La prison et après ?
14 mois de prison, dont 6 avec sursis, incarcération à l’audience (Ouest France, 01/02/2010). La principale du collège avait porté plainte contre un père de famille qui l’avait agressée suite à une sanction prononcée contre son fils de 12 ans. Ce dernier avait levé la main sur une de ses profs. Un élève connu pour ses difficultés scolaires, un père divorcé, dont on soupçonne, à travers les articles de presse, la souffrance. Une justice qui passe, bête et brutale. Une principale dont on se demande comment elle pourra encore regarder en face ce jeune élève. Huit mois de prison ferme, donc, dans les sordides prisons françaises et après ? Un homme qui va perdre son travail, un gamin déboussolé, c’est sans doute comme cela qu’on va lui redonner le goût d’apprendre et le sens du respect d’autrui ? Si le geste du père n’est pas excusable, comment accepter une sanction aussi démesurée, sans rapport avec la gravité du fait incriminé ? On se demande bien à quel titre les enseignants et leur administration pourraient se prévaloir d’une sorte d’intouchabilité qui ferait considérer comme un délit toute atteinte à leur personne. La « sanctuarisation » de l’école a pour corollaire la diabolisation de l’élève mais c’est se fourvoyer lourdement que d’espérer réduire ainsi le phénomène des violences scolaires. La brutalité de la répression, par l’incompréhension et le sentiment d’injustice qu’elle engendre ne feront guère que les activer. La prison est aussi une forme de violence, peut-être la pire de toutes car elle se donne bonne conscience.
A Meaux, c’est un enfant de 11 ans que la police est venue cueillir à l’école suite à une plainte de son instit ; ce dernier avait, paraît-il, reçu un coup dans la poitrine qui lui a valu un jour d’ITT. On mesure là toute la violence de ce gibier de potence. Même si l’on peut comprendre de leur part certaines réactions épidermiques, les enseignants auraient tort de se croire protégés par un pouvoir politique qui, par paresse intellectuelle, par opportunisme ou par conviction idéologique, trouve dans la punition, toujours plus démesurée, la seule réponse aux débordements des élèves (Vousnousils, 03/02/2010).
A Vitry, une bagarre à l’intérieur d’un lycée a donné lieu à une récupération assez sordide de la part de Pécresse qui tombe à nouveau dans une impudeur qui est décidément sa marque de fabrique. Un incident qui, selon elle, ne se serait jamais produit si le conseil régional à majorité socialiste avait bien voulu « sanctuariser » l’établissement par un portique de détection. Dans le contexte de la campagne pour les élections régionales, chacun appréciera à sa juste valeur la pertinence des préoccupations éducatives de la ministre.
Chatel, quant à lui, a cru bon aujourd’hui d’interdire la projection d’un film, « Le baiser de la lune », court-métrage sur l’homosexualité, à destination des CM1/CM2. En pliant devant les récriminations du lobby homophobe et des traditionalistes de tous poils, il s’est sans doute montré davantage préoccupé de l’agenda électoral que de l’intérêt bien pensé des enfants.
PS - Merci à Théo pour ses interventions du jour dans Journal d’école. Il est bien vrai que les commentaires se font rares par les temps qui courent, pour des raisons qui m’échappent un peu. Mon blog lasse peut-être, mais c’est ainsi.