Après les élections
« Triomphe de Sarkozy...vague bleue...séisme politique », ce sont quelques-unes des formules qu’on a pu lire et entendre un peu partout dans la presse – en particulier dans le grand quotidien de révérence (non, il n’y a pas de faute de frappe) après les Européennes. Les savants commentateurs ont juste omis de signaler aux lecteurs que seul un électeur sur dix avait voté pour le parti présidentiel et que, d’une certaine façon, les élections de dimanche peuvent être considérées pour lui comme un désaveu massif. Un aveuglement qui conduit même les partis politiques qu’on n’ose plus appeler « d’opposition » à s’interdire toute forme d’ « antisarkozysme », autrement dit de critiquer. Un président qui ne se déplace jamais autrement qu’entouré de bataillons de policiers, qui a des amis partout dans les médias, qui nomme directement les responsables de l’audiovisuel public, qui poursuit de simples citoyens devant les tribunaux mais qui prétend aussi délégitimer toute forme de contestation politique. La démocratie est bien mal en point.
Quel rapport avec l’école, dira-t-on ? Puisque Sarkozy, avec ce mélange de vanité et de naïveté qui le caractérise, croit pouvoir affirmer que « les Français - enfin, le Français sur dix - ont manifesté leur soutien à sa politique », on peut redouter par exemple de voir dans les jours qui viennent Darcos conforté à l’Education nationale, alors que depuis le retour du printemps, on commençait, dans les écoles, à rêver de jours meilleurs. Darcos, sans doute le plus zélé des sarkozyens, qui mieux qu’un autre, aura adapté aux questions éducatives les méthodes de son maître, à base de mensonge, d’annonces médiatiques, d’entêtement brutal et de mépris du débat.