes, handicapés moteurs, os de verre, handicapés mentaux, enfants en famille d'accueil,..) sont mis dans des conditions d'accueil leur permettant de voir les différences des uns et des autres. <br /> <br /> Mais surtout, ce sont les décloisonnements, les intégrations en fonction des capacités, qui sont mises en avant. Chacun trouve sa place au sein des autres. Autant, au début, de nombreux enfants étaient étonnés et avaient peur, autant maintenant, seuls les nouveaux arrivants le sont.<br /> <br /> Hélas, le raccourcissement du temps scolaire a rendu bien plus compliqué le fonctionnement mis en place.<br /> <br /> Et lorsqu'un enfant est habitué à accepter la différence dès son plus jeune age, quelle soit familiale , physique ou intellectuelle, il a bien moins peur de l'autre plus tard et va plus facilement vers lui. <br /> D'où la réduction à terme de la violence.
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