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Journal d'école
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28 novembre 2009

"Français d'abord", est-ce si sûr ?

Le sondage TNS Sofres pour la Croix (17-18 novembre 2009) nuance sérieusement, voire contredit l’idée selon laquelle l’identité nationale irait de soi, ne souffrirait aucune réserve. Si 68% des sondés affirment se sentir avant tout Français, ils ne sont plus que 38% à faire le même choix lorsque la question leur offre plusieurs réponses possibles. Dans ce cas, 21% se sentent d’abord habitants de leur ville, 14% habitants de leur quartier et même 11% citoyens du monde. Chiffres, qui, dans le contexte actuel, ne manquent pas d’intérêt, démentant l’unanimisme habituellement opposé aux détracteurs de l’idée nationale.

« De manière générale, qu’est-ce qui, selon vous, rapproche le plus les gens entre eux ? », à cette question pertinente, parce que constitutive de l’identité collective, seuls 10% répondent que c’est la nationalité contre 41% le milieu social. Un sondage qui renvoie dans les cordes la désormais célèbre circulaire Besson aux préfets et ses questions exprimant comme des évidences ce qui n’est que le choix personnel du ministre. « Pourquoi nous sentons-nous proches des autres Français même sans les connaître ? » demande Besson. Alors que la question est tournée de telle sorte qu’on ne puisse rien lui opposer, 41% montrent qu’ils ne sont pas dupes : privilégier l’identité nationale à l’identité sociale permet de donner le change, de tenter d’étouffer le sentiment d’injustice et les contestations qui en résultent. Le débat Besson est un moyen comme un autre (avec la grippe A...) de passer sous silence les chiffres toujours plus mauvais du chômage ou des déficits sociaux.

Bien sûr, il ne s’agit pas d’attribuer à cette enquête plus de valeur que n’en méritent habituellement les sondages mais il faut bien considérer que, de leur côté, les zélateurs de l’identité nationale n’ont le plus souvent pas grand chose d’autre à proposer qu’un argumentaire qui relève de l'irrationnel ou de la foi révélée plus que de la raison.

