Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Journal d'école
Publicité
Archives
1 septembre 2009

L'"excellence" scolaire selon Sarkozy

En cette veille de rentrée, la presse ne bruit que de cela. Un « internat d’excellence » conforme aux vœux de Sarkozy vient donc d’ouvrir ses portes à Sourdun (Seine-et-Marne) pour accueillir 128 élèves, exclusivement recrutés parmi les élèves « méritants » des milieux « défavorisés ». Ils sont tous curieusement issus de l’académie de Créteil, la seule, sans doute en France, à scolariser des élèves méritants issus de milieux défavorisés.

Devant les nombreux journalistes convoqués pour la circonstance, le recteur d’académie, émerveillé, ne tarit pas d’éloge : il s’agirait-là, affirme-t-il de la concrétisation d’une « utopie éducative ». En quoi s’agit-il d’un établissement d’excellence ? On ne sait, au juste, puisque les programmes et l’enseignement seront ceux de l’Education nationale. Une certitude, néanmoins : les bonnes fées se sont penchées sur son berceau, généreusement doté par son ministère de tutelle. On apprend en effet que 40 adultes parmi lesquels 16 professeurs sont présents pour encadrer les 128 élèves ce qui donne un taux d’encadrement d’un adulte pour 3 internes ou encore d’un professeur pour 8 élèves. Un encadrement qui fera sans doute rêver les quelque 800 000 autres enseignants confrontés à une troisième année consécutive de suppression de postes, et par corollaire à des classes de plus en plus chargées. Une première tranche de crédit d’1,5 million d’euros a été débloquée, en attendant la suite. Il faut dire que, pour financer les activités des élèves, on n’a pas lésiné sur les moyens : une classe ira  à Pondichéry, une autre à Londres, une troisième travaillera avec l’Opéra de Paris. Le soir, les élèves vaqueront à de plus modestes occupations , comme l’équitation ou l’horticulture. Les chefs d’établissement, les profs et les parents qui, partout ailleurs doivent racler les fonds de tiroir pour financer leurs projets éducatifs apprécieront à leur juste valeur les faveurs accordées à l’internat de Sourdun par le seul fait du prince.

« Avec ces moyens sans commune mesure avec un collège lambda, on peut réaliser énormément de projets », explique ingénuement une enseignante. On n’aura pas l’insolence de demander comment il se fait que dans la France républicaine, un établissement se voit ainsi royalement privilégié au détriment de tous les autres ni sur quelle légitimité se fonde cette étonnante distinction entre élèves « méritants » et tous les autres qui, nécessairement, auraient démérité.

 Si l’on se réjouit pour les heureux élus, on voit bien que l’ouverture de cet internat s’inscrit avant tout dans une campagne de communication médiatique typiquement sarkozyenne. Dans un contexte de paupérisation de l’école, ces largesses distribuées à une structure dont la pertinence n’est pas démontrée, ne peuvent masquer l’abandon d’un véritable projet éducatif pour le plus grand nombre.

 

 

 

