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Journal d'école
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28 juin 2009

Enseignants désobéisseurs : la dérive autoritaire de l'Education nationale

Jeudi 9 juillet, Alain  Refalo est convoqué à l’Inspection académique de Haute-Garonne devant la commission administrative paritaire siégeant en formation disciplinaire. Alain Refalo fait partie de ces « enseignants désobéisseurs » entrés en résistance pédagogique contre la politique de Darcos touchant à l’école primaire : programmes rétrogrades, évaluations inutiles et préjudiciables aux apprentissages, désorganisation des rythmes scolaires, mise en place mal ajustée de l’aide personnalisée mais aussi absence totale de concertation qui reflète un profond mépris pour les enseignants considérés comme de simples exécutants. Loin de négliger leur travail, ces derniers n’ont fait qu’appliquer le principe de liberté pédagogique, inscrit dans la loi d’orientation, qui laisse à chacun, dans sa classe, la responsabilité des pratiques les mieux adaptées aux élèves.

Depuis plus d’un an, le ministère alterne pressions, intimidations, lourdes sanctions financières pour tenter de faire plier les récalcitrants. Alain Refalo s’est déjà vu retirer 14 jours de salaire, Bastien Cazals, autre désobéisseur, 36 jours, des retraits sur le bulletin de paye à mettre en regard de la modicité du traitement des enseignants, notamment en primaire.

Depuis plusieurs semaines, la répression s’accentue et dérape lourdement. Dans la lettre recommandée qu’il a reçue de l’Inspection académique, outre le « refus d’obéissance », Alain Refalo se voit reprocher les faits suivants : « Manquement au devoir de réserve, incitation à la désobéissance collective, attaque publique contre un fonctionnaire de l’Education nationale ». Ces accusations dépassent très largement les obligations purement professionnelles d’un enseignant et portent atteinte aux libertés individuelles les plus élémentaires : ainsi, un enseignant n’aurait plus le droit de porter un regard critique sur son administration et, plus généralement, sur la politique éducative d’un gouvernement ? On voit s’approfondir autour de l’école et dans la société une tendance inquiétante au détournement de la loi et des règles administratives pour empêcher toute forme de contestation. Dans une tribune au Café pédagogique, Pierre Frackowiak, inspecteur honoraire, fait observer à juste titre : « Jamais dans l’histoire contemporaine de l’école (depuis 1940), de telles pratiques n’ont été observées ».

En cette veille de vacances – le temps de tous les coups fourrés – les menaces montent d’un cran avec le courrier envoyé par l’Inspecteur d’académie à Bastien Cazals, « lui intimant l'ordre de ne plus communiquer avec aucun media pour tout sujet ayant rapport avec ses fonctions». Si cet extravagant oukaze devait faire jurisprudence, c’est l’ensemble du débat éducatif qui se trouverait réduit au silence et avec lui, l’une des libertés fondamentales, la liberté d’expression, garantie par la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme, tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi ».  Il faut donc croire qu’aujourd’hui, les enseignants ne seraient plus considérés comme des citoyens.

La lettre de l’Inspecteur d’académie à Bastien Cazals est datée du 23 juin, dernier jour de fonction de Darcos à l’Education nationale. Au cours de ces dernières années, l’école – les élèves comme les enseignants – a fait l’objet d’une entreprise de brutalisation dont les limites sont poussées toujours plus loin. Si le nouveau ministre de l’Education souhaite réellement, comme il l’affirme, établir sur de nouvelles bases les relations avec le personnel dont il a la charge, il a tout le pouvoir de faire cesser les poursuites et les persécutions contre des enseignants honnêtes et compétents qui ont le seul tort de privilégier l’intérêt des élèves à la soumission aux circulaires administratives. Le climat de la rentrée ne s’en trouverait que moins pesant.

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Commentaires
O
Luc Chatel inflexible avec les enseignants «désobéisseurs»<br /> Samuel Potier (lefigaro.fr)<br /> 08/07/2009 <br /> <br /> Extrait<br /> <br /> Luc Chatel ne se prive pas de leur donner une leçon de civisme. «La désobéissance, ça me paraît assez peu compatible avec ce qu'est le métier d'enseignant. Un enseignant, il doit faire obéir ses élèves, il incarne l'autorité. Donc, il y aurait un véritable paradoxe que lui-même ne s'applique pas ses propres règles», note le patron de la rue de Grenelle.<br /> <br /> Bientôt le téléphone de Meirieu va sonner : "Salut c'est Luc, on a beaucoup apprécié tes idées et comme Allègre n'est pas trop dispo, que penserais-tu d'une mission de blablabla etc" :)
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R
La différence fondamentale entre Brigelli et Mérieu, c'est que si Brighelli prône le rerour à une certaine norme sociale, elle reste extérieure aux individus. Son but est juste d'obtenir le calme dans la classe.<br /> <br /> En revanche, avec Mérieu, c'est l'intériorisation de la norme sociale.
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M
"De toutes façons, Mérieu défend tout et le contraire de tout. Multiforme, caméléon, il s'adapte à tout."<br /> <br /> Certes, mais sans jamais, au fond, dévier de ce qui le rend si précieux à droite (si, si!) comme à gauche: l'idée de la caporalisation du métier d'enseignant.
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R
De toutes façons, Mérieu défend tout et le contraire de tout. Multiforme, caméléon, il s'adapte à tout.<br /> <br /> On peut donc lui faire dire à peu près tout. Même Brighelli, en prenant des extraits choisis, y trouverait son compte.
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O
N'empêche que le "D'autant que les enseignants ont pour fonction symbolique de faire obéir leurs propres élèves." doit carrément vous faire plaisir, Lubin, n'est-ce pas ? Fonction symbolique de la cravache ! C'est votre truc ça :)<br /> <br /> Tout ceci est dérisoire.
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