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Commentaires
T
comme personne ne regrettera notre époque, si imbue d'elle meme, avec ses blogueurs si branchouille, si citoyens du monde, si convaincus d'être l'aboutissement du progressisme après des siècles d'obscurantisme.<br /> <br /> Lubin est assis dans son fauteuil tourné dans le sens du vent de l'histoire. C'est bien. Il laissera aussi peu de traces que les Anciens qu'il fustige à longueur de texte.
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L
"Il y a 2000 ans, la France s'appelait la Gaule..." Tout faux, il y a 2000 ans, la France n'existait pas, la Gaule non plus d'ailleurs.<br /> Sur le fond, on ne peut s'empêcher de penser que les petits écoliers de 1924, 16 ans plus tard, se jetteront par millions dans les bras d'un vieux maréchal. Le patriotisme ça mène surtout à cela. <br /> Je ne crois pas qu'il existe beaucoup de monde pour regretter cette période de l'histoire.
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S
Jean Ferniot<br /> C'était ma France<br /> <br /> Grand journaliste, Jean Ferniot a une œuvre importante de romancier, de nouvelliste, d'essayiste.<br /> <br /> 1921-1925<br /> Mère patrie<br /> <br /> 924. 1er octobre. Rentrée des classes. J'ai six ans et j'entre à la " grande école ". Intimidés, certains larmoyants, d'autres aguerris (comme moi) par un passage en " maternelle ", nous nous alignons, en rangs par deux, dans la cour, sous l'œil sévère d'un personnage dont la tête est posée sur un faux col amidonné. C'est Monsieur le Directeur : sur son nez oscille un lorgnon.<br /> Nous sommes, pour la plupart, en tablier noir ; nos mères savent que les taches d'encre y passent inaperçues. Beaucoup d'entre nous sont chaussés de galoches, à mi-chemin des chaussures et des sabots : les semelles de bois font un tel vacarme que l'homme à lorgnon crie :<br /> " Ne traînez pas les pieds ! "<br /> Invités à entrer en classe, cartable au dos, ou en bandoulière, devant notre " maître ", en blouse grise, qui examine nos mains et nos cheveux. L'examen, ce matin, le satisfait : ni ongles en deuil, ni tête habitée. Ce cérémonial se déroule le même jour, à la même heure, dans toutes les écoles primaires de France.<br /> Le maître nous fait lever, donner notre nom, indiquer la profession de notre père (la maman n'en a pas, elle s'occupe du foyer). Puis, après un silence chargé de solennité, il montre le tableau noir :<br /> " La plupart d'entre vous ne savent pas encore lire. Regardez bien pourtant ce que j'ai écrit à la craie. Retenez ces lettres, ces mots, cette phrase, et répétez après moi :<br /> " La... France... Notre... Patrie. "<br /> Nous ne savons pas ce que signifie patrie, mais cette sorte de cérémonie nous frappe. Jamais je n'oublierai ce moment. Ainsi à l'école, avant même de connaître l'alphabet, de remplir des pages entières de bâtons et d'additionner deux et deux, nous, les écoliers de 1924, apprenons le patriotisme. Ainsi fait-on des citoyens.<br /> Un peu plus tard, le maître demandera à chacun d'apprendre, dans sa famille, la Marseillaise. Et nous chanterons en chœur l'hymne national. Au premier couplet, que notre père s'est chargé de nous enseigner, et dont le sens nous échappe, mais qu'importe, le maître en ajoute deux : " Nous entrerons dans la carrière " et " Amour sacré de la patrie ". Cela non plus, je ne l'oublierai pas.<br /> Tout au long des classes primaires, les petits enfants sont ainsi élevés dans un fervent amour de la France. Il est vrai que la guerre n'a pris fin que six ans plus tôt, six ans seulement que l'Alsace et la Moselle sont redevenues françaises.<br /> <br /> Nous apprenons, pendant les années passées à " la communale ", que la France a un autre nom : la République. Ce personnage révéré est représenté dans le préau de l'école par le buste d'une dame bien en chair. Mon père l'appelle Marianne.<br /> France et République méritent un égal amour. Nous pourrions presque nous passer des cours d'instruction civique, tant l'enseignement en son entier a la même orientation.<br /> " Il y a deux mille ans, la France s'appelait la Gaule. "<br /> Ainsi commence la longue épopée, sous les lumières de Jules Michelet et d'Ernest Lavisse, qui nous sera contée d'année en année, et qui culminera en 1789.<br /> Clichés, anecdotes, portraits sommaires, dont rient les malins, les beaux esprits, c'est grâce à tout cela que les enfants que nous sommes acquièrent quelques connaissances. Comment peut-on aimer sa patrie sans savoir son histoire ?<br /> Très vite les images s'incrustent dans notre mémoire : Vercingétorix jette ses armes aux pieds de César ; Clovis brise d'un coup de francisque le vase de Soissons ; Charlemagne visite une école ; Saint-Louis rend la justice sous un chêne ; Jeanne d'Arc meurt à Rouen sur un bûcher ; Louis XI regarde l'ennemi qu'il a mis en cage ; Henri IV montre son panache blanc ; Colbert se frotte les mains en se mettant au travail ; Louis XIV se promène dans le parc de Versailles ; Mirabeau s'écrie, la main sur le cœur : " Nous sommes ici par la volonté du peuple... " ; les patriotes prennent la Bastille ; Bonaparte franchit le pont d'Arcole ; Gambetta part en ballon, en 1870, pour essayer de continuer la guerre...<br /> Aux images s'ajoutent les " mots ", véridiques ou apocryphes :<br /> " Qu'ils mangent de la brioche... L'Etat, c'est moi... Du haut de ces pyramides, quarante siècles vous contemplent... De l'audace, encore de l'audace, toujours de l'audace... Madame, tout est perdu, fors l'honneur... Boutez les Anglais hors de France !... "<br /> Si manichéenne que soit l'inspiration de nos maîtres, certains événements les contraignent de respecter un certain équilibre : on oublie les " voix " de Jeanne d'Arc pour glorifier son épée ; le sinistre Richelieu des Trois mousquetaires s'efface devant l'adversaire de la Maison d'Autriche ; on célèbre Bonaparte plus que Napoléon, à l'exemple de la Ville de Paris, qui a donné une rue au premier, pas au second ; on s'efforce de ne pas choisir entre Thiers et la Commune.