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Journal d'école
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26 avril 2009

"Vous êtes fonctionnaire !"

La semaine dernière, demi-journée pédagogique organisée par l’IPR sur les nouveaux programmes d’histoire-géo. Il parle. Beaucoup. Des programmes, bien sûr. Des programmes toujours plus lourds. Mais avec « une programmation rigoureuse », ajoute-t-il, il n’y aura pas de problème. Au fil des minutes, néanmoins, les jambes me démangent et l’envie d’intervenir également avec une objection toute bête : mais les élèves, dans tout ça ? Des élèves dont tout prof de terrain sait qu’il est très difficile de les enfermer dans un programme. C’est bien joli de leur enseigner la Pergame hellénistique ou l’Inde des Gupta, maix eux, apprennent-ils ? Et comment apprennent-ils ? Et lorsqu’ils n’apprennent pas, on fait comment, monsieur l’Inspecteur ? Après tout, c’est bien le socle commun qui parle de « donner du sens à la culture scolaire fondamentale en se plaçant du point de vue de l’élève ». Mais que reste-t-il aujourd’hui du socle commun ? Cet après-midi là, il n’est manifestement pas prévu de poser une telle question. D’ailleurs, personne n’a de question à poser. On écoute l’inspecteur, ou on fait semblant, histoire de ne pas déplaire à la prochaine inspection.

En fin d’après-midi, avec la partie du programme sur l’enseignement de la défense, c’est l’incident diplomatique. Je ne peux m’empêcher d’interrompre l’inspecteur (après avoir levé la main, bien sûr...) pour faire part de mon opposition, de mes questions sur un point du programme qui ne respecte ni la neutralité de l’Ecole (pour ceux qui y croient) ni la liberté de conscience des parents, des élèves, des profs (sur Journal d’école, le sujet est développé dans la catégorie Esprit de défense, es-tu là ?). Silence dans l’assistance. C’est le seul moment où la parole aura échappé à l’inspecteur qui s’emporte alors brutalement contre ma modeste personne, fustigeant l’attitude « inadmissible » qui avait été la mienne, lorsque, il y trois ans, j’avais refusé de corriger l’épreuve d’éducation civique au DNB, attitude qui m’avait d’ailleurs valu un avertissement (Journal d’école, 28/06/2006). Et l’inspecteur de répondre à mes interrogations par un cassant et péremptoire : « Vous êtes fonctionnaire ! » Obéissez... J’aurai bien sûr, pu lui répondre qu’il confondait le service public d’éducation avec les caprices du pouvoir politique, les exigences des lobbies disciplinaires ou l’autoritarisme de la haute administration. Mais je n’ai pas le droit de reprendre la parole. Silence assourdissant de la salle. Nous sommes là, une cinquantaine rassemblés, représentant les collèges du département mais il ne se trouve personne pour lever la main, objecter, faire part de son étonnement devant l’indécence de la situation. L’Education nationale n’est pas sortie de sa glaciation.

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