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Journal d'école
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11 novembre 2009

Le Bescherelle, nouveau symbole identitaire

Avec Bentolilla, le concept d’identité nationale compte un fervent défenseur. Dans une tribune au Monde, l’ancienne éminence grise de Darcos, co-responsable avec Brighelli des programmes de primaire et adepte des fameuses « leçons de mots » pour les élèves de maternelle, pourfend le « particularisme identitaire » qui sape les fondements de notre beau pays. Derrière la formule, chacun aura reconnu la bête noire, la phobie du linguiste : les jeunes de banlieue qui croupissent dans un « petit périmètre de communication » qu’on a eu l’insigne faiblesse de leur concéder. Par leur faute, la France risque de devenir « un conglomérat de groupes imperméables les uns aux autres, prêts à tous les affrontements, à toutes les violences ». On en frémit à l’avance.

Comme tous les tenants de l’identité nationale, Bentolilla se révèle incapable d’imaginer d’autres facteurs de désintégration de la société que l’opposition de classes d’âge ou de couleur de peau qui s’extériorisent, de temps en temps, en violences urbaines largement médiatisées. Mais que la société soit mise à mal par le chômage ou des conditions de travail toujours plus précaires, que le déclassement social soit également à l’œuvre chez les petits retraités ou en milieu rural, cela n’émeut pas particulièrement notre distingué universitaire. L’identité nationale a principalement pour fonction d’occulter les intérêts de classe au profit d’une unanimité de façade. Pauvres, chômeurs, intérimaires, caissières de supermarchés, suicidés de France Télécom, banquiers, grands patrons ne sont-ils pas Français d’abord ?

Pour Bentolila, la société ne sera sauvée que par l’orthographe et le plus-que-parfait du subjonctif. Sa péroraison vaut son pesant de tartuferie : « Etre capable de vigilance et de résistance contre toutes les utilisations perverses du langage (...), voilà ce qui fonde notre unité nationale, voilà ce qui fait que nous sommes citoyens d’une république laïque et fraternelle. » République laïque et fraternelle ? Derrière la vacuité de la leçon de mots, un bien réel projet politique, à base de conservatisme social et de brutalité xénophobe.

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