<br /> <br /> Dans leur apologie de la République, les instituteurs reçoivent un sérieux soutien de Victor Hugo : après les fables de La Fontaine, ce sont ses poèmes qu'on apprend le plus souvent par cœur. Je peux, aujourd'hui encore, en réciter une grande quantité, depuis Jeanne au pain sec dans le cabinet noir jusqu'à ceux qui pieusement sont morts pour la patrie, en passant par mon père, ce héros au sourire si doux, cette faucille d'or dans le champ des étoiles, l'œil était dans la tombe et Waterloo morne plaine...<br /> En 1924, les " hussards noirs de la République " ont cessé de tirer à boulets rouges sur une Eglise qui, de son côté, ne donnait plus guère de coups de crosse sur une école qu'on ne qualifiait plus " du diable " que dans quelques campagnes reculées. Aussi les Croisades et la Saint-Barthélemy étaient-elles les seules pièces du dossier de l'accusation. On évitait, en revanche, de condamner l'apostolat des missionnaires, considérés associés des instituteurs et des militaires dans l'œuvre civilisatrice de la colonisation.<br /> L'Empire français ! Avec quel lyrisme nos maîtres ne le célèbrent-ils pas ! Il est ici, sous nos yeux, l'Empire, par les taches roses éparpillées sur la carte murale. La France est présente sur tous les continents. Les " indigènes " nous sont d'ailleurs si reconnaissants qu'ils sont venus, enthousiastes, se faire tuer à Verdun et au Chemin des Dames. Nous pouvons dire avec fierté, nous les petits Français, comme Charles Quint, que sur notre Empire le soleil ne se couche jamais.<br /> La France républicaine a gagné la guerre et a tout lieu d'en être fière, elle qui fut avec la Suisse (mais qui s'intéresse à la Suisse ?) jusqu'en 1918, le seul pays d'Europe qui ne fut pas une monarchie. Auprès du Tsar, du Kaiser, de l'Empereur d'Autriche, du Sultan de Constantinople, des rois d'Angleterre, d'Espagne, d'Italie, et des monarques des glaces, là-haut en Scandinavie, la France avait à sa tête, égal de tous ces personnages chamarrés et souvent plus respecté qu'eux, un monsieur portant haut-de-forme, jaquette, pantalon en tire-bouchon, qui changeait tous les sept ans.<br /> On peut dire qu'après nos parents, et dans l'ordre de la considération, fréquemment avant eux, le maître joue un rôle primordial dans notre vie. Il exerce son autorité et dispense ses connaissances appuyé sur une pédagogie inspirée de la doctrine bien connue de la carotte et du bâton. Toute incartade appelle la taloche, le mérite procure en fin de semaine un " témoignage de satisfaction ", petit diplôme signé du directeur. Chaque mois sont distribués les " tableaux d'honneur ", document vivement désiré.<br /> Jamais nos parents ne désavoueraient nos maîtres : dans ce combat du pot de terre contre le pot de fer, mieux vaut présenter le dos rond. Un orage suffit. Celui d'entre nous qui commet l'aberration de se plaindre à son père d'avoir reçu une gifle en récolte sur-le-champ une deuxième. Mais quiconque parmi nous peine devant ses tâches scolaires reçoit l'aide bienveillante, désintéressée, du maître. Et je me rappelle, à la fin de mes classes primaires, après ce certificat d'études, premier examen de notre vie, qui fait la fierté des familles, la bataille livrée par notre instituteur au père d'un écolier doué, pour que celui-ci soit inscrit au lycée plutôt que le faire entrer en apprentissage. Le maître dit :<br /> " Un bon maçon vaut mieux qu'un mauvais employé de bureau. Mais votre fils peut devenir mieux qu'un maçon, et mieux qu'un employé. La République, c'est l'égalité, mais devant le mérite. "<br /> Il dit aussi :<br /> " J'ai toujours regretté de n'avoir pas étudié le latin. On me disait : c'est inutile. Mais parmi les choses que j'ai comprises, dans mon métier, c'est à quel point peut être nécessaire ce qui est inutile. "<br /> Formés dans les écoles normales d'instituteurs, nos maîtres ont pour la langue française une aussi ardente passion que pour la patrie. Orthographe et syntaxe sont les deux mamelles de leur enseignement. En ai-je reçu, des beignes, à propos de l'accord des participes ! Et de la distinction entre épithète et attribut ! Ce respect de la langue, de la chose écrite, s'étendait à la calligraphie. Aidés de nos plumes sergent-major, nous peinions dans le tracé des pleins et des déliés.<br /> Plus tard, au cours de notre vie, nul doute que ce travail de moine, nous l'aurons oublié. Du moins garderons-nous l'habitude d'écrire lisiblement. Nul besoin de consulter le pharmacien pour qu'il déchiffre l'ordonnance.<br /> Ah ! Le doigt du maître ! Il se lève pour attirer notre attention, prononcer une sentence. Et aussi sec, pour faire sauter le béret de notre tête quand, passant devant lui, nous oublions de nous découvrir.
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L
Les sondages étant par principes anonymes (celui évoqué ci-dessus est paru dans la Croix, pas dans le Monde), on ne voit pas ce qui permet d'affirmer que ceux qui s'affichent citoyens du monde seraient des bobos.<br /> Etre ouvrier est d'abord et uniquement une catégorie socio-professionnelle, qui ne recouvre aucune qualité particulière, pas davantage que les plombiers, les boulangers, les médecin, les vendeuses ou les profs. Il existe des ouvriers aussi bêtes que des profs...
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T
moi je veux bien, mais parmi les bobo blogueurs du Monde.fr qui se disent "citoyens du monde", ils sont plutôt bac + 5 qu'ouvrier.<br /> <br /> Les ouvriers, eux, ont plus tendance à se dire basque, breton, algérien, stéphanois ou picard que le genre d'élites déracinées qui pensent que le social prime sur l'identitaire.<br /> <br /> mais bon
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