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
D
@ Meles : C'est exactement ça. Samuel court après la modernité sans s'apercevoir qu'elle l'a déjà ringardisé. Me fait penser à ces parents d'adolescents qui veulent copiner avec les amis de leur progéniture. Aux yeux de qui ils sont évidemment d'insupportables em*erdeurs.<br /> <br /> @ Samuel : Votre discours, c'est celui de Marinetti dans les années 20. Vous avez raison : savoir user de Google est plus beau et utile que de connaître le latin, et la Victoire de Samothrace c'est du pipi de chat à côté de… allez, Hiroshima (/anachronie inside).<br /> Votre société qui évolue, c'est sûrement très bien, mais le dernier événement rassemblant plusieurs centaines de milliers de personnes qui a eu lieu à Paris fut écourté à cause de scènes de pillage et de lynchage. Alors ils savent sûrement se servir de Google mais en attendant la seule loi qu'ils connaissent c'est celle du plus fort. vous auriez dû leur apprendre autre chose.
Répondre
M
"les jeux dans la nature ont été remplacés par la télévision (dont il faut bien apprendre à décrypter les messages, tandis qu'il est devenu moins utile d'apprendre à repérer des tas de bestioles qu'on rencontre assez rarement aux alentours de Clichy)"<br /> La télévision? Alors que désormais c'est internet qui est la référence? Quelle réflexion de has been... Le problème, quand on fait l'apologie permanente de la modernité envers et contre tout, c'est qu'on peut, comme ici, se retrouver très vite dépassé par la réalité.<br /> Mais puisqu'on parle de télévision: je rappelle que Patrick Le Lay, celui du "temps de cerveau disponible", le vendeur d'émissions bien abrutissantes, chez lui, ne regarde pas la télé, mais lit, dans le texte... classiques grecs et latins. Il est vrai que les Puissants d'aujourd'hui laissent au menu fretin, et aux pédagogistes, les débats oiseux sur les "savoirs utiles". "Utiles" à quoi, d'ailleurs: à être un bon consommateur bien dressé? La "gauche", ici, a de ces contradictions...
Répondre
S
Pourquoi les jeunes d'aujourd'hui ne pourraient pas apprendre les mêmes choses qu'il y a un siècle ? Ce n'est pas qu'ils ne pourraient pas : c'est que ça n'aurait rigoureusement aucun intérêt dans le monde d'aujourd'hui.<br /> <br /> Que vous le vouliez ou non, nous ne sommes pas il y a un siècle. Nous ne sommes même pas il y a 30 ans. En fait on n'est même pas hier : on est aujourd'hui. Je sais, ça fait un peu lapalissade de le dire, et pourtant, vous avez l'air d'avoir du mal avec ce simple concept : Le temps passe et les temps changent. <br /> <br /> La société évolue, ses besoins aussi. L'industrie a quasiment disparu sous l'effet de la mondialisation et s'il peut y avoir une voie autre que de pleurer sur nos pertes d'emploi, c'est dans le tertiaire. <br /> Les guerres ont laissé la place à des constructions diplomatiques et politiques internationales de plus en plus complexes.<br /> La vie aux champs a été remplacé par une vie dans la ville, les jeux dans la nature ont été remplacés par la télévision (dont il faut bien apprendre à décrypter les messages, tandis qu'il est devenu moins utile d'apprendre à repérer des tas de bestioles qu'on rencontre assez rarement aux alentours de Clichy)...<br /> Google est entré dans les moeurs de chacun et il est devenu plus efficace de savoir chercher dedans plutôt que de prétendre tenter de retenir un milliardième des informations que nous donne instantanément la moindre requête sur ce moteur...<br /> <br /> <br /> Bref, les savoirs utiles d'hier ne sont pas les savoirs utiles d'aujourd'hui. Du coup, les apprentissages sont bien obligés d'évoluer. Et il est vrai qu'ils ne font pas appel exactement aux mêmes cognitions et que l'impact de l'environnement n'est pas forcément strictement le même.<br /> <br /> <br /> Nous sommes au XXIème siècle et vous ne pourrez rien y changer.
Répondre
S
Bonjour,<br /> <br /> Je suis Sarah Jacquet,de l'agence la Netscouade, et suis chargée par France 5 Éducation (curiosphere.tv et lesite.tv) de faire connaître la "Journée de l'échec scolaire" auprès de la blogosphère spécialisée Education/Pédagogie dont vous faites partie!<br /> <br /> Initiée en 2008 par l’Afev, la Journée du Refus de l’Echec Scolaire aura lieu, cette année, le 23 septembre. Cette Journée a pour objectif de valoriser les initiatives que les enseignants, parents, institutions et associations trouvent, au quotidien, pour que les enfants et les jeunes trouvent leur place à l’école. Ce rendez-vous vise aussi à créer de nouvelles dynamiques, afin que la lutte contre l’échec scolaire trouve une place centrale dans les politiques publiques d’éducation. (Plus de renseignements en fin de mail).<br /> <br /> Au delà de cette Journée importante que nous pouvons vous présenter plus en détail si vous êtes intéressé(e), France 5 Éducation aimerait instaurer avec vous un dialogue sur la durée. Par exemple : nous travaillons actuellement à un blog de ressources sur l'échec scolaire, que nous lancerons officiellement très bientôt, et serions ravis d'échanger avec vous sur l'échec scolaire et les pistes pour en sortir. Mais nous avons encore beaucoup d'autres projets...<br /> <br /> N'hésitez pas à me répondre par retour de mail, et me dire si vous êtes intéressé(e) par un échange au long cours!<br /> <br /> A bientôt!<br /> <br /> Sarah Jacquet
Répondre
J
Vos arguments sont ceux du rectorat et sont recevables mais c'est réellement la première fois que le problème se pose dans le lycée. Compte-tenu du secteur, il ne s'agit absolument pas d'un établissement ghetto, donc ce n'est pas la raison dse "manques"(réponse à "Tartempion"). Il faut être lucide ! Nous sommes quand même de moins en moins à enseigner dans des classes de plus en plus nombreuses... En revanche :<br /> Lycée Pasteur, à Neuilly-sur-Seine : les enseignements "rares" (hébreu, chinois) ne risquent rien, même s'il n'y a que 5 ou 6 élèves par classe. Mais dans les lycées ordinaires (et pas en ZEP), le latin et l'allemand sont menacés (il n'a "que" 18 élèves par classe).
Répondre
Publicité