Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Journal d'école
Publicité
Archives
22 mai 2009

L'ère du soupçon

Contraint et forcé par l’agitation médiatique, Darcos a cru bon prendre ses distances avec l’affaire de Floirac. Dans un communiqué, il affirme s’interroger « sur les circonstances de l'interpellation de deux enfants de six et dix ans soupçonnés de vols de vélo » à proximité de leur école. Pourtant, il faut bien comprendre que l’interpellation des deux enfants n’est pas une simple bavure policière, ne résulte pas d’une initiative malheureuse de quelques fonctionnaires trop zélés. Elle s’inscrit dans une politique cohérente, intentionnellement conduite depuis plusieurs années et dont les dernières propositions sur la création d’une police des écoles ou la fouille des élèves apparaissent comme un nouvel avatar. Lorsque les policiers arrêtent un enfant de 6 ans simplement soupçonné de vol, ils ne font que suivre les recommandations du rapport Bénisti, vieux déjà de quatre ans, qui préconisait de pister la délinquance dès la maternelle.  A rappeler, également, les descentes de gendarmes dans les collèges, où, sous couvert de lutte anti-drogue,  de tout jeunes élèves sont plaqués au mur comme des délinquants et surtout considérés comme tels. Ce qui est en cause, au-delà de la scabreuse interpellation de Floirac, c’est, à travers le thème tellement rebattu de la tolérance zéro, la criminalisation non seulement de la moindre déviance mais aussi des comportements quels qu’ils soient. Qu’attendre de la proposition de Darcos d’autoriser les enseignants à fouiller les élèves, ou d’attribuer aux chefs d’établissement des prérogatives de police judiciaire, sinon un surcroît de méfiance, de suspicion, incompatible avec les objectifs de l’éducation ? Le temps de l’éducation est un temps long qui demande de longues années et de patients efforts avant de porter des fruits. En confondant les fonctions policières et les fonctions éducatives, l’école rentre de plain-pied dans l’ère du soupçon. Les conséquences ne se feront pas attendre.

Publicité
Publicité
Commentaires
M
Comment noyer le poisson...
Répondre
L
Comme, avec la disparition de la carte scolaire les élèves français sont également sélectionnés (par l'établissement qui les accepte ou les refuse), La France rejoindrait donc l'Allemagne dans ce qu'elle a de plus mauvais sans en gagner le positif...
Répondre
M
"Il n'a jamais été question de faire l'apologie du système éducatif en Allemagne, juste de faire observer qu'à tous les niveaux, les relations profs/élèves sont d'une autre nature que ce qu'on voit en France"<br /> 1. Ce que vous dites là est valable pour l'essentiel des rapports sociaux en Allemagne, ou, entre autres, le rapport à la loi n'est pas le même qu'en France (et où par ailleurs l'histoire "récente" n'est pas exactement la même, mais ce serait trop long à développer). On peut le déplorer, mais c'est ainsi, et on voit mal comment on pourrait décréter que l'école devrait, dans ce domaine, faire exception à la situation commune, surtout quand on passe son temps à expliquer qu'au contraire, ladite école devrait "s'ouvrir" sur le monde extérieur. Or, les rapports sociaux en général sont plus conflictuels en France qu'outre-Rhin. <br /> 2. N'oublions pas qu'en Allemagne, les élèves, dans leur écrasante majorité, sont SELECTIONNES, et savent donc pourquoi ils sont là. Cela change un peu la donne... (notons, je le rappelle, qu'on incite l'école allemande à s'orienter vers un système "à la française"; on prend les paris que ça aura un effet délétère sur les rapports profs/élèves?)
Répondre
L
Il n'a jamais été question de faire l'apologie du système éducatif en Allemagne, juste de faire observer qu'à tous les niveaux, les relations profs/élèves sont d'une autre nature que ce qu'on voit en France, de dont les Allemands ne sont d'ailleurs pas les seuls à s'étonner. De même, je ne connais pas un seul jeune Français scolarisé à l'étranger (j'avoue qu'il ne s'agit-là que de témoignages individuels) qui regrette le système français.
Répondre
M
Laissons la parole aux "consommateurs d'école"! <br /> Et pour que tout change, dans le meilleur des mondes, on vantera, en Allemagne, la géniale mixité sociale, le prodigieux "vivre ensemble" de l'école française (en prenant pour exemple "Entre les murs", et en minimisant les difficultés -euphémisme- réelles du système). En France, comme ici, on parlera de l'ambiance détendue du collège allemand, en oubliant de préciser qu'elle est généralement précédée d'une sélection drastique, au bout de quatre/cinq ans, des dits collégiens, et qu'on n'y trouve donc quasiment pas (encore: des gens "bien intentionnés", évidemment, y travaillent) de "collège unique". Ah, c'est beau le "regard" (téléguidé) "des élèves au-delà des frontières". Et surtout, ce n'est jaaamais biaisé.
Répondre
Publicité